Mauvaises ondes

Intéressante sur le papier, l’histoire criminelle trempée de fantastique de Signal souffre malheureusement de n’être que trop partiellement exploitée. Le talkie-walkie, entité mystérieuse permettant de lier le passé et le présent, aurait en effet pu servir de façon autrement plus utile à la narration afin de la rendre encore plus dramatique, plus urgente et grisante par l’entrelacs subtil des différentes temporalités. Mais la formule s’étiole au fil des épisodes au point de ne plus être à la fin qu’un vague gadget permettant une fois par jour à nos deux inspecteurs de taper la discute, à grands renforts de visages larmoyants et de discours tout à fait superflus à l’avancement concret des intrigues.

Les affaires criminelles en elles-mêmes déçoivent par le côté très automatique et artificiel des rebondissements amenant à leur conclusion. Si les incohérences autour de la communication temporelle semblent minimes, ce n’est pas le cas des enquêtes qui accusent leur lot de méchante redite par rapport à ce que l’industrie (ou les séries américaines) a déjà pu montrer par le passé : profiling archi-classique, analyses scientifiques sommaires, enquêtes bâclées et empêchées par les inénarrables « puissants » (comprenez tout individu ayant des responsabilités dans le monde de la police et/ou de la justice et/ou de la politique), Signal coche successivement les cases du drama policier lambda, tout en conservant cette illusion d’être un peu plus que ça grâce à son aspect fantastique, bien qu’anecdotique.

Une illusion salvatrice puisqu’elle m’a encouragé à aller jusqu’au bout de l’histoire, là où j’aurais sûrement arrêté en cours de route sur une série similaire dont cet élément eût été absent. Le rythme, sans être bon (les passages à rallonge et les flashbacks sont douloureusement omniprésents), n’est pas non plus mauvais, et ce malgré des épisodes d’une durée (trop) conséquente. En dépit du manque de cliffhangers pouvant encourager à enchaîner les épisodes, la trame de l'histoire conserve un charme suffisamment attrayant pour ne pas lasser sur le temps long.

Signal se sauve en fait par ses acteurs, souvent justes dans leur interprétation, malgré une écriture des personnages qui frôle parfois la catastrophe tant leur caractère tranche avec l’aspect sérieux et noir que souhaite se donner le drama.

L’absence de toute romance apparaît peut-être finalement comme le plus gros défaut de la série tant celle-ci manque de consistance sur le plan émotionnel. Un défaut (parmi d’autres) que gommera à peine un an plus tard le brillantissime Tunnel, qui demeure pour moi la référence absolue du drama policier-fantastique.