La longue traque

Depuis quelques années, le genre "true crime" a le vent en poupe : on a vu proliférer sur nos écrans de nombreux documentaires consacrés à des crimes souvent médiatiques, survenus dans un passé plus ou moins récent.

"Jakten pa en mördare" surfe également sur la vague du true crime, mais sous forme de fiction. Adaptant le livre-enquête du journaliste Tobias Barkman, cette série suédoise narre la longue traque par les policiers locaux d'un tueur en série ayant sévi dans la province de Scanie - traque qui s'étale sur une quinzaine d'années, à partir du meurtre de la petite Helen Nilsson en 1989.

En règle générale, je suis client de ce genre d'enquêtes policières, même si l'ensemble apparaît ici un peu décousu : on passe d'un épisode à l'autre, d'une année à l'autre, d'un suspect à l'autre, sans forcément bien saisir la logique suivie.

En revanche, la sobriété extrême de la série, sa rigueur factuelle, ainsi que son atmosphère oppressante bien retranscrite, jouent plutôt en sa faveur, de même que le format choisi (6 épisodes de 40 minutes), qui évite toute sensation d'ennui, même quand l'enquête n'avance pas.

En parallèle, les scénaristes Lotta Erikson et Helene Lindholm montrent les dégâts causés par certaines réformes dans la police suédoise, imposées notamment par souci d'économie.
Ainsi, le personnage principal est un flic de la vieille école, qui s'adapte difficilement à ces nouvelles consignes (souvent ridicules, voire contre-productives), au point de se voir ponctuellement évincé de l'enquête.

Cet arc narratif secondaire ne se révèle guère passionnant, d'autant que le contexte politique suédois nous est étranger, et que les flics présentés dans la série (de véritables policiers, dont les noms ont été conservés) n'apparaissent ni très charismatiques, ni très attachants.
Autre bémol : le dénouement, très sobre lui aussi, tombe un peu à plat après tant d'efforts mis en œuvre et de moyens déployés.

Un petit 7/10, pour une série policière à réserver aux seuls amateurs du genre. Les simples curieux seront à mon avis rebutés par la sécheresse et la monotonie de l'ensemble.