Tout Ça Pour Ça

Alors que Gustave Eiffel s’intéresse pleinement au futur métro parisien, on lui propose de participer au concours pour l’exposition universelle de 1889. Hésitant, il finit par accepter quand il recroise son amour de jeunesse, Adrienne Bourgès, maintenant mariée à son ancien meilleur ami…

Si ce film était attendu depuis vingt ans, dès que j’ai vu la bande annonce, j’ai su que ça allait être un désastre. C’est toujours bancal pour un biopic de sortir une origine douteuse sur l’avènement de tel ou tel truc (ici, la construction de la fameuse Tour Eiffel)… surtout quand cette origine douteuse est une histoire d’amour ! Le scénario était à l’origine pitché pour des studios américains : j’y crois sans aucun problème mais, si ça marche ce genre d’histoire dans le cinéma américain, chez nous, c’est plus difficile.
Surtout que c’est la première grosse production française sur le sujet, aussi il ne fallait vraiment pas se louper au tournant !

Ici, quel est le problème ? Et bien, l’histoire est intéressante quand elle ne traite pas de l’histoire d’amour entre Adrienne et Gustave. Le hic ? C’est que cette histoire d’amour fait quand même les trois quarts du film… non seulement ils n’arrivent pas à nous la vendre (pour plusieurs raisons : différence d’âge entre les acteurs, manque de crédibilité historique, on sait que c’est du n’importe quoi, etc.), mais en plus elle s’éternise entre des flashbacks qui se répètent et des enjeux fort peu crédibles… Pire ! Même la fin de leur relation n’est absolument pas vraisemblable ! Il suffisait simplement qu’ils attendent la fin de la construction pour révéler leur liaison ! Et sinon, qu’est-ce qui les empêche de se retrouver juste après ? Surtout que, après, Eiffel a été impliqué dans le scandale de Panama donc bonjour le « il a besoin de sa réputation et de son argent pour continuer à être brillant, d’où l’impossibilité de se mettre avec l’amour de sa vie »…
Pour vous dire à quel point c’est un mauvais film sur la construction de la tour : la-dite construction n’est même pas au centre du film. On montre un peu les problèmes techniques auxquels ils doivent faire face au début puis le premier étage est monté, sa meuf le quitte à cause du chantage de son époux et paf ! deux ans plus tard, ouverture de l’expo et il reçoit la légion d’honneur tout en présentant sa tour. On a mis une heure à lancer la construction de la tour, et on a tenu une demi-heure sur sa construction, avant de tout boucler dans les quinze dernières minutes… La Tour Eiffel n’est même pas le sujet principal dans un film sur la Tour Eiffel… Chapeau, les gars !
Bref, une histoire très faible car un scénario très mal-construit, une reconstruction historique bancale (il y a même un problème au niveau des dates qui m’a chiffonnée, tout du long), principalement au niveau des costumes (coucou, la robe de Madame X) et une Tour Eiffel qui n’est pas le sujet du film, bien qu’in fine, c'est le sujet du film… Qu’y a-t-il a sauvé ?
Deux choses : la réalisation, absolument fantastique, de Martin Bourboulon (bien que j’ai eu du mal avec certains de ses plans en caméra-épaule) et les effets spéciaux mis en place pour montrer la construction de la tour. Ça fait toujours plaisir de voir dans le cinéma français un aussi énorme budget alloué pour les effets spéciaux et pour un rendu aussi extraordinaire…
C’est juste dommage que ce soit pour un film aussi moyen…

PS : suis-je la seule à ne jamais avoir remarqué que la Tour Eiffel avait la forme d’un « A » ?