Painkiller
6.9
Painkiller

Série Netflix (2023)

Voir la série

Netflix, producteur par ailleurs du film Marchands de douleur (que je n'ai pas encore vu), semble avec Painkiller s'inscrire dans ce qui est en train de devenir un genre à part entière, inauguré par l'excellent Dopesick (Hulu) : les œuvres portant sur l'oxycodone, à l'origine des ravages causés par la diffusion des opioïdes aux États-Unis, se multiplient.

Ce qui est bien, assurément, mais ne va pas sans effet de redondance. Mais cette crise n'est pas terminée, loin de là. Dès lors ces œuvres sont-elles pédagogiques, dénonciatrices, désespérées ? À chacun de se faire son opinion, mais ce qui est certain, c'est que ce n'est camais guilleret.

Et que si l'interprète de Richard Sackler change d'une œuvre à l'autre, il est toujours à peu près dépeint de la même façon : un type affamé de fric, froid, sans affect. Avec une armée de sous-fifres prêts à le protéger, lui et son mode de vie luxueux.

Plutôt que de partir sur une analyse comparée, dont je serais du reste bien incapable (il faudrait voir tout cela à la suite), je vais me concentrer sur les qualités et les quelques défauts de la présente série.

Les personnages centraux sont :

  • Glen Kryger le brave père de famille, propriétaire d'un garage, victime d'un grave accident, et qui devient addict au painkiller — dont on ne connaît pas encore le caractère addictif ;
  • Edie Flowers, la fonctionnaire opiniâtre de l'attorney chargé d'enquêter sur Purdue Industry, la société de Sackler, qui joue le rôle de voix off et résume l'enquête à laquelle elle a participé — on devine que les résultats n'ont pas été brillants ;
  • Shannon Schaeffer et une autre poupée Barbie, sales rep de Purdue, chargées de démarcher les médecins pour les convaincre de prescrire l'oxycodone, d'en prescrire de plus en plus, en plus grande quantité — par pur appât du gain, et richement rémunérées en conséquence.

La promesse de l'oxycodone : soulager les douleurs (kill the pain, quoi). Le mensonge de l'oxycodone : être moins addictif que les autres opioïdes, parce qu'il n'y a que deux prises par jour, toutes les douze heures.

Tous les éléments du discours marketing et les propos pseudo scientifiques auront bon être démontés un par un, le mal est fait. Certains patients en manque de prescription dévalisent les pharmacies ; l'usage d'oxycodone pilée, inhalée comme de la cocaïne, se répand. La résistance acquise face aux effets du traitement conduit à augmenter les doses, et les fameuses prises espacées de douze heures deviennent bientôt un argument risible, démenti par la réalité de l'addiction, violente.

Bref : les prescription drugs deviennent drugs, tout court.

Purdue explique que c'est la faute des addicts, pas du produit utilisé "normalement", comme il est prescrit.

Je ne poursuivrai pas le résumé, la série est courte donc je risque de tout raconter. Mais je dirais que je reste un peu sur ma faim.

Peut-être l'excès de séquences au montage hectic, sur fond de musique trépidante.

Peut-être l'impression de savoir à l'avance, dans beaucoup de situations, ce qui va se passer.

Peut-être simplement Painkiller souffre-t-il de la comparaison avec Dopesick, pain à surprendre, à prouver sa valeur ajoutée.

Peut-être est-ce simplement une série assez convenue, pas du tout désagréable mais dont la fin, faiblarde, illustre le peu d'enjeu de l'ensemble.

Mathieu-Erre
6
Écrit par

Créée

le 21 janv. 2024

Modifiée

le 21 janv. 2024

Critique lue 35 fois

Mathieu Erre

Écrit par

Critique lue 35 fois

D'autres avis sur Painkiller

Painkiller
JulesDestieu
6

La mort a petit feu

Quel dommage, cette série commençait tellement bien.J’étais très impatient de voir un point de vue autre que « dopesick » qui m’a scotché.La serie n’apporte rien de plus que dopesick, elle se veut...

le 20 août 2023

3 j'aime

Painkiller
JeanChien
5

J'aurais préféré un reportage.

En fait le seule truc que j'ai vraiment trouvé bien c'est le sujet de la série. La réalisation est pas top, tout est filmé de manière conventionnelle. Mieux vaut voir un reportage sur les opacités...

le 17 août 2023

2 j'aime

Painkiller
alberto-Little
8

Drama pur US

Un régal cette mini-série sur une horreur typiquement Américaine, au début tout-va-bien pour les patients puis à l’arrêt du traitement c’est la chute vertigineuse, Ils deviennent toxicos,...

le 24 avr. 2024

Du même critique

Baldur's Gate III
Mathieu-Erre
10

À la porte de Baldur, guette la démesure

Après ces références absolues que furent Baldur's Gate I, en 1998, et Baldur's Gate II : Shadows of Amn, en 2000 — je n'évoquerai pas des suites ou add-on plus ou moins ineptes — vingt-cinq ans, ça...

le 11 déc. 2023

10 j'aime

20

Il reste encore demain
Mathieu-Erre
7

Une fable féministe et feel good

Il est difficile de comprendre pourquoi ce film a fait un tel carton en Italie. Un carton historique, même, battant tous les records d'entrée : un phénomène de société, dirait un journaliste.De notre...

le 14 mars 2024

9 j'aime

Babylon
Mathieu-Erre
2

Run, you fools !!

Ce sera une CRITIQUE AVEC SPOILER.Grand fan de La la land, je vais voir Babylon, pour ainsi dire, la fleur au fusil : sans lire de critiques qui spoilent, en me fiant à la note élevée de SC (7,7,...

le 27 juil. 2023

3 j'aime