Still Star-Crossed
4.2
Still Star-Crossed

Série ABC (2017)

Après la mort des amants maudits, le prince de Vérone est bien décidé à mettre fin au conflit qui divise sa cité et oblige les Capulets et les Montague à faire la paix et à unir leurs deux héritiers, Rosaline Capulet, et Benvolio Montague, contre l’avis de ces derniers.


Je vais vous dire un truc : adolescente, j’avais vu les trailers sur Youtube et, bien que l’idée me paraissait assez sympathique, je n’avais pas eu envie de regarder cette série. Pourquoi ? Et bien, parce que, malgré le talent indubitable de Shakespeare, je déteste Roméo et Juliette. Sincèrement, je ne pense pas que ce soit la meilleure des tragédies du bonhomme et encore moins l’une des meilleures histoires d’amour. En effet, il y a tout du long une superficialité déconcertante doublée de situations qui, je trouve, frôlent le comique, ce qui m’a toujours fait me demander si Shakespeare ne se payait pas de notre tête avec cette pièce ou si tout simplement, elle ne s’approchait pas plus de la tragico-comédie que d’une tragédie. Mais qui suis-je pour parler de l’œuvre de Shakespeare, n’est-ce pas ? Et bien, personne mais ça vaut quand même le détour pour deux choses : 1) je pense qu’écrire une suite à Roméo et Juliette est quelque peu risqué du fait de sa fin très… « théâtrale » (et son propos très manichéen, puisqu’il y avait les Capulet d’un côté et les Montague de l’autre), 2) c’est parce que j’ai récemment vu Bridgerton que j’ai eu envie de voir cette série. En effet, comme je connaissais cette série de vue, lorsque j’ai vue Bridgerton, je me suis dit « à coup sûr, c’est une meilleure version de Still Star-Crossed ». Et, Mon Dieu, c’que j’ai eu raison !


Il y a TELLEMENT de points communs avec les deux séries !
Pour commencer, elles sont toutes deux issues de romans à l’eau de rose douteux. Ensuite, elles sont clairement tombées entre les mains de Shonda Rimes qui s’est dit que ça rentrerait parfaitement dans le cahier de charges de sa boite puisque, en plus d’avoir plein d’intrigues romantiques à la con, elle pourrait y foutre toute la diversité ethnique qu’elle voudrait dedans et donc tous les messages d’actualité qu’elle voulait. SAUF QUE… si elle a pu se lâcher dans le côté romance à l’eau de rose bien comme il fallait pour Bridgerton, principalement parce que la série a été diffusée sur Netflix, ça n’a pas pu être possible pour Still Star-Crossed, contrainte aux codes puritains des chaînes de télévision américaines. D’ailleurs, on voit bien qu’à cette époque, Rimes arrive de moins en moins à aller au bout de ses projets puisqu’ils s’annulent à la chaîne. Elle semble en effet beaucoup plus s’épanouir sur des plateformes de streaming comme Netflix où elle peut pleinement faire ce qu’elle sait qui va marcher auprès du public : par exemple, si le public a sous les yeux un beau mec, c’est pour le voir à poil au moins une fois par épisode. Un truc qui passe moyennement sur des chaînes américaines, qui préfèrent plutôt une fois par saison.
Du reste, on voit très bien que, là où Rimes a été limitée pour cette série par ABC (en plus, une chaîne qui promet toujours un programme familial !), elle a pu totalement se libérer avec Bridgerton. Je vous invite bien évidemment à comparer le couple Rosaline/Benvolio avec celui de Daphné/Simon, vous vous amuserez probablement des points communs (propres au genre mais aussi au fait qu’ils sont produits par les mêmes gars). Pour vous dire à quel point, c’est sûr que Bridgerton s’est fait parce qu’il y a eu Still Star-Crossed, ils ont une productrice exécutive en commun. Et pas n’importe laquelle, Betsy Beers ! Qui est connu des fans de Grey’s Anatomy pour avoir produit plusieurs épisodes ! Autrement dit, une vieille associée de Shondaland ! Alors, elle n’est pas la showrunneuse mais clairement, Rimes l’a foutu sur le deuxième projet parce qu’elle a participé au premier. Pourquoi ? Et bien, parce que, sachant tout ce qui avait fait foirer le projet, Beers pouvait donc orienter comme il le fallait Brigerton, pour qu’il ne connaisse pas le même sort que Still Star-Crossed. Et vu son succès sur Netflix, on peut se dire qu’elle a bien fait son boulot. Pour autant, on sent que les deux séries ont les mêmes défauts.
Déjà, parce que leur matériel de base ne cassait pas trois pattes à un canard, mais aussi parce qu’ils peinent à chaque fois à se libérer du roman d’où ils tirent leurs inspirations. Still Star-Crossed de Melinda Taub (introuvable aujourd’hui, pour vous dire l’intemporalité du projet) ne brillait déjà pas par son génie narratif, peinant à développer l’univers de la pièce, notamment l’aspect politique (puisque quand tu cherches à résoudre un conflit qui touche ta cité, tu utilises des moyens… politiques, c’est bien, vous suivez !) et les enjeux des personnages. Pour vous dire, le niveau : quand Rosaline se voit imposer ce mariage, dans le livre, elle leur dit merde et, lorsqu’on la menace de l’enfermer dans un couvent, avoue que c’était son souhait depuis belle lurette. Comme elle a une sœur, ce que j’aurais fait aurait été de l’enfermer dans un couvent et de marier la sœur à Benvolio mais non, impossible nous dit-on… pourquoi ? Ah, bah, la frangine est trop jeune et frontale pour œuvrer correctement à la paix. Il faut que ce soit Rosaline, plus intelligente et sensée, qui épouse Benvolio, point. Super, l’explication ! Surtout quand, du coup, on te sort une intrigue de merde où le prince met en péril la réputation de Rosaline pour… pouvoir mieux la contraindre au mariage. C’est d’une débilité sans nom, vous n’avez pas idée ! In fine, l’intrigue est tellement faible, qu’elle se termine sur un deus ex machina grotesque (mais doublé d’un sympathique caméo, il faut le reconnaître) et avec une facilité déconcertante. Inutile de vous dire qu’ils se sont rapidement retrouvés dans une impasse avec Still Star-Crossed, ce qui explique notamment pourquoi ABC ne croyait tellement pas en cette série qu’elle l’a déplacée en cours de diffusion.
Avec Bridgerton, ils ont déjà eu la bonne idée de prendre une saga (histoire de ne pas avoir à trop inventer) et qui ne se focalisait pas trop sur la politique (à l’exception de la reine, qui est plus considérée comme celle qui dirige la tendance saisonnière que comme la dirigeante du royaume, il n’y a pas d’enjeux politiques). Mais, ça ne va jamais plus détailler que ça des éléments qui devraient l’être (pire ! je crois que les livres donnent plus de détails, notamment concernant la mort du père Bridgerton) ! Et quand ils essayent de créer des intrigues nouvelles, ou elles sont inintéressantes ou ils n’assument pas qu’elles différent totalement des intrigues futures, probablement parce qu’ils ne veulent pas être obligés de réécrire des pans entiers de comment Untel se maque avec Bidule. A cela s’ajoute, que c’est encore et toujours trop long. Still Star-Crossed aurait pu tenir TOUT son récit en quatre épisodes, tandis que la première saison de Bridgerton devrait avoir deux épisodes en moins que ce qu’elle a.
Et là où ça se cassait déjà la gueule avec Still Star-Crossed (pour vous dire, je ne suis même pas sûre que l’intégralité des épisodes aient été diffusés), je ne serais pas surprise que ça se casse la gueule avec Bridgerton pour les mêmes raisons. Déjà, parce que les acteurs principaux deviennent secondaires dans les saisons suivantes (d’où le fait que Regé-Jean Page se soit barré, tiens) mais aussi parce que, quoi qu’il arrive, s’il y a une chose que Still Star-Crossed aurait dû leur apprendre, c’est qu’une histoire à l’eau de rose, peu importe à quel point les gens adorent les histoires à l’eau de rose, reste une histoire moyenne. Autrement dit, ça vaut à peine le détour d’un film alors d’une série…

Créée

le 9 mai 2021

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