Un avion sans elle
5.2
Un avion sans elle

Série M6 (2019)

De la Crédibilité, Nom de Dieu ! De la Crédibilité !

A la suite d’un affreux crash aérien, un bébé, seul survivant et miracle de la catastrophe, se retrouve au cœur d’un scandale : deux familles, issues de milieux radicalement différents, assurent être sa seule et vraie famille. Vingt ans plus tard, alors que les familles se déchirent toujours, la jeune fille, surnommée Lily, a enfin l’occasion de découvrir la vérité… au risque de laisser une flopée de cadavres derrière elle.
Michel Bussi est un auteur qu’on aime bien lire en vacances : ces mystères sont généralement simples mais entreprenants, parfait pour bronzer à la plage. Dans une de mes dernières critiques, j’avais expliqué en quoi ces mystères étaient simples : leur réponse était « oui » ou « non ». Ici, la réponse à la question « qui est-elle ? » était plutôt « une Carville », « une Vitral » ou « ni l’une, ni l’autre ». N’en ayant jamais lu moi-même, je ne peux pas juger de la qualité générale de ses livres, mais j’avoue que certains défauts des adaptations cinématographiques me font craindre le pire concernant les livres.
Le problème vient qu’il faut un minimum de réalisme dans une série policière pour ajouter de la crédibilité. Même dans un livre comme Le Chien de Baskerville, le surnaturel nous apparaît comme plausible mais notre cerveau essaye de se convaincre qu’il y a une explication rationnelle à ce que nous lisons. Par la suite, Sherlock Holmes nous apporte la preuve que tout n’était que pure logique et raison. Du reste, peu importe l’époque, il faut qu’une histoire policière soit en raccord avec les avancées légales de son époque. Donc, si par exemple, on me sort dans un livre qui se situe dans les années 90 qu’on a réussi à trouver le coupable grâce à ses empreintes digitales retrouvées sur un cheveu de la victime, je vais être énervée et avoir l’impression qu’on se paye de ma tête. Par compte, si j’ai le droit à une explication sensée sur comment un cheveu du suspect a été retrouvé sur la scène de crime et qu’on réussit à analyser, je vais avoir tendance à dire : ok, c’est crédible.
Là, dès le premier épisode, la crédibilité manque. Un bébé bien joufflu et en bonne santé est retrouvé dans les décombres d’un avion sans AUCUNE blessure. Je sais qu’on nous le vend comme étant un miracle de la providence mais, si la fiction nous a appris à vivre avec ce genre de mensonge, ce genre d’histoire, comme je viens de le dire, doit être un minimum réaliste pour qu’on y croit. Or, je ne peux pas croire les explications des experts médicaux qui disent ne pas comprendre comment un tel miracle a pu avoir lieu : nous sommes en 1977, théoriquement, il y a les moyens et les capacités pour mener une enquête qui déterminerait de manière plus ou moins précise comment cette gamine a pu s’en sortir indemne. C’est la fin des années 70 et je pense qu’on n’a pas idée de toutes les avancées de la criminologie médico-légale. Il est même très probable que déjà à cette époque, on soit capable de dire que CE N’EST PAS POSSIBLE QUE CETTE GAMINE AIT ETE DANS L’AVION !
Oui, parce que c’est la clé d’une énigme pas très compliquée, tellement pas compliquée qu’on devine quasiment immédiatement la vérité. Pour vous dire à QUEL POINT la résolution n’est pas terrible, non seulement, on la devine quasi instantanément avec les hippies et l’absence de constat médical crédible qui apparaissent dès le début, mais en plus, l’équipe entière ne fera jamais d’effort pour créer du suspens.
Le réalisateur qui fera des plans moues parce qu’il est plus occupé à mélancoliser à côté, se demandant si les études ultra-chères d’école privée de cinéma valaient véritablement le coup pour une telle merde, qu’à construire un véritable projet cinématographique.
Le monteur, aussi, qui a dû recevoir comme consigne « surtout, explicite tout parce qu’il ne faut pas perdre le spectateur » et qui a tellement bien fait son travail qu’on a des scènes de tension mal faites et qu’on devine le coupable (oui parce qu’il y a un assassin qui se balade en tenue de moto noire avec un casque et un sniper) avant la fin !
Les acteurs qui interprètent des personnages tellement fades aux dialogues atroces essayent soit d’avoir l’air crédibles et paraissent faux, soit ont conscience qu’ils n’ont pas signé pour le bon projet et jouent à peine.
A cela s’ajoute des rebondissements théâtraux et peu intéressants (Lily qui veut avorter et qui en est arrêtée au dernier moment par son petit copain qui a réussi en un temps record à retourner à Paris, comprendre ce qu’elle voulait faire, trouver dans quel hôpital elle voulait faire ça, aller à cet hôpital et franchir toutes les sécurités possibles et inimaginables pour trouver LA salle d’opération où elle est et convaincre les médecins d’arrêter parce qu’évidemment elle est endormie à ce moment-là) et des intrigues… un peu flippantes. Hormis la sœur aînée machiavélique et folle qui réussit à toujours apparaître là où le spectateur est sur le point de recevoir une information importante (Deus ex Machina, quand tu nous tiens) pour tuer quelqu’un, il y a la relation incestueuse glauque entre Lily et son frère d’adoption (je veux bien qu’ils s’avèrent qu’ils ne sont pas reliés biologiquement, mais quand même ! Ils ont grandi ensemble et ont développé des liens fraternels ! C’est malsain que ça vire en amour avant qu’ils découvrent qu’ils ne sont pas de la même famille !) qui, apparemment, existait déjà dans les livres mais n’était pas aussi détaillée (bonne nouvelle parce que là ils en font des caisses et ça finit par donner envie de vomir)… complétez ça avec une Lily qui n’a aucune raison de s’éloigner de la police mais qui le fait quand même parce que voyons-ce-n’est-quand-même-pas-comme-si-on-avait-besoin-que-l’héroïne-principale-soit-intelligente-et-sensée, et vous avez le droit à un divertissement nul à ne SURTOUT PAS VOIR.

Créée

le 28 sept. 2019

Critique lue 386 fois

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