The Mandalorian
7.1
The Mandalorian

Série Disney+ (2019)

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Saison 1

Soyons sincère, l'univers Star Wars n'offre plus rien d'excitant depuis bien longtemps. Une dizaine de films, des heures de pellicules, des millions de dollars d'effets spéciaux et au final on ne peut sauver que la trilogie initiale. L'émergence d'un personnage aussi déplorable que Jar Jar Binks (créature improbable entre Ronaldinho et Muriel Pénicaud) aurait du acter la mise en bière de la saga dans les années 2000. La nouvelle trilogie trop peu aventureuse sur le plan scénaristique donnait le choix entre indifférence et agacement. Alors que penser de The Mandalorian ? La série dont tout le monde parle - mais qui n'est pas diffusée officiellement - sortie de l'imaginaire du sympathique Jon Favreau.

Eh bien c'est assez emballant je dois dire. Enfin, ce qui est agréable c'est la légèreté et l'absence de grandiloquence ou de visée neo-évangéliste post-moderne si prégnante dans les derniers films. The Mandalorian propose un classicisme rafraîchissant et une forme de modestie. Pas de grosse star, un héros continuellement masqué, une ambiance de western galactique, une musique inspirée, et un baby Yoda absolument irrésistible (enfoirés de Disney, ils ont réussi leur coup, les peluches et jouets vont rapporter plus de pognon que le PIB français de 2019).

Avec des épisodes courts de 30 minutes, un côté "fauché" (enfin c'est relatif) dans les effets spéciaux et un humour bien présent (mention à l'intro de l'épisode 8), Mandalorian permet à l'univers Star Wars de retrouver des couleurs. Bien sûr les intrigues sont très simples et usées jusqu'à la corde - l'épisode 3 est un calque des 7 Samouraïs - et les spectateurs un peu plus exigeants seront en droit de trouver le résultat final très limité. Difficile de nier l'aspect répétitif de la narration, la fuite en avant, les brèves rencontres, les trahisons et la reprise en main de la situation par Mando. C'est construit comme un épisode de série des années 70, de l'agence tous risques ou Kung fu. Mais la saga originelle était-elle dotée de scénarios plus ébouriffants ? Ce n'est pas certain.

Pour ma part je vois un divertissement très sympathique, qui n'a pas vocation à devenir un Game of thrones de l'espace, mais qui constitue juste un petit pas de côté bien plus attachant que le reste de l'exploitation de la licence. Sans être une série de SF indépendante à la The Expanse, l'économie de moyens rappelle les films de la saga des années 70. Et c'est peu dire que l'on gagne en cohérence. Le meilleur exemple est donné avec Baby Yoda, qui n'est pas réalisé en image de synthèse mais grâce à une marionnette en pastique presque mal faite.

Favreau a bien plus respecté l'univers de Georges Lucas que JJ Abrams. Si The Mandalorian a cartonné, c'est peut-être parce que cela repose de voir une série sans visée politique affirmée.

En espérant tout de même que la série conserve cette modestie et évite d'être grisée par son succès. On le voit bien désormais, l'univers de Lucas n'a pas vocation à proposer plus qu'un simple divertissement peuplé de créatures bizarres, d'affrontements au pistolet laser sur des planètes exotiques. Certains producteurs scénaristes seraient tentés d'en profiter pour vouloir rendre le monde meilleur avec des messages universels, rien de moins que ça...

Saison 2

Au terme de la saison 1, une incertitude existait. Le succès délirant de la série allait-il pousser Disney à en faire trop ? C'est la première fois depuis les années 70 que la saga Star War propose des personnages cultes à ses fans : Grogu et Mando risquent en effet de marquer durablement une pop culture déjà bien trop sensible à l'univers SW. Conscient de ce potentiel commercial, Disney aurait pu être tenté de modifier la formule.  Heureusement Jon Favreau a gardé une main ferme sur le projet, et la même fraîcheur se dégage des 8 nouveaux épisodes de la saga.

On retrouve toujours la même structure rassurante (ou monotone c'est au choix ) de quêtes résolues le temps d'une livraison de pizza, avec son lot de combats et de trahisons téléphonées. Les combats bénéficient justement de moyens plus importants (le Dragon des sables du premier épisode, les araignées des neiges au deuxième...)

Bien sûr il y a des choses agaçantes. Celle que je redoutais un peu dans ma chronique de la première saison, comme la délivrance de messages sociétaux. Et les scénaristes n'ont pas pu s'empêcher de tomber dans l'empowerment excessif de ces dames qui se manifeste dans le dernier épisode (4 nanas et mandos contre des dizaines de soldats, même pas un ongle pété).

A ce titre Gina Caro l'actrice qui incarne Cara Dune est assez insupportable, à afficher son sourire en coin à chaque scène d'action (ou pas) qui dit en gros "j'ai peur de rien, il ne m'arrivera rien, les lasers tournoient autour de moi mais je contrôle la situation", et de ce fait effectivement elle ruine le semblant de suspense car on sait qu'il ne lui arrivera effectivement rien de rien. Idem pour les Rosario Dawson, Ming Na et Katee Sackhoff qui sont là avant tout pour péter des gueules et qui souffrent toutes du syndrome strong woman de Rey.

Dommage, on a un peu l'impression que durant des décennies, les femmes étaient privées de rôles à "dimension physique" dans les films d'action ou SF, et que du coup la tendance actuelle est de renverser complètement le truc en transformant toutes les femmes du casting en guerrières surpuissantes, et les hommes en traîtres / repentis (Bill Burr) ou en chaire à canon sous les casques de Troopers. Vivement la prochaine évolution où l'on rencontrera de tout, et où les hommes et les femmes ne seront pas figés dans des assignations rigides pour faire passer des messages.

Reste une fin assez émouvante et la séparation entre Grogu (ce nom de merde) et Mando fonctionne car nous sommes évidemment attachés à cette créature irrésistible. Reste que le rajeunissement de Luke Skywalker est encore plus mal fait que dans the Irishman de Scorsese ou dans Tron reboot.

La fin ouvre une fenêtre vers un spin off orienté sur Bobba Fet, dont on peut d'ores et déjà dire qu'on a strictement rien à f....

Une saison 3 de The Mandalorian est annoncée, attention à ne pas trop tirer sur la corde. Car on était devant une fin satisfaisante.

Saison 3

Les chemins de Din Djarin et Grigu se séparaient en fin de saison 2. Confié à Luke Fuckin Skywalker, le baby Yoda était entre de bonnes mains. Et la saison 3 débute sans la moindre logique puisque le binôme est réuni à nouveau sans que l'on comprenne pourquoi. Quelle est donc cette diablerie ? Eh bien, figurez-vous que ces enfoirés de Disney ne laissent rien en jachère, et pour combler le vide entre deux saisons, et parce qu'ils ont les moyens, la firme de Mickey a diffusé un spin off autour de Bobba Fet, et que dans cette série parallèle il y a un épisode qui explique cette réunion surprise des deux personnages principaux du Mandalorian. Sachant que j'ai bien essayé de regarder cet étron fumant de Boba fett(ide), avec son sosie d'Eric Emmanuel Schmidt qui taille des bouts de bois dans le désert, mais c'était tellement nullissime que j'ai arrêté rapido, et que je suis donc passé à côté (comme 70 % des gens, je pense) des raisons de cette réunion.

Le procédé de Disney est vraiment sale. Car la qualité des spin off est très inégale. Obi wan super mauvais, Andor super jouissif... L'univers de Georges Lucas est une roulette russe (ou une boite de chocolats) et on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Tout au plus plus peut-on se fier au réalisateur (si vous voyez que la fille Howard est aux manettes, fuyez !)

Et si The Mandalorian était très sympa à suivre pendant les deux premières saisons, le tirage sur la corde fini par se voir salement. Et cette saison 3 ne semble avoir aucune raison d'être. On débute avec l'objectif de Djarin, à savoir faire trempette dans les mines ancestrales de Mandalore pour se laver de ses péchés. Et sur les 3 premiers épisodes, ce n'est plus du tout le même personnage. Il est devenu un pauvre type qui se fait tabasser par à peu près toutes les créatures qu'il rencontre et il se fait sauver les miches deux fois par Bo-Katan. Bref, il souffre du syndrome Obi wan, lui aussi ultra faiblard et dépendant des autres personnages dans son spin-off. Le super guerrier masqué triomphant est devenu un type assez décevant.

Grogu lui est toujours mignon. Mais ça ne suffit plus. L'intrigue se resserre autour des communauté mandalorianne, mais l'histoire principale de cette saison est bien celle de Bo-Katan et de son destin qui est de remonter sur le trône et de guider son peuple et accessoirement taper le Vador Light (Giancarlo Esposito). Elle va y arriver, ce n'est pas un spoiler... J'ose pas imaginer ce qu'ils vont pondre en saison 4. Un énième clone de Moff reviendrait foutre la merde dans le cosmis ? Que Grogu ait une poussée de dents serait un plus. Mais si ça s'arrêtait là ça ne serait pas plus mal.

Negreanu
6
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le 21 avr. 2023

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