On peut dire que 2022 n’aura pas été une bonne année pour les fans de The Witcher. L’annonce du départ d’Henry Cavill a jeté un froid tant il semblait l’une des rares personnes chez Netflix à en avoir quelque chose à faire de l'univers (et l’un des seuls trucs encore bons passée la saison 1). Loin de se laisser abattre, la plateforme sort fin décembre une nouvelle série sur la civilisation des Elfes, peu avant la Conjonction des Sphères. L’occasion de répondre à cette inquiétante question: que se passe-t-il lorsque des showrunners incapables d’adapter fidèlement des bouquins se voient offrir encore plus de libertés pour créer un préquel?
Je ne vais pas y aller par quatre chemins: Blood Origin est une chierie. Tout ce qui était mauvais dans The Witcher est ici multiplié par dix.
Lauren Hissrich aura beau répéter en interview qu’elle est fan des livres, cette série prouve que le monde du Sorceleur n’est à ses yeux qu’une plateforme pour que sa bande d’écrivaillons et elle puissent raconter LEURS histoires. Faut dire que sans, il y aurait peu de gens qui les regarderaient.
Alors il n’est pas ici question de faire la liste de toutes les raisons pour lesquelles cette série s’essuie les pieds et le cul avec l’oeuvre de Sapkowski. Ce serait trop long. Sachez juste pour les fans un peu curieux que le premier Sorceleur est créé AVANT la Conjonction des Sphères, et qu’il a eu un enfant. Ça vous donnera une idée du niveau.
Car même si l’on retire l’étiquette « The Witcher », la série est navrante du début à la fin.
Visuellement déjà, c’est la dèche. Les armures font cheap, les costumes anachroniques quand ils ne sont pas juste moches. Tout sent le plastique et l’imprimante 3D. Pour les décors, on alterne entre le très très kitsch (le palais de Xin’Trea) et le très très laid (l’autre dimension). Le reste est si générique que mis à côté des visuels de Willow ou des Anneaux de Pouvoir, je serais incapable de dire à qui est quoi.
Niveau sonore, difficile de savoir ce qui m’a fait le plus saigner des oreilles entre les chansons ou les dialogues, qui ont l’air d’avoir été écrits par un collégien qui vient d’apprendre à jurer:
No! Fucking fuckity fucking fucking fuck!
(C’est la toute première réplique de la série. Au moins elle donne le ton.)
Le scénario est quant à lui ABYSSAL. C’est l’histoire de deux Elfes qui décident se rendre à Xin’Trea pour mettre fin à un Empire installé en une nuit, et qui, en chemin, ramassent les infos et les personnages dont ils ont besoin. Tout arrive par hasard ou par chance, rien n’a jamais le temps de souffler. On n’a pas d’argent pour payer des mercenaires? Quelle chance, on tombera sur le type qu’il nous faut la scène suivante. Les héros sont recherchés par l’Empire avec leurs visages placardés dans tous les royaumes? Aucun problème. Une capuche, un casque sur l’arrière du crâne et ils ne seront jamais inquiétés.
Les personnages sont introduits à la chaîne et sont tous moins crédibles les uns que les autres. C'est une chose de vouloir un casting aussi grand mais si c'est pour ne pas les développer alors c'est pas la peine, surtout si c'est pour remplir des quotas débiles (mention spéciale à l’Elfe qui signe en langage des signes américain).
En parlant de ça, les critiques des fans sur la diversité au forceps ont dû amuser Lauren Hissrich et sa clique en 2019 vu comment ils ont mis les bouchées doubles pour Blood Origin. C’est la même que pour les Anneaux de Pouvoir: on peut être dans un palais, une grande cité ou un village isolé à l’autre bout de la carte, la population sera toujours aussi ethniquement diverse que dans un aéroport. Il n’y a pas de peuple, pas de culture visuelle.
Outre le fait que cela rend les lieux visités peu mémorables (je défie quiconque de me décrire Pryshia), il est difficile de s’intéresser aux conflits entre des royaumes quand on est incapable de les distinguer entre eux. Ou de s’émouvoir quand leurs habitants s’unissent enfin après une « guerre de mille ans » (sigh).
Let’s go fuck up an empire!
Je mets 2 pour Michelle Yeoh, mais franchement fais comme Cavill et tire-toi vite. Tu as bien trop de talent pour être ici.