"We're not gonna stick to a script"

"It's silly and serious. I mean, it's complicated. Life can be more than one thing, right?"

The Rehearsal est une expérience inédite dans une vie de cinéphile. A mon sens la première oeuvre audiovisuelle qui s'empare aussi frontalement du sujet de l'ambiguité des relations sociales, pour finir par le tordre dans tous les sens. Nathan Fielder, derrière son visage aussi crispé que touchant et paumé, réussit à évoquer les doutes constants qui nous habitent, les angoisses qui se transforment en paranoïa explosives avant d'être désamorcées par le réel, l'envie de faire de son mieux alors qu'on a aucune idée de ce qui se passe ou de comment tout ça va finir. Qu'advient il si on a le pouvoir d'anticiper absolument toute interaction humaine ? Ou de revivre ad nauseam une situation réellement vécue dans un copier coller à l'identique ? Qu'est ce qu'on apprend sur les autres ? Sur soi-même ?

Si The Rehearsal peut être qualifiée de "série", c'est uniquement parce qu'elle est découpée en épisodes, tous en forme de poupées russes, révélant parfois des moments de docu-fiction aux limites de la parodie (comme dans les meilleurs épisodes de Nathan for You), des moments décalés proprement hilarants, parfois une bonne dose de malaise, mais aussi des moments de pure grâce quand le réel s'invite dans la fiction... ou l'inverse.

Nathan Fielder pousse encore plus loin la démarche entreprise avec Nathan For You (qu'il me semble indispensable d'avoir vu avant de commencer The Rehearsal), brouille constamment les pistes et gomme la frontière entre réel et fiction, dans un éclat de rire schizophrène plein de désarroi.