2,5 litres de larmes

Thèmes : Polar / Enquête / Amitié / Années 1990-2000 / Corruption
Bromance : 80 % / Romance : 5 % / Féminisme : 80% / Paternalisme : 0 % *

Park Hae-yeong est un jeune profiler de 27 ans qui découvre par hasard un talkie-walkie lui permettant de communiquer avec un policier du passé nommé Lee Jae-han. D'abord plongés dans l'incompréhension, les deux hommes finissent par collaborer et tenter de résoudre des affaires contemporaines du second devenues depuis des cold cases. Lien entre les deux, Cha Su-hyeon est une policière dont Lee Jae-han fut le mentor. Supérieure hiérarchique de Park Hae-yeong, elle recherche Lee Jae-han depuis 15 ans...

Je ne suis pas trop séries policières avec des enquêtes, des meurtres et des tueurs en série, mais il faut bien sortir parfois de sa zone de confort ! Ça faisait assez longtemps que Signal attendait dans ma PAV et bon, les excellentes notes et les présences conjuguées de Lee Je-hoon, Kim Hye-soo et Cho Jin-woong m'ont décidées à cliquer sur play.

Verdict : Signal est un très bon drama policier qui sait se servir des faits divers pour alimenter son scénario (la première affaire présentées a, semble-t-il, été inspirée par la même qui a donné naissance au film de Bong Joon-ho, Memories of murder (l'affaire des meurtres en série de Hwaseong de 1986 à 1991, affaire jamais résolue).

Le drama baigne dans une ambiance assez sombre -ce qui n'exclut pas (un peu) d'humour- que vient souligner tout le long du drama

symbole d'intégrité et de détermination. Un être exceptionnellement pur, qui partage avec Park Hae-yeong, jeune lieutenant idéaliste, ce besoin de faire le bien, besoin tellement viscéral dans un contexte tellement corrompu qu'il ne peut en ressortir que de la souffrance.

Lee Jae-han avance au milieu de la tempête, en solitaire, bravant ses supérieurs, tous vendus, ses collègues, tous lâches, et malgré les échecs, les retours de bâton, il se tient debout. Tout comme Park Hae-yeong, vingt ans après lui...

La série dépeint un environnement assez misérable de la Corée du sud des années 1990-2000. Par misérable, j'entends aussi bien les quartiers pauvres de Séoul que la corruption qui étreint un pays dans lequel les policiers sont tenus de ne pas faire de vagues et de coffrer ceux qu'on leur dit de coffrer. Elle nous parle aussi, forcément, de la différence entre les classes, du fait que les plus riches s'en sortent -et s'en sortiront- toujours. Le visuel est aussi assez monochrome, surtout dans les parties du passé, souvent filmées dans des quartiers urbains un peu glauques à l'image jaunie.

Alors bien sûr, on peut regarder la série uniquement comme une série policière avec cet élément fantastique qui survient et qui permet à deux hommes bons de tenter d'arrêter quelques monstres. Mais elle est surtout un miroir de la société sud-coréenne de l'époque : dans les années 1990, le pays est en pleine transition vers la démocratie. La corruption gangrène toujours la société, la police n'échappant pas à la règle. Lee Jae-han, avec sa volonté sans faille de sauver tout un chacun et de mettre les méchants hors d'état de nuire -peu importe si ce sont des ouvriers ou des ministres- fait figure d'extra terrestre et il doit être jugulé... Il est représentatif de ce pays qui ne veut plus de l'ancien système, qui veut renaitre de ses cendres. D'ailleurs, ces monstres que Lee Jae-han et Park Hae-yeong tentent de stopper ne seraient-ils une métaphore du passé difficile du pays ? De même, les personnages négatifs (Kim Bum-joo ou Ahn Chi-soo) apparaissant dans le passé et dans le présent, font figure de dinosaures nostalgiques d'une époque révolue. Même si, malheureusement, les choses ne changent pas si rapidement que ça : lorsque Jae-han dit à Hae-yeong qu'il espère que à l'époque de ce dernier, les choses ont changé, on a un pincement au cœur... En bref, toute une thématique très intéressante et pertinente qui met en avant le passé douloureux de la Corée du sud et son avancée progressive vers la démocratie.

La série repose sur les trois personnages principaux que sont Jae-han, Hae-yeong et Cha Su-hyeon. Cette dernière est à la fois proche des deux premiers, dans le passé ou dans le présent. Dans le passé, elle est la seule à laquelle Jae-han peut se raccrocher, le seul être sain. Dans le présent, elle est la seule à qui Hae-yeong peut faire confiance, héritière de son mentor. Su-hyeon est un personnage féminin très charismatique, tout comme le sont les deux garçons. Le trio formé par Lee Je-hoon, Kim Hye-soo et Cho Jin-woong est tout simplement parfait. Ils sont tous les trois formidables. Aucun des trois comédiens ne déçoit -au contraire !- et leurs personnages sont d'égale importance. Ils sont également touchants et émouvants, chacun souffrant d'une histoire difficile ou de moments compliqués.

La série évoque également la problématique basique du voyage temporel et donc les cas de conscience des deux policiers, confrontés à un questionnement crucial : changer le passé pour améliorer l'avenir, mais également prendre le risque de générer des dommages collatéraux. Car les conséquences peuvent être tout aussi bénéfiques que funestes...

Du point de vue de l'intrigue, le drama est prenant, addictif et avance au rythme des enquêtes menées par le trio de policiers. Les scènes alternent le passé et le présent avec brio, dans une atmosphère douce-amère, de manière très équilibrée et le scénario, complexe et malin, tient la route jusqu'au bout, jusqu'à une fin ouverte, parfaite. Un excellent drama policier doux amer.

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094