Thèmes : Peinture / Romance / Période Joseon / Enquête
Romance : 90% / Féminisme : 60 % / Bromance : 10 % / Paternalisme : 0%
*


Ce drama s’inspire de la vie de l’artiste Shim Saimdang durant la dynastie Joseon.
Seo Ji-yoon, une spécialiste en histoire de l'art est malmenée par son patron, le professeur émérite Min. Il la licencie après que Ji-yoon ait émis des doutes sur l’authenticité du tableau que Min vient de présenter à la communauté scientifique comme appartenant au peintre de la dynastie Joseon Gyeom Lee. Ji-yoon, d’abord dévastée, tombe par hasard en Italie sur le portrait mystérieux d’une femme et sur le jounal de l’artiste coréenne, calligraphe et poétesse Shim Saimdang (1504-1551). Le journal lui transmet des informations sur le quotidien de Saimdang et sur sa relation à Gyeom Lee...


Alors… J’ai eu envie de regarder Saimdang car le pitch m’a beaucoup fait penser au roman de A.S. Byatt, Possession, où un étudiant en littérature tente de faire la lumière sur la relation qu'entretiennent deux poètes de l’époque victorienne après être tombé par hasard sur une lettre d’amour adressée de l’un à l’autre… Le roman était un chef d’oeuvre d’écriture en plus d’être une prenante enquête littéraire à travers deux époques. J’avais très envie que Saimdang en soit le pendant pictural. Je dois bien admettre que ce n’est pas le cas.


En réalité, il n’y a pas grand chose qui m’a vraiment plu dans Saimdang et les critiques élogieuses que j’ai pu lire sur SC, très intéressantes au demeurant, m'ont rendues tristes car je n'ai pas éprouvé la même chose du tout…


Je n’ai pas été emportée par cette histoire. Ni par l’enquête, assez inexistante en réalité, ni par l’histoire d’amour, très fade, ni par les comédiens ou les personnages, ni par la photographie ou le scénario.


Par quoi commencer… Déjà, dès les premiers épisodes, j’ai trouvé visuellement la série assez désuète. Et si je n’avais pas su qu’elle avait été tournée en 2017, je l’aurais facilement cru plus ancienne. Visuellement encore, elle n’est pas exceptionnellement belle, ce qui est dommage vu le sujet. Je veux dire qu’on parle de peinture, et que l’accent aurait pu être mis sur l’éblouissement pictural, sur les couleurs (le sous-titre, c’est quand même “memoir of colors” !), bref sur quelque chose d’un peu plus éclatant, sortant de l’ordinaire, qui permette de rentrer un peu dans l’imaginaire des artistes et leur vie intérieure. Or l'ensemble reste très académique. L’art de Saimdang est traité de manière très superficiel et l’oeuvre manque de poésie et de lyrisme, ce qui est vraiment dommageable au vue du sujet...


Ensuite, l’histoire d’amour. Bon, passons sur le fait qu’on change d’acteurs en cours de route pour interpréter Saimdang, Gyeom Lee et Hieuwdang alors qu’on conserve les mêmes pour jouer les personnages dans le passé et leurs non équivalents dans le présent. Et que ces acteurs ne se ressemblent pas du tout (pas du tout). La romance est centrale (trop), et est l’objet de toutes les attentions des scénaristes, avec de nombreux flash back à paillettes, ralentis et musique langoureuse. Pourtant, quelle sécheresse ! Je ne sais pas de quoi ça vient : de l’écriture, des comédiens, des situations, mais j’ai ressenti un total manque d’alchimie entre les personnages/comédiens. Autant on a dès le début une belle entrée en matière avec Gyeom Lee en Italie, perdu et échevelée, souffrant de l’absence de Saimdang, autant la suite n’a pas été à la hauteur. On ne ressent pas de frémissements entre les deux, de passion couvante, de feu sous la glace. C’est très étrange et c’est vraiment dommageable pour ce couple pivot de l’histoire. Autant la bluette entre les deux à l’adolescence est mignonne, autant leur relation à l’âge adulte manque d’étincelles. Et d’amour tout bêtement. J’aurais voulu les voir comme deux âmes soeurs mais ça n’a jamais été le cas. Le spectateur admet évidemment qu’ils s’aiment (on a bien compris) mais on ne ressent rien.


Pour continuer : le déséquilibre entre la partie historique et celle contemporaine. La série est à 75% dédiée au passé. Les premiers épisodes se déroulent majoritairement dans le présent et à partir du 4e ou 5e épisode, on se retrouve uniquement à Joseon et on suit l’histoire de Saimdang et de Lee, sans plus aucune incursion dans le contemporain pendant de longues heures. Parfois, une scène dans le présent nous rappelle qu’on était parti de là au départ. Alors, c’est super déséquilibré et il n’y a pas de logique dans l’arrivée des scènes contemporaines qui se retrouvent bien malheureusement plantées là au milieu d’un épisode de 60 minutes jusque là entièrement consacré à Joseon. C’est mal fichu quoi. Et on finit par se dire que la partie contemporaine ne sert à rien. Mais que si le but était de dessiner une évocation de la vie de Saimdang, il fallait y aller carrément et ne pas maquiller ça en fictions croisées bancales. Surtout qu’au final, on se demande ce que les scénaristes ont voulu nous dire sur la relation entre Saimdang et Ji-yoon : les écrits de la première dans le passé ont-elles eu une influence sur la vie de la deuxième dans le présent ? On pourrait avoir envie de répondre oui puisque quand


Ji-yoon est blessée (scène ridicule en passant), elle se retrouve entre la vie et la mort et rencontre Saimdang (qui vient de collapser dans le passé au même moment, enfin si on peut dire) : dans cette scène, elle va dire à Saimdang comment sauver Lee et donc l’influencer comme elle-même avait été influencée par la lecture du journal ?


Ce n’est que mon interprétation parce que ce n’est pas super bien écrit tout ça...


Surtout que la partie contemporaine finit par prendre l’eau de toutes parts. C’est d’ailleurs absurde d’avoir fait cette promesse d’enquête au départ car en nous apportant toutes les réponses avec la partie historique, la partie contemporaine devient totalement inutile. Alors oui, l’histoire de Saimdang fait écho à celle de Ji-yoon (même problèmes financiers, mari absent/inutile…) et cela aurait pu être intéressant si les choses avaient pu être un peu mieux dosées. Et je pense qu’elles l’auraient mieux été si la partie contemporaine avait pris le pas sur la partie historique, reconstituée sous forme de puzzle. Pour moi, ça aurait gagné en intérêt, en émotion et en mystère…


Les personnages : Saimdang est centrale. Surnommée “La Mère Sage”, la personne que l’on découvre ici est effectivement proche de cette dénomination. Mère de famille avant tout, femme sacrifiée, dévouée à tous, elle a ce côté parfait et gentil qui finit par agacer. A aucun moment elle ne laisse aller sa colère ou son énervement, elle est toujours droite dans ses bottes, même si pas sans émotion (notamment avec ses enfants). En fait, c’est un personnage sans réel relief derrière lequel j’ai eu du mal à voir l’artiste. Elle n’est pas spécialement attachante. En fait, elle est un peu terne. Mais c’est sans doute proche de l’image que l'Histoire a d’elle. Lee est un peu pareil niveau bonté. C’est un humaniste qui a cherché pendant 20 ans à l’oublier. Il a plus de mal à cacher ses sentiments, il est chaleureux. Cela ne fait pas de lui un personnage ultra attachant non plus. Car les deux personnages ne sont pas très complexes en réalité, pas super riches donc. Le mari de Saimdang est insupportable et ne sert pas à grand chose à part apporter un élément qui se veut comique mais qui est juste insupportable. Pourtant, il devient émouvant dans la scène où Saimdang fait son mea culpa (ben oui, Saimdang, c’est un peu Jésus). Finalement, ceux qui ont retenu mon attention, c’est Hieuwdang, la fille jalouse qui déteste Saimdang car elle veut Lee. La comédienne surjoue un peu, mais le personnage est joli et intéressant. Et surtout le roi Joonjong, qui passe de souverain soucieux de ses sujets à comploteur isolé dans son palais. Sa dernière apparition sur le trône, visage gris et émacié, son costume noir et or se confondant avec son environnement, est très éloquente.


La série est très romanesque (trop) bien sûr et de nombreux rebondissements viennent perturber l’existence tranquille de Saimdang, avec son lot de méchants (les deux purs méchants de la série s’appellent d’ailleurs tous les deux Min (“mean” en anglais = méchant). Bon, on est dans un drama et il faut bien justifier cette impossible histoire d’amour, même si les décisions du roi sont un peu incompréhensibles et semblent n’être là que pour aider les scénaristes à aller là où ils veulent aller sans se préoccuper toujours de la crédibilité… Et il y a des nombreux -très- nombreux retours en arrière avec beaucoup de redites… Et au final, il y a beaucoup de clichés et la série est trop sirupeuse pour être vraiment passionnante historiquement. Après, il est vrai qu'elle a quand même le mérite de rendre un hommage à la vraie Saimdang, et invite le spectateur à approfondir sa connaissance de son oeuvre et son histoire...


De même, l’évocation de la création du papier est intéressante et montre toute l’importance de cette découverte dans le poids économique du pays (c’est amusant de constater que les Chinois viennent en Corée acheter du papier renommé (le fameux papier Goryeo) alors que c’est eux qui ont inventé le papier à la base.


Pour résumer :
-un manque d’équilibre entre les deux époques du drama
-une histoire d’amour sans émotion
-un scénario trop cliché et sucré
-des personnages manquant de vitalité
-des situations un peu redondantes et des répétitions
-un manque de passion et de poésie dans la vision de l’art
-une évocation trop légère de l’art de Saimdang
-un visuel trop terne


*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094

ElizzZed
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Créée

le 26 sept. 2021

Critique lue 309 fois

Aglaé Brisetin

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