Les meilleurs films de 2022 selon Véreux

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C'est une très troublante histoire d'amour, un film qui regorge de délicatesse et de scènes étonnantes, et qui doit beaucoup à l'intelligence d'observation dont fait preuve Mouret. On ne croit pas à tout (de quoi peuvent bien vivre ces gens qui ne bossent jamais mais résident dans des appartements magnifiques ?), et il faudrait trancher ces cinq dernières secondes (quel dommage), mais pour le reste, c'est une petite bénédiction.

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La magnifique surprise du début d'année s'appelait Petite Nature, et était paradoxalement la plus belle publicité de la ville de Forbach, et le document qui donnait le moins envie au monde de s'y rendre.

Réalisme social jamais moralisateur, observation des personnages et de leur caractère au plus juste et au plus proche, petite histoire banale au tragique magnifique, immersion dans une famille modeste sans jouer la carte lourdingue de la commisération, autant de qualités de ce petit très beau film, qui donne envie de suivre de près les prochaines choses dont fera montre Samuel Theis. L'avenir est à lui.

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Film d'une ambition extrême, affichant son respect profond à Tarkovski mais partant sur de bien différentes plates-bandes, tourné en super 8 mais sans la prétention chichiteuse qui pourrait l'accompagner, lent mais jamais long, et se faisant la proposition cinématographique la plus absolue de l'année : pour cela, c'est un film à saluer bien bas.

Certaines choses sont pourtant un peu poseuses, démonstratives (vis-ma-vie de froid et de dénuement), il y a hélas des vues en caméra-drone, et quelques banalités, mais c'est probablement un des films qui vieillira parmi le trillion de choses très anodines propres à notre époque : ça veut dire pas mal de choses.

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Bon film de genre, très bien rythmé, plutôt froid, magnifiquement joué par ses enfants-acteurs, et assez captivant.

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En voilà un film de styliste.

Pas parfait, parfois très sommaire, encore un peu "bon élève", mais vraiment stimulant. Réalisatrice à suivre. Giallo (Le Parfum de La Dame en Noir et quelques Argento) / Hitchcock / Le Locataire / It Follows / Kieslowski : une belle petite somme d'influences judicieusement évoquées, jamais récitées.

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Le monde s'écroule : Guillermo Del Toro a signé un bon film ! On atteint pas le Pérou ici, mais, grâce à un scénario minutieusement construit, on voit un long-métrage bien produit, bien agencé, rigoureux. Pourtant, à la suite d'une première partie excessive, on pouvait s'attendre au pire (un cirque du bizarre où la caméra tournoie toujours trop), mais cela va en s'améliorant, et il y a plusieurs scènes mémorables vers la conclusion. Du beau travail, un film tout à fait décent. La maturité serait-elle venue pour le gros geek du Mexique ?

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Le dernier Woody Allen s'est fait assassiner, et pourtant, c'est son film le plus personnel depuis... depuis quand ? Il est de bon ton de critiquer sa fainéantise (il recycle son autobiographie), la photo moche (Storaro, que t'est-il arrivé ?), son pastiche mou du genou de grands films disséminés aux quatre coins du récit, et son habituelle complaisance (toujours la même histoire d'un vieux qui s'éprend d'une belle jeune), mais à vrai dire, là n'est pas l'important.

L'important, c'est de voir que Woody Allen sait que le temps lui est compté, qu'il est l'heure de faire des bilans, et qu'il se sent seul : quand le cinéphile qu'il est cite ses films préférés et que personne ne le comprend, on a un peu d'empathie. Quand il énonce détester tout le faste des festivals et des tapis rouges, on est avec lui. Et quand il dit dans la scène finale que sa vie est derrière lui et que rien ne pourra plus le porter, on est assez ému. On pense ce que l'on veut du bonhomme, mais le réalisateur est assurément un des plus grands des cinquante dernières années.

La seule honte du film, c'est d'avoir donné le rôle principal au vieux Wallace Shawn, qui est vraiment très mal casté (comment peut-on croire qu'un tel type ait épousé Gina Gershon ?) et qui a bien du mal à aller aussi vite que son texte le lui impose.

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Excellente série B, qui réussit parfaitement son tour de l'horreur, et qui pose les choses à plat dans la première partie pour ensuite les résoudre dans la seconde. Évidemment, tout ce qui est de l'édification du mystère est meilleur que ce qui tient de sa résolution (c'est la différence entre l'instauration du suspense et l'action), mais il y a tout de même du rythme jusqu'au bout, une vraie ferveur, et quelques bons morceaux d'épouvante. Le film est sorti juste avant Halloween, et c'était un beau cadeau.

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La première heure est excellente, et superpose aux décors stylisés d'une ville de béton et de néon une étrange ambiance froide et désincarnée. Dans la deuxième, la pâte retombe un peu : on sent que le scénario patine un poil, que le film hésite, que le plus intéressant est déjà passé. Pour autant, c'est une vraie proposition de cinéma, à la fois chaude et glaciale, mais jamais tiède. Et avec une authentique direction d'acteurs. Il en faut plus des comme celui-ci.

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Bien fait, ça se suit. L'atmosphère doit beaucoup à la présence et au charisme très mystérieux de son acteur principal.

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C'est un beau dernier film, terminal, noir comme du charbon, froid comme la glace, mais qui se tient, et qui rappelle beaucoup des opus précédents du réalisateur pour ce qui est des thématiques. La mise en scène, en revanche, est très loin des canons de Crash ou de A History Of Violence, et est bien plus proche de celle du huis-clos très écrit de Cosmopolis. C'est donc un film désagréable, où cela parle beaucoup, mais qui demeure intéressant, et (c'est rare chez Cronenberg) intelligible jusque dans son final pessimiste.

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Mélange de polar et d'observation socio-politique plutôt réussi, les deux facettes étant pertinentes. Hélas parfois poussif : on sent Abbasi influencé par les canons américains, et il ne peut donc s'empêcher, surtout dans la deuxième partie, de faire apparaître son tueur machiavélique sous ascendance d'Hannibal Lecter, sourire pervers et insinuations menaçantes tout compris.

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Beaucoup d'afféteries (spontanéité calculée, champs de fleurs et lumière du couchant), mais il y a ici une délicatesse qui émane. Ce type est incroyablement supérieur au gogol Dolan.

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Le postulat scénaristique est un peu grossier : cette histoire de doigts ne tient pas vraiment debout. Mais le film est par ailleurs plutôt bien tenu, il y a une bonne construction, et McDonagh, qui jusqu'ici était un réalisateur plus que médiocre, parvient à se contenir en effets lourdingues. Il y a quelque chose ici qu'il n'avait pas réussi à faire surgir auparavant, pas mal.

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Il est pourtant de coutume de ne pas dire du bien de A24, studio indépendant très lucratif qui sait mieux merchandiser ses films que les produire, mais il faut reconnaître que celui-ci était plutôt regardable, malgré les filtres et l'inspiration malickienne débordante. Kogonoda y parvenait à insuffler un peu de trouble, se permettait quelques petites joliesses, et savait ne pas s'éterniser pour un ensemble sobre et sans trop de fioritures.

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C'est une petite comédie sans prétention, menée adroitement, avec de mignons renvois à Vertigo, et une façon de filmer la région lyonnaise qui a son petit quelque chose. Rien de déterminant, mais rien de désagréable.

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C'est un film de copains, c'est assez honnête et parfois drôle. Rien de nouveau pour le cinéma, mais pas de honte non plus. On peut penser à certains films de Veber, et vraiment, il y a pire.

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Assez inconséquent, mais tout de même distrayant, car Guiraudie balaie certains tabous, et offre à sa drôle de galerie de personnages une intrigue échevelée et réjouissante. Rien de définitif (le film ne s'arrête pas de déjouer les intrigues qu'il met en place pour en ouvrir d'autres), mais intéressant tout de même, et parvenant presque à donner envie d'aller à Clermont, ce qui n'est pas un mince exploit.

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Il faut mesurer l'écart abyssal entre ce film et celui des Dardenne, tous deux sortis quasi en même temps, et traitant peu ou prou du même sujet (l'immigration en Europe) : l'un est labyrinthe dont la seule issue est celle voulue, martelée par les réalisateurs démiurges, l'autre pose constamment le débat et donne la parole à tous, tout en pointant ostensiblement la résurgence des extrêmes en Europe.

Le style de Mungiu est froid, à la limite du démonstratif (rien ne sort du microcosme établi, tout converge), mais en termes de cinéma, c'est tout de même fort, en témoigne ce long plan fixe grouillant de détails qui fait office de bascule. Tout s'y joue, de l'intime au social, du détail à l'arrière-plan, et cela faisait longtemps qu'on avait pas vu telle chose. Pas mal. Et c'est rare de voir un film tourné en cinq langues (même si, quand c'est en français, c'est assez peu crédible).

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Après les critiques qui se sont abattues sur son Bac Nord (qui était surtout un film médiocre), Jimenez s'est assagi sur le sensationnalisme, et a gagné en sobriété pour retracer les événements de novembre 2016 : c'était nécessaire.

Le film n'est d'ailleurs pas trop mauvais, très américain dans l'esprit, lisse et correctement tenu, bien que parfois poussif : Dujardin qui joue les durs, on a du mal à y croire.

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Thriller fantastique plutôt intéressant, posé comme il le faut, avec de la lenteur, du mystère et pas trop de chichis. Comme c'est un premier film, il y a à la fois trop d'idées et pas assez de teneur, mais c'est assez prometteur, et Shyamalan devrait regarder de plus près ce film pour comprendre ce qui ne va pas dans ses très mauvais films.

Quelle femme magnifique que cette Marta Nieto.

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Le scénario n'est pas très bon, il y a trop d'incohérences et de trous, mais bizarrement, le film est pas trop mal : il doit beaucoup à cette science de la lenteur et de l'image que Soderbergh maîtrise.

Réalisateur étonnant, toujours balancé entre le grand public et le film d'auteur, voire l'expérience. Une filmographie inégale mais jamais ennuyante.

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Oui oui c'est pas trop mal, ça se regarde, mais bon ce n'est pas le film du siècle, c'est encore un de ces films de jeune cinéaste intelligent, mais appliqué, si appliqué, qui déroule une histoire avec science mais qui ne s'occupe ni de la beauté (qui, de nos jours, sait photographier ?) ni du droit au rêve : avec tant de soleil et de mer, comment peut-on faire un truc si terre-à-terre ?

Scorsese qui est venu passer des vacances en Croatie, ça a dû lui rappeler L'Avventura.

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C'est un film bien fait, oui, qui se regarde (même si bon, au bout de 140 minutes, on est content de pouvoir sortir), mais qui a deux défauts :
- il passe son temps à vous rappeler qu'il est bien exécuté.
- il passe une deuxième fois son temps à vous rappeler qu'il est bien exécuté.
Meurtre en plan-séquence (exercice de bravoure), ambiance perpétuellement grise même quand il fait beau, dialogues expressément explicites, avalanche de situations menaçantes (même quand il s'agit de filmer une reconstruction de maison, les transitions se font sur du bois qui fait du vacarme en tombant), rien ne vous sera épargné : Rodrigo Sorogoyen souhaite vous annoncer qu'il est un bon.

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Un horror flick pas honteux, plutôt inquiétant (avec un final grand-guignolesque assez impressionnant), même s'il joue trop régulièrement la carte du jump scare éculé : champ, contre-champ, champ serré, contre-champ, champ encore plus serré et diable dans la boîte. On sent assez souvent que le réalisateur vient du monde des courts-métrages youtube, ceux-là mêmes qui impressionnent des adolescents en manque de nuits blanches.

Rien de nouveau sous le soleil, et c'est même quasi un remake de It Follows en moins bon (jusqu'au plagiat intégral de certaines scènes), mais pas nul pour autant, correctement réalisé, assez divertissant.

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Jordan Peele n'est pas un idiot, et l'agencement étrange des chapitres, espacés de retours vers le passé, est vraiment la grande qualité de ce film, qui, par ailleurs, déconcerte plus qu'il ne convainc. Il y a beaucoup de choses intéressantes, d'autres assez frustrantes, et surtout, le sentiment qu'on nous sert une pièce-montée qui repose sur du vide. C'est le troisième film de Peele, c'est le troisième qui, pour une raison ou une autre, délivre des promesses, mais c'est aussi le troisième à être extrêmement inégal.

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Un gros blockbuster dans l'air du temps, très sérieux, très sombre (on ne voit rien), très long, assez lourd. Ce n'est pas le plus informe de la panoplie annuelle, ce n'est pas pour autant réjouissant, et la dernière partie, qui n'en finit jamais, le rend particulièrement éprouvant. Rien de surprenant, tout le menu est là : solo d'acting du méchant, noirceur rabattue à tout bout de champ, basses assourdissantes, continuation de la mythologie Comics (qui, disons-le, est un truc d'ados), grand spectacle et grands effets... Ne manque que le cinéma, qui lui est totalement absent.

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De toute évidence, Östlund n'est pas un idiot, mais plus qu'un type intelligent, il est un petit malin. Il tape sur ceux qu'il est facile et de bon ton de taper, il tire sur l'ambulance, il est mesquin, il pourrait faire un très bon créateur de contenu pour les émissions de Yann Barthès. Il est de la même ligue.

Le film est assez bien réalisé, bien rythmé, mais il y avait bien plus de finesse dans The Square que dans ce volet faussement féroce, satisfait de lui, et dont le monde du septième art se satisfait visiblement pour sa plus haute récompense. Finalement, cela raconte assez bien le cinéma de 2022.

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Magnifiquement photographié, et c'est un plaisir, mais au moins aussi insupportable, la faute à une écriture ramenarde, qui échafaude des personnages braillards et faussement fantasques pour tenter de venir chercher la surprise chez le spectateur. Plus de naturel serait bienvenu.

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C'est un film qui se fait la thèse - antithèse - synthèse de la difficulté d'être un cadre supérieur, et qui a le mérite de se faire la voix d'une profession que l'on juge bien trop souvent trop vite. Brizé a bien préparé son scénario, il a signé quelques beaux dialogues, mais on sent toujours trop la démarche et le propos : la scène où les employés désactivent la sécurité pour maintenir la cadence de la machine (improbable), où son fils annonce en hôpital avoir été contacté par Zuckerberg, ou encore où les cadres se rejettent la responsabilité et l'initiative du plan de maintien des postes sont grotesques.

Brizé ferait mieux aussi de travailler davantage son cinéma ; ici, on ne voit rien de plus qu'une photo de près, étouffant le cadre, et un manque de recherche permanent pour ce qui est de la constitution d'un plan.