Voici l’un des noms qui monte parmi les groupes actuels de rock français (rock au sens large). Les parisiens de Cosse, formé il y a tout juste quelques années et composé de Nils (chant, guitare), Lola (basse, chant), Felipe (guitare) et Tim (batterie) ont sorti un premier mini album cinq titres (mais plus de 25 minutes) en 2020 « Nothing belongs to anything . » Et avec un premier « vrai » album prévu pour très bientôt.

Du post-rock assez traditionnel qui n’est certes pas mon style musical préféré mais dont on décèle un fort potentiel.

Le mini album a d’ailleurs une histoire assez originale puisque le groupe est initialement parti aux Pays-Bas avec l’idée enregistrer quelques titres mais sans forcément penser à sortir ces morceaux en disques… Puis le mixage a été fait en Colombie. Autre petite originalité le groupe propose l’album en version package comprenant à la fois une version vinyle et une version CD.

« Nothing belongs to anything » sonne pour moi, pas franchement spécialiste en la matière, comme du post-rock assez classique qui tend parfois vers le noise rock, parfois davantage vers l’expérimental. J’ai lu que Cosse pouvait être présenté comme un mix de Slint et Sonic youth. Oui pourquoi pas, ça se tient parfaitement même si je ne suis pas un grand fan de Slint ! Comme tout post rock qui se respecte cela reste par nature assez cérébral, avec son côté parfois déstructuré par rapport au rock plus standard (encore que Cosse ne pratique pas la déstructuration à tout va comme d’autres groupes du même style) et son lot de contre-pieds permanents. De fait le disque nécessite plusieurs écoutes avant de bien appréhender toutes les subtilités musicales et toutes les atmosphères. L’univers de l’album est forcément hors des sentiers battus du rock traditionnel et c’est très bien ainsi. S’il faut des groupes « conservateurs » qui entretiennent une certaine tradition du rock, il faut aussi des groupes plus expérimentaux et avant gardistes cherchant à explorer de nouvelles voies.

Cinq titres pour environ vingt cinq minutes donc avec un bon équilibre entre passages calmes et passages plus nerveux. Le tout s’emboîte avec cohérence et garde une ambiance toujours sous tension.

Sur « Pin skin » j’ai l’impression d’entendre clairement quelques influences un peu jazz et d’autres plus planantes.

L’album monte progressivement en puissance et mes deux morceaux préférés sont ceux qui clôturent le disque. L’excellent « Seppaku » , instrumental qui explore tous les recoins et facettes du post-rock alors que sur « The ground » qui finit le disque en apothéose la voix de Nils est plus bavarde (chant parfois brièvement rejoint par Lola la bassiste sur deux ou trois morceaux). Le post-rock ne serait-il pas en quelque sorte ce que le free jazz est au jazz ou ce que la musique contemporaine est à la musique classique ?

Un premier album prometteur en attendant prochainement le second et en rappelant (enfin c’est mon avis) que le tout est bonifié sur scène.

Et pour quelqu’un comme moi qui ne suis pas un grand fan de post-rock (avec évidemment des exceptions) on peut dire que Cosse m’a toutefois en partie convaincu.


Bonus : Compte rendu du concert du Trianon / Paris le 20 mai 2022.


Mais ce qui a accéléré mon intérêt pour le groupe c’est leur prestation courant mai 2022 en concert au Trianon de Paris où Cosse est en effet passée avec deux autres formations françaises dont on parle de plus en plus également (Johnny Mafia et We hate you please die) et m’a fait une bonne impression.

Autant sur disque Cosse pratique un bon post-rock, ou tout est parfaitement en place, mais qui malgré sa valeur n’arrive pas toujours à m’ émouvoir ni à me transcender totalement, autant sur scène la formation fait preuve d’une efficacité démultipliée. Si ça reste du post-rock classique, le groupe sait alterner le côté intimiste / minimaliste avec le côté plus énervé, mélange qui est la quintessence même de ce style musical, bonifiant ainsi les chansons qui prennent en public une autre dimension. Tout est parfaitement rôdé, très pro. En plus le son est excellent. Si Cosse joue essentiellement des morceaux de son mini album on a droit à deux nouveaux titres du prochain disque qui sortira à l’automne, dont le très bon « Evening » le single déjà disponible depuis quelques semaines. Et dont le clip est absolument magnifique.

50 minutes de bonne qualité, une prestation encourageante. On sent que le quatuor est ravi d’être là, juste dommage que la salle soit encore peu remplie. A suivre donc et j’avoue que j’attends l’album avec une certaine impatience, alors qu’entre temps Cosse s’est produit sur une des nombreuses scènes du Hellfest très élargi en cette année 2022.

PS : à noter que Lola, la bassiste, joue également avec Pogo Car Crash Control dans un genre de rock très différent.


Article initialement paru dans le webzine Rock Alive

https://lennon62.wordpress.com/2022/08/11/cosse-nothing-belongs-to-anything-2020/


Seppuku

https://www.youtube.com/watch?v=eb_cNDH3NiI

The Ground (version "live" au Trianon-mai 2022)

https://www.youtube.com/watch?v=w0864JSY8uA

clip de "Evening" (morceau à paraître sur le prochain album)

https://www.youtube.com/watch?v=1D_ttpTF7Us


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le 22 août 2022

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nico94

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