Tu ne désireras point

Sur un scénario SF, un canevas survivaliste et un scénario basé sur les modèles des films catastrophes qui pullulaient dans les années 80, Sweet Home (S1) raconte l'histoire d'une poignée d'individus coincés dans un immeuble vétuste de Séoul alors que la ville est en proie à une mystérieuse épidémie dont le virus (?) transforme les êtres humains trop "avides" en monstre.

Le thème du désir qui tourne à l'avidité est un sujet récurent dans les créations asiatiques. Il semble bien que les asiatiques considèrent le désir comme étant l'une des faiblesses humaines les plus dangereuses. Il suffit pour cela de compter le nombre de fois que le reproche d'avidité est utilisé dans les dramas pour dépeindre par exemple un antagoniste à l'âme noire.

L'homme idéal serait donc une âme purgée de tous ses désirs, essoré de ses rêves, ambitions ou mêmes de ses appétits nourriciers ?

Soit. Mais alors que l'origine de ce mal serait ce désir à son paroxysme, rien ou pas grand chose dans le scénario ne vient prolonger ce discours dans l'évolution narrative. On assiste à une histoire bien trop convenue d'un groupe hétéroclite qui devra survivre en huis clos pour répondre à la question de "qu'est-ce qui fait qu'un individu est un monstre ou pas".

Malheureusement, même sur ce thème, la série rate sa démonstration. La faute au format d'avance prévu sur plusieurs saisons se gardant du contenu pour la suite ? Même si c'est le cas, cette saison 1 est si insatisfaisante qu'elle ne m'aura pas donné envie d'attendre la suite :
- dialogues parfois bâclés,
- surabondance d'effet de style pour entretenir confusions et mystères gratuits,
- écriture caricaturale de trop nombreux perso prototypaux qui n'évoluent pas et pire qui tirent l'histoire vers le bas en la ralentissant (l'ado rebelle qui passe son temps à lancer ses piques, les antagonistes de fin de saison, les perso random lâches qui forment le groupe de départ, etc) ,
- les erreurs techniques (vêtements déchirés dans une scène et neufs dans la suivante, etc),
- stagnation incohérente de situations et de perso qui devraient selon leur logique agir ou évoluer (le groupe après avoir trouvé une trappe vers l'extérieur va s'assoir béatement s'exposant au risque de se faire rafler par les militaires au lieu d'explorer le tunnel, etc),
- sensation omniprésente d'une série qui s'économise trop, affirmant la pauvreté de son écriture, pour garder quelques rebondissements pour les 2 derniers épisodes finalement bâclés,
- une lisibilité des combats parfois trop brouillon (surtout dans les épisodes 6/7/8),
- etc.

C'est dommage car l'esthétique générale est plutôt agréable, les acteurs corrects dans l'ensemble, les décors sont soignés et la série arrive même à imposer petit à petit une forme d'homogénéité visuel. Mais cette cohérence semble complètement échapper à ses propres auteurs. Voilà donc encore une série dont le principal point faible est son scénariste... ou presque.