Perry est magique

Saison 1 : 8/10

Pour le jeune public, Perry Mason n'est sans doute pas le héros télé le plus glamour, et peut même souffrir d'une image ringarde, surtout en France où le personnage de roman imaginé par Erle Stanley Gardner ne bénéficie pas de la même aura qu'aux Etats-Unis.
Pourtant, HBO décide d'offrir une origin story au célèbre avocat immortalisé par l'acteur Raymond Burr, et ce nouveau "Perry Mason" est une très belle réussite.

La reconstitution magnifique du Los Angeles prospère des années 30 (alors que l'Amérique traverse la Grande Dépression) offre à la série une atmosphère incroyable - soulignée par une photo splendide - d'autant que les scénaristes multiplient les clins d'oeil au réel (par exemple Chubby Carmichael en avatar de Fatty).

D'autre part, l'interprétation s'avère excellente autour d'un duo vraiment attachant, composé de Matthew Rhys et de la révélation Juliet Rylance, avec une pléiade de seconds rôles remarquables (Shea Wingham, John Lithgow, Tatiana Maslany, Lili Taylor, Chris Chalk...).

L'intrigue articulée autour du kidnapping d'un bébé (inspirée d'une véritable affaire de l'époque) se révèle parfois très sombre : le show est émaillé de violence et propose un ton résolument adulte, tout en restant divertissant et en n'omettant pas quelques pointes d'humour.

A part quelques facilités (le détective crasseux et aviné passe l'examen du barreau en un clin d'œil), je ne vois pas grand chose à reprocher à cette nouvelle mouture de "Perry Mason", dont on souhaite qu'elle se poursuive durant plusieurs années si les auteurs parviennent à maintenir une telle qualité.

Saison 2 : 6/10

Après une très belle saison initiale, ce deuxième opus des enquêtes du jeune Perry Mason m'aura plutôt déçu. Si l'ensemble constitue toujours un divertissement sympathique, rehaussé par une mise en scène cinématographique, bénéficiant de gros moyens (voir la reconstitution somptueuse du LA des années 30), la série donne l'impression de ronronner.

Sur le plan narratif, cette enquête autour du meurtre du fils d'un riche industriel local ne passionne jamais : l'entame est laborieuse, les rebondissements rares, et on devine en un clin d'œil qui seront les méchants de l'histoire. D'ailleurs la saison 2 a été réduite de deux épisodes par rapport à la première (qui en comptait 10), signe d'une ambition narrative revue à la baisse.

Les nouveaux personnages secondaires m'ont semblé très stéréotypés, à l'image de l'arrogant Rydell McCutcheon, ou des frères Gallardo, un peu trop parfaits. Quant à Katherine Waterston, qui incarne le love interest du héros, je ne suis définitivement pas sensible à son charme, encore moins avec cette coiffure old school.

Reste heureusement la distribution originelle, dominée par la douce Juliet Rylance dans la peau de Della Street, qui vole un peu la vedette à Matthew Rhys dans le rôle-titre. Chris Chalk et Shea Wingham sont toujours de la partie, formant avec les deux personnages précités une équipe de choc aussi hétéroclite qu'attachante.

Les showrunners devront toutefois veiller à muscler la dimension judiciaire et policière de leur série si HBO commande une troisième saison, sous peine de voir "Perry Mason" rejoindre la masse des divertissements télévisuels vite vus et vite oubliés.