Les meilleurs films de 2021 selon Gandoulfe

Annotation :

On ne sait pas trop quoi en faire, on ne sait pas trop si le film dit même quelque chose - même si l'on y sent quelques thématiques sous-jacentes avec l'enfant-objet - mais le monde d'Annette est si entrainant, il est si agréable d'y être, qu'on ne peut pas ne pas être fasciné.
Certes la seconde moitié du film possède quelques longueurs, et est moins fascinante sans l'idylle excentrique de la romance entre Ann et Henry mais il y a quand même la performance éthérée d'Annette.

Et il y a toujours Adam Driver, qui est vraiment extraordinaire, comme d'habitude. Cette année il aura eu le droit de jouer une variété de connards dont celui-ci a tout autant d'épaisseur que son personnage dans The Last Duel. C'est vraiment un acteur comme il y en a peu. Souvent très fermé, il arrive quand même à transpirer des tonnes d'émotions, de contradictions, de tiraillements intérieurs à son personnage, et il en devient aussi magnétique que détestable et attachant (bravo).
La musique de Sparks est extraordinaire. Elle exploite pour une fois le vrai potentiel de la comédie musicale: omniprésente, elle devient un second langage. Fine, ultra-variée, elle accompagne et accentue les émotions et les ambiances. L'intrusion de l'opéra et du classique est particulièrement réussi.

Et pourtant, je dis tout ça, mais s'il y a bien un genre que je hais, c'est la comédie musicale. Même von Trier s'était cassé les pattes dans ce genre avec le trop fade Dancer In the Dark. Dans ces films la musique est toujours insupportable et criarde, la mise en scène aussi. Mais avec Annette on n'est plus dans cet univers superficiel, plan plan à l'eau de rose comme dans le surcoté Lalaland, qui n'est qu'un remake de toutes les comédies musicales venues avant. Et pourtant quelques codes sont repris, les couleurs, les chœurs, la romance, etc.

Ils sont utilisés avec brio, exploitant leur potentiel d'excentricité et de fascination, pour créer un univers terriblement attachant.

Annotation :

Un film dont la construction incroyable du scénario permet de transmettre la déroute de toute une génération. Il met en scène le mal de l'époque (en particulier dans dans les pays ultradéveloppés dont les nordiques sont le paroxysme): une jeunesse qui vogue absolument sans but, sans boussole. Et à la fin, la mort arrive toujours trop vite alors qu'on se croyait tout puissant. Et on se rend compte que dans cette époque il n'y a rien de vrai auquel se raccrocher.

Annotation :

Découverte plutôt déconcertante de ce monde au premier visionnage, l'ambiance est atypique, très sobre, contrôlée, presque aseptisée, très dépaysant. Le rythme l'est aussi, avec un climax à mi-chemin pour ensuite ralentir jusqu'au duel final.
L'étonnante simplicité tracasse et laisse un drôle de goût dans la bouche. En revanche, les personnages sont vivants, profonds, différents, intéressants; en particulier la triade Paul, Jessica, Leto. C'est surtout à travers leurs tourments que le film est un succès. Leur choix transpercent l'écran et pousse, sans effort, le spectateur à réfléchir sur les nombreuses thématiques du film et bien d'autres encore. En particulier sur la très intéressante réflexion sur la divinité.

Au second visionnage, le déconcertement n'est plus là, car on a pris le temps d'y réfléchir et d'ingurgiter. Moins concentré sur la compréhension des codes de cet univers et des enjeux de l'histoire, le spectateur a le temps d'apprécier le travail du son et de l'image. S'ils paraissent toujours aussi sobres et épurés, on comprend pourquoi. Le grandiose y est tel qui l'est en réalité: silencieux et froid. Le gigantisme accable les petites figures humaines qui parsèment l'image, et les sons sont profonds et lents comme devrait l'être ceux d'une montagne, d'un trou noir, s'ils pouvaient parler.

Annotation :

Aller voir un film de Wes Anderson, c'est vouloir retourner dans un monde idyllique et sans soucis pour quelques heures. On sait à quoi s'attendre, choses que les deux dernières histoires prouvent bien car elles sont, au mieux, divertissantes et agréables par leur mise en scène Andersonienne, mais sans plus.
Ce film aurait donc pu être le premier symptôme d'un essouflement du réalisateur, qui ne pourrait que finir par s'embourber dans son univers excentrique et unique, certes, mais dont les codes sont maintenant bien connus du publics.

Mais dans la première histoire du film, Anderson étonne, et c'est bien la dernière chose qu'on espérait de lui.
Dans celle-ci la mise en scène est comme toujours, et bien, Andersonienne. L'attention portée au rhytme, la musique l'accentuant, et les compositions millimétrées, symétriques n'étonnent plus trop après 10 films, esthétique ayant atteint son apogée lors du Grand Budapest Hotel.
Mais si lors du Grand Budapest Hotel cette esthétique servait une ambiance enfantine et mélancolique à souhait, ici c'est entièrement différent.
L'histoire s'ouvre sur une scène de nudité silencieuse et sévère. Rien que ça désarme le spectateur assis confortablement dans sa chaise, et qui n'y était pas préparé.
Le langage et toujours le même, mais le ton est maintenant adulte. La rigueur rythmique des images dresse tout un portrait. Celle d'un artiste au cœur gigantesque qui rêve d'un monde tel un éclat de couleur, mais symboliquement et littéralement prisonnier d'un monde gris, froid, qui reste terriblement silencieux devant les cris déchirant de Benicio del Toro. L'acteur est d'ailleurs follement touchant. Et ce monde est entièrement construit par la mise-en-scène Andersonienne.

Certes M. Gustave joué par Ralph Fiennes était lui aussi un homme mélancolique, vivant dans le passé. Mais on ne sentait sentait cela que par moments, émergent d'un monde idyllique. Ici la terrible aliénation, le contraste entre les aspirations du personnage et le silence froid du monde qui l'entoure sont quasi constants. Et lorsque ceci est cassé par quelques touches d'humour, comme la course-poursuite en chaise roulante, cet humour ne fait qu'accentuer la triste absurdité du monde.

Et si la médiocrité relative des deux autres histoires - la troisième est sympathique, la deuxième, limite mauvaise - calment malheureusement mes ardeurs, cette première histoire est touchante et rafraichissante comme seul Anderson peut la faire.

Annotation :

Très peu subtilement, certes, mais à travers cette histoire sulfureuse le grand dilemme de la foi est exprimé. Verhoeven utilise avec très grande intelligence de la distance inévitable au cinéma qu'il y a entre le spectateur et les personnages (en l'occurrence Benedetta), alors que la plupart des films tentent superficiellement de faire croire que cette distance n'existe pas. Ainsi, l'incapacité terrible du spectateur à pénétrer et sonder le coeur de Benedetta -afin de savoir si elle ment, ou si elle dit vrai - est à l'image de celle qu'a le croyant qui ne peut véritablement savoir si ce qu'on lui dit est vrai.
Ce superbe jeu avec l'ignorance du spectateur vaut bien qu'on oublie toutes les fautes de gout de ce film.

Annotation :

Très belle expérience dans les bas fonds de la Russie dans les années 80. C'est un monde perdu qu'on retrouve là.

Annotation :

Parfois très puissante, et parfois trop puissante pour son propos, l'ambition de la mise en scène est un peu bancale, et le film aussi.
Par exemple, l'utilisation des plans fixes sur les visages des personnages; le monologue de Rob (Cage) sur la vanité de Portland marche très très bien; le monologue du jeune vendeur de truffes sur ses parents ne marche pas du tout, tout simplement parce que l'ambiance de la scène ne s'accorde pas u tout avec le propos.
Parce que cette ambiance pesante étrange, onirique, tout au long du film, accompagne certes très bien ce personnage mystérieux au départ, retournant à la ville.
Mais utiliser la même ambiance quand sont mis en scène des chefs et des fournisseurs de restaurants, ça ne marche plus très bien.

Il n'empêche que ça reste un moment très agréable au cinéma.

Annotation :

Comme avec son film précédent, mais avec une ambiance encore plus léchée et savoureuse, un sound mixing complètement dingue qui souligne et fait ressortir les mouvements et les dynamiques de l'image, Edgar Wright nous fait passer au cinéma une première heure de pur plaisir.
Puis le film tarit, le propos se banalise, les reprises des premiers éléments surnaturels, au début savamment mis en scène, deviennent de fades pastiches à mesure que le film tourne de plus en plus autour d'eux.

Et ainsi à mesure que le rêve d'Ellie tourne au cauchemar, Wright nous sort nous-mêmes de notre rêverie et la magie disparait. Dommage ! Je garderais pourtant un excellent souvenir de la première heure.

Annotation :

Scénario ne proposant rien de neuf mais mise en scène théâtrale et léchée, le film est agréable avec quelques longueurs.

Annotation :

Le sujet sous-jacent aurait pu faire un film très intéressant. Il y avait là une dualité dans cette femme tourmentée qui à la fois ne peut supporter la rigidité, l'austerité et le manque d'espoir inhérents à la vie royale (ce qui est tout à fait compréhensible), et qui en même temps se comporte entièrement comme une gamine gâtée, complètement obnubilée par sa propre personne, incapable du moindre recul.
Il aurait pu être intéressant d'avoir un personnage conscient de ces deux choses, et tiraillées par elles. Avoir un personnage névrosé mais conscient de sa chance de vivre dans un monde de luxe, de profusion. Certes Diana est en vérité terriblement seule, mais il est aussi non négligeable que les rares relations qu'elle a lui servent uniquement de miroir pour soigner son amour propre, sans aucun amour pour autrui.
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Et pourtant le film choisit de n'insister quasiment que sur ce premier aspect, celle de la princesse à l'instinct libre mais étouffé par les codes, et avec un ton qui se veut psychologiquement oppressant, solennel, profond, terrible.
Ce qui fait que le film fait tout pour créer une Diana ô combien tragique, mais en même temps bave, dégouline de son l'autre facette, rendant impossible de croire au personnage et rentrer dans le film.

Les tentatives de donner une tragique épaisseur au personnage ainsi paraissent bien trop poussives. Le choix de garder constamment la caméra très proche de Diana ne nous font pas rentrer dans son monde claustrophobe comme l'aurait voulu Pablo Larrain, mais ne font que renforcer l'égocentrisme de son personnage.
La réalisation, où chaque dilemme, chaque choix de robe est souligné par de sombres et monumentales envolées de musique baroque, est insoutenable.

Peut-être Pablo Larrain a-t-il fait exprès - ce n'est pas l'impression que j'en ai - de se mettre dans la peau de Diana, celle qui se plaint de son sort, et laisse le spectateur juger de lui-même son personnage. Mais j'en doute...

Annotation :

A part une intro qui arrive un tout petit peu, dans l'idée, à donner au film l'ambition que lui veut son réalisateur, celle d'un film monumental comme un tragédie grecque, traitant de Dieux, de Démons, d'archétypes. Le cri du Dieu mourant traversant les mers est une idée, je l'avoue, très séduisante, et pas trop trop mal mise en scène par une caméra balayant l'espace. Quelques autres séquences apportent de la nouveauté dans le monde du super-héros, quelques visions sont jouissives. L'ambition est louable, surtout dans le climat des blockbusters de super-héros actuel.

Mais les 3,5 autres heures, c'est vraiment trop hideux. Les dieux et les démons sont en images de synthèses dégueulasses, et Jésus n'est plus qu'un bodybuilder américain aux pectoraux virils. Les backstories sont complètement archétypales (dans le mauvais sens du terme) et mises en scènes à la Watchmen mais avec trop d'effets spéciaux cheap. Et le contraste entre le ton et le fond rend le tout encore plus insoutenablement nul.