Neon Genesis Evangelion
7.9
Neon Genesis Evangelion

Anime (mangas) TV Tokyo (1995)

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Evangelion est un classique. Je ne me voyais pas commencer cette critique autrement tant l'affirmation parait évidente surtout en 2016 où avec le recul dont nous disposons on s'aperçoit bien que le titre a largement eu le temps de prouver l'influence qu'il a eu sur l'intégralité de la japanimation voir de la culture geek-otaku tout court.
Alors comme un classique, Neon Genesis Evangelion doit se savourer dans un certain état d'esprit. Il faut en visionnant cette œuvre phare pour toute une génération, remettre dans le contexte des ficelles narratives aujourd'hui dépassée et des plans réutilisés à foison, preuve d'un certains manque de budget du studio Gainax, pour apprécier à sa juste valeur la série qui fit exploser le phénomène de l'animation dans le monde.


Il est au final assez difficile de savoir où voulez en venir Hideaki Anno avec Evangelion. En croisant symbole judéo-chrétien et kabbalistiques toutes les trois scènes et répliques, thèse de Freud et de Jung, personnages charismatiques mais torturés et robots géants, le réalisateur semble toujours partir dans tous les sens et pourtant il n'en est rien. En effet l'anime profite d'une étonnante cohérence et d'un univers très développé sans jamais tomber dans la surenchère. L’œuvre aborde en seulement 26 épisodes un tas de problématiques et de thèmes sans jamais se perdre dans des longueurs inutiles ou des idées qu'elle ne maitriserait pas.


L'une des grandes forces de la série est ses personnages principaux. Au nombre de 3 à savoir le trio de pilotes des Eva (les fameux robots géants).
Ils sont chacun à la limite de l'allégorie d'une manière de réagir face aux situations de la vie. Shinji représente le jeune homme craignant par dessus tout le regard et le jugement des autres, Rei est la jeune fille introvertie et renfermée sur elle même et enfin Asuka incarne l’extraversion pure, la vanité et la joie de façade. Leur évolution est particulièrement intéressante à suivre puisque le destin du monde repose sur leur frêle épaules et en apprenant à les connaître on comprend mieux leurs défauts qui nous les rendaient presque désagréable au début du récit.


Le chant du cygne de Anno comporte différents messages dont certains sont véhiculés par les fans eux même qui vont parfois donnés à l’œuvre des qualités qu'elle n'a pas. En effet d'aucun considère que la série propose une réflexion poussée sur les croyances et la religion. Il n'en est rien puisque les réalisateurs eux même ont avoués avoir pris des éléments des religions monothéistes pour le côté exotique et mystique. Au contraire l’œuvre se veut très centrée sur l'humain et sa nature, notamment concernant le psychisme et l'inconscient. On remarque de nombreuses idées narratives exploitant les idées d'inconscient, de complexe d'Œdipe ou de pulsion et souvenirs refoulés. La mise en abîme fonctionne parfaitement et la série tourne alors au malsain lors de certaines scènes. (cf masturbation pour les connaisseurs)


En fait Hideaki Anno a avec Evangelion cristallisé tout le dégoût qu'il avait de son "lui" du passé. La série est une œuvre paradoxale qui exprime explicitement son désamour du mode de vie otaku qu'il a lui même connu durant toute son adolescence. Pourtant c'est bien celle-ci qui va grâce à son succès dément (phénomène social au Japon, deuxième anime le plus vendu de l'histoire) faire connaître le genre mecha en Europe et en Amérique. Du côté de critères plus terre à terre, l'animation est parfaite est met magnifiquement en valeur les combats entres les anges et les eva d'une violence grandissante au fil des épisodes. La musique est aussi grandiose avec des thèmes spécifiques géniaux et l'utilisation des grands airs de la musique classique notamment de Beethoven et de Bach lors de certains affrontements d'anthologie.


En résumé il vous faut voir Evangelion pour commencer ou compléter une culture au niveau de l'animation japonaise. Passer le cap des tout premiers épisodes un peu trop classiques, se déroule sous nos yeux une œuvre raffinée aussi bon sur la forme que le fond.

Archinov
9
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le 23 déc. 2016

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