Jean-Marc Vallée et Amy Adams signent la création d'une pépite de série.
Évoluant dans une bourgade type du Sud américain — entité indolente, la trame et l'intrigue ne révolutionnent rien, tout en offrant un détour par la perversion humaine et quelques twists. Mais la série se démarque par son atmosphère, charpentée par la réalisation aux choix esthétiques affirmés.
Mêlant la maestria visuelle à une interprétation juste, entre tentatives de morgue ironique et distante, et crispations de souffrance, la quête de Camille permet un voyage où son passé s'intègre au présent du récit au rythme des flashbacks momentanés de quelques souvenirs, tandis que la caméra subjective permet l'insert de mots incrustés de-ci de-là, pour marquer la réalité des sentiments intimes de l'héroïne. Vallée réussit ainsi à donner à voir le langage et les pensées sous forme diégétique. Les mots, au-delà du son, deviennent des composantes matérielles, visibles.
Comme les marques qu'ils forment, gravés sur la chair de Camille. Expressions de tentatives désespérées pour se soustraire à l'oppression et trouver son émancipation. Loin de toute innocence.