On serait tenté de les voir comme des provocateurs, et pourtant... la prise de risque n'est pas non plus énorme. Ils sont plus « aiguisés » que « provocateurs ».
Je dis « aiguisés », j'ai failli dire « pertinents ». Mais ils ne sont même pas « pertinents », parce que leurs sketchs sont un peu « politiques » (faut l'avouer), mais que la problématique toujours un peu « expédiée ».
Parce qu'on se moque de leurs partis-pris de toute manière. Un parti pris c'est ridicule de toute manière. On en a tous, c'est pour ça qu'on est ridicule c'est pas grave. « Yes vous aime » prennent plein de parti pris, faut bien pour faire des vidéos, mais quand ils nous parlent en direct (souvent) ils sont très « ironiques ». Ils ne croient pas trop à ce qu'ils disent, mais faut bien dire des trucs pour faire des vidéos « politiques », mais ce qui compte chez eux surtout c'est « comment dire ». C'est la « manière ».
Le choix d'un « mot », le choix d'un froc, dans la fiction, ou le choix d'un sourire, ou d'une grimace, c'est un parti pris.
« Yes vous aime » c'est l'expression des idées par le « jeu ». Celui de l'acteur « notamment ». C'est la « Trinité du théâtre » que j'invente sur le tas : « jeu de l'acteur », « jeu du costume » et « jeu de l'écriture ».
Pour le dernier des trois, l'écriture, pas l'écriture du « raisonnement » non. Mais l'écriture de la phrase, de chaque phrase, du rythme, des virgules et des mots, des mots qu'on écoute côte à côte à côté de ceux qu'on éloigne, et des silences qui font tout... Rythm'n'Lexik.
Il y a du Céline chez ceux-la, j'ose le dire. Car le style, la « manière », en dit beaucoup plus que l'idée logique. C'est infini tout ce que peut dire celui qui fait de la poésie sur un caniche.
Il faut de l'ironie c'est sûr, car ça demande de considérer tous ses propres partis pris comme un média un peu ridicule, simplement McGuffin à quelque chose de plus important. Le « jeu ». Ce n'est pas pour rien que Céline rigolait du mot d'écrivain, et se disait « artisan », et coupait les interviews littéraires en plein milieu pour ouvrir la porte au facteur.
Dans toutes les sublimations bien faites en fait, l'ironie perce toujours. Flaubert, Balzac, mais même, vraiment tout ce qui est écrit et qui tape juste, qui soulève l'essentiel, et ne se contente pas seulement d'être descriptif ou narratif, donne la sensation sous-jacente de l'ironie. C'est inévitable. C'est tout à fait sain. C'est le seul « progrès » auquel je « crois » éventuellement.
Et alors il y a aussi le « jeu du costume » (et le « jeu de l'acteur ») qui chez les « yes vous aime » est tellement juste et essentiel, que je me surprends parfois à rire juste pour la couleur d'un jean, une doudoune somme toute banale, quoique mauve, un chapeau une moustache, ou un casque autour du cou.
https://www.youtube.com/watch?v=K1WAUFfPRA4&list=PLNBLxZIFO1N0rHi41KR6TphVi5rrX3il_&index=15