No hugging, no learning

Tel était le descriptif des créateurs, Larry David et Jerry Seinfeld, quand ils ont balancé cette série au format très ordinaire dans un paysage télévisuel policé, bienpensant et donneur de leçon : celui des années 90.
Diffusée sur canal du temps où je suivais ardemment les aventures des "Friends", à une époque où peu de choses m'émouvaient tant que le sourire du jeune Drazic dans "Hartley Coeur à Vif", j'avais trouvé ça très naze. Et pour cause, c'est un humour d'adulte.

Il faut aussi reconnaître que cette diffusion en VF flinguait la série. Car il en va des séries comme du cinéma et de la littérature : plus les dialogues sont ciselés moins ils sont traduisibles. Le doublage lui a également fait du tort. L'un des 4 héros est certes loufoque (Kramer, bien sûr) mais était-ce une raison pour tous les affubler de voix guignolesques ?

Il y a justement un grand soucis de réalisme dans cette série. Les situations les plus simples et quotidiennes comme les plus rocambolesques montrent avec acuité les limites, les gênes, la confusion, voire la mesquinerie et les névroses engendrées par les relations entre amis, voisins, amants etc.
Alors ok, c'est plutôt méchant, mais salutaire, parce qu'ironique, parfois absurde, terriblement bien vu et surtout très drôle.

Si l'autre créateur, Larry David (cf. "Curb Your Enthousiasm") plane toujours dans l'ombre, Jerry Seinfeld en est le chef d'orchestre et le pire comédien. Le moindre personnage est admirablement campé dans cette série, sauf lui, que l'on sent parfois spectateur de son oeuvre, souvent au bord du fou rire, et bizarrement ça donne un charme supplémentaire à la série, un versant empathique.