The Idol
4.4
The Idol

Série HBO (2023)

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L'idole, le vrai prix des bonnes choses

The Idol est une série compliquée, ratée, à la fois fascinante et ridicule. C'est une histoire qui dénonce l'exploitation des popstar, tout en sexualisant à outrance sa jeune actrice, Lily-Rose Depp, avec un nombre incalculable de plans nichons gratuits, de cadrages sur son cul, et des tenues inutilement affriolantes dans presque toutes les scènes, sans que cela serve ses enjeux dramatiques.


C'est une série qui semble dénoncer la faune de prédateurs hypocrites et sans scrupules qui gravitent autour de ces idoles, mais leur donne sans cesse raison, et garde une position volontairement ambiguë, portée par des acteurs charismatiques et drôles, qu'on a un peu de mal à trouver antipathiques.


Une série si obsédée par le désir de choquer, de surprendre et de renverser les attentes, qu'elle le fait au détriment de sa propre logique, et de la cohérence de ses personnages. Les protagonistes changent de personnalité d'un épisode à un autre pour servir les intérêts de la trame, et les rebondissements sont tellement tirés par les cheveux qu'ils contredisent la moitié des scènes de l'épisode précédent.


Une série dont le script aurait dû avoir un propos féministe dont on l'a amputée à la dernière minute, quand la réalisatrice d'origine a été limogée pour "différend créatif" et remplacée par Sam Levinson afin de promouvoir un prisme un peu plus masculin. On se retrouve avec une héroïne qui ne semble exister que par les hommes qui tirent ses ficelles, et qui passe la série à s'efforcer de satisfaire, sans avoir de voix, puisqu'on ne sait jamais ce qu'elle ressent réellement.


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Le casting de The Idol souffle le chaud et le froid : Lily-Rose est épatante dans tous les registres et la plupart des seconds rôles sont excellents, particulièrement Da'Vine Joy Randolph (Destiny), Hank Azaria (Chaim), Eli Roth (Andrew).


A côté de ça, on a Abel Tesfaye, aka The Weeknd, qui pollue une scène sur deux dans son rôle de Tedros Tedros et que j'ai eu le plus grand mal à prendre au sérieux. Il est présenté comme mystérieux et séduisant, mais semble plus pathétique qu'autre chose, et l'acteur-chanteur a toujours l'air un peu paumé ou hésitant. Mais est-ce vraiment involontaire ?


L'alchimie avec Lily-Rose est au point mort, et l'évolution du personnage aura de quoi laisser pantois, puisqu'il passe sans transitions de playboy à génie du mal, clodo suant et victime, si bien que quand les autres personnages commencent aussi à le trouver pathétique, j'en suis venu à me demander si ce n'était pas l'intention depuis le début, mais pourquoi alors la mise en scène me disait-elle le contraire ? Est-ce que je me pose trop de questions ?


Tedros Tedros est un stalker, une sorte de wannabe alpha miteux et toxique, un loser mythomane, et c'est souvent ainsi que la série le présente. Mais, elle le fait par le biais d'autres personnages toxiques et peu fiables. Il y a un sévère contraste entre ce que la série nous montre par sa mise en scène, et les réactions de son héroïne, et bizarrement, c'est cette ambiguïté qui fait prendre la sauce, servie par la prestation d'Abel Tesfaye qui est soit le pire soit le meilleur acteur de la série...? Au secours.


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The Idol se termine très vite, au terme d'un cinquième épisode qui veut tellement surprendre qu'il renverse la table d'un geste rageur, chamboule tout ce qu'il avait passé 4 épisodes à poser, ampute des intrigues en cours, abandonne des personnages sans autre forme de procès et nous laisse nous démener avec ses contradictions, sans que je sache sur quel pied danser.


D'un côté, je suis convaincu que la série ne mérite pas la moitié du mépris et de la haine qu'elle a reçu : accusée de misogynie, d'incitation au viol et au meurtre de chatons. Un épisode de plus et elle aurait donné le cancer.

Car il y a de très bons moments quand Tedros n'est pas à l'écran et que le reste du casting prend le dessus, avec des dialogues parfois incisifs et des scènes drôles ou touchantes. Je pense par exemple à toute la séquence de l'enregistrement du clip, où Jocelyn s'effondre physiquement et psychologiquement dans l'indifférence générale, portée par une performance toute en fragilité de son interprète.


D'un autre côté, la série est bancale et problématique par tant d'aspects - que ce soit ou pas volontaire - que ses moments de grâce ou l'élégance de sa mise en scène ne compensent pas son voyeurisme malsain et toutes les casseroles de son script. J'ai plutôt apprécié le voyage, mais très souvent grincé des dents. L'avenir nous dira si c'était un chef-d'œuvre incompris ou une abominable purge, car je n'en ai aucune idée.

Ezhaac
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le 18 juil. 2023

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