You're the Worst
6.9
You're the Worst

Série FX, FXX (2014)

Saison 1.


J’ai adoré le premier épisode et beaucoup aimé le dixième, le dernier. Entre ces deux extrémités, je trouve que ça ronronne gentiment, que ça ne sort pas tellement du balisage. Je me suis à ce titre surpris à peu rire, c’est un problème, étant donné qu’on sent que ça ne recherche quasi que ça. Mais mon plus gros problème c’est cette impression permanente que la série ne cesse de revendiquer qu’elle est cool, trash, méchante. Il faut reconnaître qu’on va rarement jusque-là dans la comédie, pas même chez Apatow mais j’ai un peu de mal à y croire. C’est trop écrit, forcé et calculé pour me séduire vraiment. Et hormis nos deux trublions centraux, je me fiche absolument de tout le monde, tout ce qui gravite autour d’eux, colocataire ou meilleure amie. Je suis un peu dur car j’aime la série malgré tout mais elle m’avait vendu du rêve durant ses vingt premières minutes et la suite n’a pas tenu les promesses engagées à mes yeux. J’ai d’ailleurs revu ce pilot pour voir si je l’avais ou non surestimé et je suis ravi de le trouver toujours aussi formidable. Je suis malgré tout curieux de voir la suite. C’est l’avantage de ce type de programme, relativement court, qui se cale à n’importe quel moment de la journée.


Saison 2.


Dans cette mouvance sérielle automnale particulièrement excitante et prolifique, You’re the worst n’est à priori pas le show que j’aurais lancé en premier – Comprendre en même temps que sa diffusion outre atlantique. Mais au beau milieu de The leftovers et Fargo (Je me garde précieusement The affair et The Knick pour Janvier) j’avais besoin de ce détachement un peu léger, un peu lourd, drôle et pathétique, court et anodin.


 J’ai d’abord cru retrouver un prolongement de la première saison. Un chouette épisode de lancement puis plus rien ou presque sinon quelques éclats, souvent venus de Gretchen et/ou Jimmy. Une reprise difficile qui allait générer paisiblement son nouveau programme : Appuyer la vanne pour en faire un monstre dépressif sous-jacent, à l’image de ces deux épisodes (5 et 6 je crois) se fermant exactement de la même manière, Gretchen effondrée dans sa voiture en pleine nuit. Ok.
Mais c’est bien celui de la Souris (et de ce marathon de New York qu’on ne verra donc pas) d’abord, le Halloween Sunday Funday ensuite (épisode génialissime surtout dans la maison hantée) puis celui avec le couple voisin qui m’ont redonné envie d’y croire. Pour le coup j’ai trouvé que c’était super bien dosé, très drôle (sans trop l’être) et méga dépressif (sans en exagérer). Les larmes de Gretchen à la fin m’ont beaucoup, beaucoup touchées. Mais Aya Cash (qui joue Gretchen, donc) m’a ému durant cette saison. Rarement vu quelqu’un porter si bien la dépression. Rarement autant eu envie de la serrer dans mes bras, de lui fabriquer une tante de salon.
Comme à son habitude, la série retombe brièvement dans ses travers de la lourdeur avec un épisode 10 vraiment grotesque, avec la présence des parents de Jimmy. Alors grotesque oui et non, puisque dans le cheminement conjugal c’est un épisode important. Mais ces personnages, sérieusement ; La série n’a pas mieux à offrir ? Ce n’est pas grave tant les suivants sont aussi réussis que ceux qui le précèdent mais c’est un peu dommage.
La série réussit surtout là où elle avait à mon sens échoué l’an passé : Dans sa peinture des deux autres personnages phares : Lindsay (avec qui j’aurais toujours un peu de mal je pense mais passons) et Edgar. Sa relation avec Dorothy et sa passion spontanée pour le théâtre épaississent brusquement son personnage, tant mieux. Puis la saison se ferme sur un épisode de baby shower assez fou mais parfaitement huilé, dont l’aboutissement (cette saison aura soigneusement bouclé chacun de ses épisodes) avec ces dernières secondes simples et inattendues, fait un bien fou.

Saison 3.


Restons dans la lignée des saisons précédentes : Je suis mitigé. On va dire que je suis passé par différentes phases. Un rejet total d’abord, durant quatre premiers épisodes imbuvables – J’étais pas loin de faire une Trueblood, donc de stopper en cours de route. Programme court aidant, je me suis laissé distraire et j’ai bien fait. L’épisode suivant, qui joue le miroir du précédent mais du point de vue d’Edgar, est très beau. Edgar restera à mes yeux le personnage le plus intéressant et le moins agaçant de la saison. Lui ainsi que Dorothy, sa compagne, forcément : Leur couple prend une ampleur mélancolique étonnante d’ailleurs. Passé ce bref regain d’intérêt, s’ensuit un épisode de « Last » Sunday Funday bien barré et jubilatoire dans la lignée des autres Sunday Funday des saisons précédentes, mais sur un mode nettement plus dépressif : Un mode « Last » quoi. On sait la série très portée là-dessus bien qu’elle évolue constamment sous l’angle de la comédie, capable de superbes fulgurances solitaires (à l’image de l’épisode forestier, avec Paul et Vernon) autant qu’elle peut être irritante à trop tirer sur la corde du « C’est triste donc soyons drôles ». Heureusement la fin vient faire pencher la balance du bon côté notamment au détour d’un épisode de mariage inspiré, aussi bien dans les interactions croisées qui l’habitent que dans la proposition de mise en scène consistant à offrir trois énormes plans séquences uniquement séparés par les coupures pubs. Le suivant et sa triple scène de ménage vaut tout autant le détour. Après voilà, je suis arrivé à un stade où la relation Gretchen/Jimmy m’ennuie prodigieusement et ce n’est pas cette « issue archi attendue parce que c’est eux » qui viendra lui redorer le blason. Gros wtf sur le couple Lindsay/Paul auquel on ne croit pas une seule seconde. Le bébé, le couteau, Raul, c’est n’importe quoi. Mais encore une fois il y a Dorothy & Edgar. Et ça peut suffire. Bref, des hauts et des bas, de très gros hauts et de très gros bas, même, mais un show qui malgré l’omniprésence de l’humour, aura pris soin de se démarquer par son ton dépressif en sourdine, qui semble indéfectible.


Saison 4.


Série qui tourne définitivement en rond. Je suis las d’attendre quelque chose qui ne vient pas, un vrai pas de côté, une redistribution des cartes, un peu d’émotion – S’il se passe un petit quelque chose c’est au détour des trente dernières secondes d’un épisode, généralement, à l’image de ce beau split screen vers le milieu de la saison. Lors des saisons précédentes, si le couple Gretchen/Jimmy agaçait on s’en remettait à Lindsay ou à Edgar et à ces personnages secondaires qui apportaient une touche encore plus décalée à l’ensemble, qu’ils s’agissent de Paul (l’ex de Lindsay), de Becca (la sœur de Lindsay), de Vernon (le mari de Becca), de Sam. Leurs apparitions ne suffisent plus durant cette saison qui ménage plein de surprises et prépare les retrouvailles – puisque Jimmy a laissé Gretchen alors qu’il effectuait sa demande de fiançailles. On les retrouve donc trois mois après ce moment : Lui s’est pris un congé en camping dans le désert californien, tandis qu’elle s’est réfugié sur le canapé de Lindsay. C’est bien le personnage de Gretchen qui nous permet de tenir la saison entière, sa relation avec Boone et la fille de Boone, ses mensonges à son groupe de musicien, jusque dans un épisode très beau, qui la voit tenter de renouer avec son passé, dans sa campagne d’enfance, avec notamment une amie (ravi de revoir Zosia Mamet aka Shoshanna, dans Girls) qui finira par lui avouer qu’elles ne l’ont jamais été. C’est du You’re the worst : Les personnages n’ont jamais été aussi pathétiques et conscients qu’ils sont coincés dans leur bulle solitaire. Ok. Cool. Mais encore eut-il fallu trouver un crescendo, un équilibre dans la progression, au lieu de cela chaque épisode arrive en écho au précédent, quand il n’en est pas la copie conforme. L’impasse. Il reste une cinquième saison à venir, annoncée comme étant la dernière, mais je ne suis pas certain d’être de l’aventure. J’ai eu ma dose, là.

JanosValuska
5
Écrit par

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le 29 mars 2015

Critique lue 997 fois

4 j'aime

JanosValuska

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