The Leftovers
7.8
The Leftovers

Série HBO (2014)

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"That's all any of us want now: not answers, not love. Just a reason to exist. Something to live for

Si vous touchez un peu aux séries, même de loin, vous reconnaissez normalement une série HBO. D’une part parce que y’a un gros logo « HBO » qui s’affiche avec un crissement dégueulasse – ce qui pour les plus doués d’entre vous laisse tout de même un indice non-négligeable – et d’autre part parce que la série HBO est bonne. Citons en vrac Game of Thrones, The Sopranos, Girls, Veep, True Detective, Silicon Valley, Band of Brothers, The Corner, Entourage, How to Make it in America, Oz, Rome, Six Feet Under, The Wire, True Blood, Boardwalk Empire etc… Une belle brochette à son actif donc.


Courant 2014 est sortie The Leftovers sur HBO. Sachez premièrement que le créateur de la série est Damon Lindelof, le type qui a fait Lost, Prometheus, Cowboys & Envahisseurs, World War Z etc… Même s’il a fait des merdes, il a un petit péché mignon le Damon: faire en sorte que le spectateur ne comprenne rien. Suffit de voir Lost, où le titre de la série suffit à décrire le sentiment du spectateur après un épisode. Ou, autrement dit, « WTF? ».


Cette fois-ci, point d’avion crashé, point d’île mystérieuse et de voyage à travers le temps. Seulement une chose, à priori simple: un 14 octobre, 2% de la population disparaît. Poof. Un tour de magie extraordinaire certes, mais relativement peu apprécié par la population. 3 ans après, le monde n’a encore aucune idée de ce qu’il s’est passé. Le monde ressent alors les mêmes questionnements que vous avez vis-à-vis vos sous après avoir payé vos impôts: Où sont-ils ? Pourquoi ont-ils disparus ? Larmes, déchirements, désespoir.


Or, dans une petite ville près de New-York, Mapleton, des choses étranges se passent, à la grande joie des producteurs qui peuvent donc faire une série. Tout les habitants sont des beaux-gosses, les adolescents jouent au jeu de la bouteille avec « coucher avec », « étrangler », « brûler », et une secte ne trouve comme meilleur moyen de répondre aux questions qu’en peignant tout en blanc et en fumant clopes sur clopes. Heureusement, super-shériff Bogossdu92 (Kevin Garney pour les intimes) est là pour résoudre les problèmes. Enfin plus ou moins. Des meutes de chien abandonnés, des gens détruits par la disparition de leur famille entière, des apparitions de cerfs sauvages (à New-York, c’est tout de même pas commun), une secte qui fout tout en l’air, un prêtre qui croit avoir un rôle à jouer (joué par ce magnifique Christopher Ecclecton, coeur sur lui), et des Jeanne d’Arc en herbe qui entendent les voix des disparus.


Il faut savoir que ce genre de série n’est pas faite pour qu’on aie toutes les réponses. Pour l’instant, il n’y a qu’une seule saison, mais il est probable qu’après le final on ne sache toujours pas ce qu’il s’est passé ce fameux 14 octobre. Tout l’intérêt réside dans l’étude psychologique des personnages, les affrontements, et bien sûr la petite partie de mystère qu’on nous autorise à voir. Ici, point de plans où on apprend des choses qu’un personnage ne sait pas. On apprend tout avec chacun des personnages, en les suivant, pas à pas. Exemple. Untel se réveille, sans souvenir de sa nuit. Untelbis lui apprend ce qu’il a fait. On aura pas d’explications sur ce qu’il a fait ou non: on reste sur la question que le personnage se pose au fond de lui-même: est-il fou ?


On s’intéresse ici à une multitude de thèmes et questions existentielles: religion, croyance, attachement, famille, peur, éducation, folie. L’ambiance n’est pas lourde, bien au contraire. On touche directement à l’humain, à sa réaction face aux événements les plus graves comme les plus simples, mais sans en faire des tonnes. On n’est pas ici sur de la masturbation psychologique où des personnages discutent abstraitement sans rien dire réellement, et où on prend des gros plans des yeux des personnages avec une musique dramatique. Sur le plan technique justement, la réalisation est lente, posée, précise mais surtout cohérente. D’autre part, la bande musicale est proprement magnifique et diversifiée, avec des morceaux tels que « Ne me quitte pas » et la cover de Nothing Else Matters d’Apocalyptica.


The Leftovers n’est pas un ovni. C’est simplement une série léchée qui prend tout son sens après les 3 ou 4 premiers épisodes. Il n’est jamais facile de rentrer dans un monde d’un coup, et encore moins d’autoriser à ce qu’on nous cache ce qui apparaît au début comme le plus important: les disparus. La série, au final, les traite comme ceux qu’ils sont, des disparus. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un prétexte, puisque à côté on a cette atmosphère mystérieuse entourant certains personnages, mais c’est en tout cas un bon moyen d’amener à se focaliser sur les moins importants à première vue: The Leftovers.

Créée

le 6 avr. 2015

Critique lue 445 fois

Ranulf

Écrit par

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