The Idol
4.4
The Idol

Série HBO (2023)

Voir la série

Dans la défaveur critique qu'a reçue The Idol, il y a sans doute une bonne part de justice. Beaucoup de ce que cette série vise, elle le rate à l'évidence. Elle veut un infâme psychopathe comme leader de sa part d'ombre, elle ne livre qu'un bien peu charismatique Abel Tesfaye, qui incarne mieux le grotesque légume qu'il finira par être que le tyran génial qu'il a voulu jouer. Elle veut un twist final machiavélique, elle ne propose qu'un long et bien peu crédible épilogue qui ne satisfait et ne surprend personne. Et dans sa volonté de baigner le spectateur dans le choc des corps et des mœurs indécentes, elle lasse et verse plus souvent dans le ridicule.

C'est cette prétention générale à en ficher plein la vue qui donne au spectateur le goût de la revanche. Non, on ne se fait pas avoir aussi facilement par des lumières qui clignotent, et, pardon aux familles, par des culs qui se trémoussent. Mais, comme dans la chute inéluctable de Tedros, il faut garder la tête froide et savoir faire la part des choses. Sur certains points, la série touche juste ! Servie par une fabuleuse photographie, elle travaille son rythme lent, jouant de scènes superposées dans un but parfois purement esthétique. Le narratif est bien souvent placé au second plan, et c'est la fièvre chorégraphique et musicale qui l'emporte. La place de la musique est à saluer, que ce soit celle, en arrière-plan, qui dramatise de son classicisme décalé chaque épisode, ou celle, de premier plan, qui interroge avec justesse les évolutions de la pop contemporaine, où il est tout autant question, comme dans toute avant-garde, d'art que de morale. La tension sexuelle permanente, que l'on trouvera excitante ou malsaine (ou les deux), écoeure jusqu'à la nausée, et exploite tout autant qu'elle déconstruit la déviance maladive de l'industrie contemporaine de l'image. La série mêle enfin, avec plus ou moins de réussite, différents genres qui font référence aussi bien à la culture des séries qu'à celle du cinéma : comédie dramatique ou burlesque, thriller psychologique et romance.

Il y a cela de paradoxal dans cette série, qui légitime parfaitement la froideur de son accueil mais ne lui rend pas, à mon avis, tout à fait justice : il faut l'aimer malgré elle.

Kobiwan
6
Écrit par

Créée

le 24 févr. 2024

Critique lue 6 fois

Kobiwan

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur The Idol

The Idol
theo5575
8

The idol n’a pas encore dit son dernier mot

Alors oui, je dois admettre que le premier épisode m'a quelque peu déçu. Surtout si vous espériez retrouver une série comparable à Euphoria, qui reste pour moi la meilleure œuvre de Sam Levinson...

le 13 juin 2023

19 j'aime

2

The Idol
Corpse-chan
1

Fifty Shades of Grey 2.0

J’ai voulu donner sa chance à cette série mais c’est toujours une purge à regarder après l’épisode 3, je vais lâcher l’affaire. L’idée de base est pourtant intéressante ; montrer les travers des...

le 24 juin 2023

11 j'aime

Du même critique

Asteroid City
Kobiwan
7

Wes Anderson, jusqu'au bout de lui-même

Je ne sais plus qui a dit qu'un poète écrivait toujours le même vers. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait qu'une chose à dire et qu'il ne faisait qu'essayer de la dire sans jamais y parvenir tout à fait...

le 28 août 2023

3 j'aime

1

Les Banshees d'Inisherin
Kobiwan
8

Petite merveille du romantisme noir

De toute évidence, j'accorde aux films de Martin McDonagh une tarification spéciale : un 7/10 ici ne vaut pas un 7/10 ailleurs. Disons que je pars du choc esthétique et moral initial (Bons baisers de...

le 30 août 2023

2 j'aime

Beau is Afraid
Kobiwan
7

Une longue crise d'angoisse

Longue, très longue. Pour le spectateur comme pour Beau, qui ressortent l’esprit et les nerfs épuisés par l’épreuve que leur impose, au choix, leur vision malade et névrosée du monde ou le...

le 11 août 2023

2 j'aime

2