Moonlight
5.7
Moonlight

Série CBS (2007)

Une bonne série ? Non mais pleine de charme pour les amateurs de Vampires

Après un troisième visionnage de cette série, je reste sous son charme ! Moonlight est-elle une série avec un bon scénario ? Non, très basique même. Moonlight renouvelle-t-elle le mythe du vampire ? Non plus. Et pourtant...


Avant d'essayer d'expliquer aux plus incrédules ce qui peut bien me plaire dans cette série que tant dénigrent, je vais rapidement concéder bien des points aux détracteurs de celle-ci. Pour tenter de pousser un maximum de gens à apprécier le charme qui subsiste dans cette série, il me semble devoir être très honnête sur ses défauts, ces malheureuses caractéristiques qui risquent de faire lever bien des yeux au ciel à bien des spectateurs d'aujourd'hui.


Tout d'abord le format de la narration reprend un format aujourd'hui éculé, qui continue à produire quelques agréables divertissements de temps à autres mais qui produit la plupart du temps des séries de bien piètres qualités et tendant à répéter éternellement un même schéma. Moonlight appartient en effet aux séries policières de type "Consultant". Un personnage original, avec des capacités relativement extraordinaires vient enquêter principalement sur une série de meurtres. Ici, la particularité du héros tient à sa nature de Vampire et ses capacités spéciales en découlent. Terrain familier, on retrouve malheureusement des épisodes bien trop indépendants malgré plusieurs fils rouges successifs.
Bien entendu les épisodes indépendants permettent rarement aux séries de développer une intrigue ou des intrigues de fond réellement intéressants. Cependant, un fil rouge permet quelques fois à de telles narrations de traiter une problématique de manière diffuse tout en nourrissant l'intérêt du spectateur. En regardant cependant Moonlight et malgré quelques fils rouges successifs, on oublie cependant rarement ce caractère épisode à cause d'un scénario cousu de fils d'une autre couleur, des fils blancs.... (Mouhahahahaha ! Suis-je le seul à apprécier mes propres calembours ? Probablement ! ) Si chaque enquête prise indépendamment se révèle correcte, l'omniprésence de la thématique vampirique, les rend des plus douteuses. En effet malgré le caractère indépendant et aléatoire des enquêtes successives auxquelles participe le personnage principal, toutes semblent liées aux vampires, vrais vampires, faux vampires, vampire coupable, vampire innocent. Ils sont omniprésents comme par hasard. Ces innombrables coïncidences m'ont malheureusement régulièrement empêché de consentir à la fameuse suspension de mon incrédulité !
L'héroïne représente selon moi un autre point noir de la série Sophia Myles dont le jeu ne convainc pas toujours. L'actrice manque clairement de charisme pour donner corps à l'écriture un peu trop simple du personnage. Sa capacité à accepter sans sourciller la nature surnaturelle du héros, sans peur mais surtout sans tension, ni désir, ni frustration, ni appréhension, ajoute à ces fils blancs narratifs. Un jeu plus intense, plus fébrile ou plus électrique aurait permis de justifier le personnage.
Outre ces défauts, la série enrichit-elle la mythologie vampirique en révolutionnant l'approche de la créature ? Là encore, je ne peux pas affirmer que c'est le cas. Déjà mentionnées dans de précédentes critiques, je ferai donc court ici, trois perspectives posées sur nos amis aux longues canines cohabitent aujourd'hui et parfois s'entremêlent. La première introduite par Bram Stocker introduit une créature fondamentalement érotique et plongé dans un solitude tourmentée mais monolithique. La seconde insiste surtout sur la sauvagerie horrifique et animale d'une créature violente ayant quasiment perdu tout humanité. Enfin la troisième développée par Anne Rice au milieu des années 70 révolutionne l'approche du mythe en lui donnant un caractère plus complexe. Le vampire n'est plus alors une structure mentale immuable, défini par sa simple nature ou par son passé humain. Dracula est une créature figé dans le passé qui traverse le temps sans changer, les vampires horrifiques tels qu'on les retrouve par exemple dans la série actuelle The Strain ou From Dusk Till, n'étant quasiment plus qu'une espèce animale. Mais si le vampire d'Anne Rice propose une nature particulière, violente et en partie seulement aliénante, chaque conscience particulière s'adapte à cette nature harmonieusement, ou de manière au contraire et souvent même très conflictuelle ! Bien qu'Anne Rice ait traité dans ses chroniques des vampires un certain nombre de cas, le premier roman influença définitivement largement la production actuelle grâce à son binôme de vampires opposés Lestat et Armand. Le premier acceptant et jouissant de sa nature pervertie, le second ne cessant de culpabiliser et aspirant à l'humanité. Ce binôme est si efficace, qu'il influença presque toutes les séries de vampire, présentant ses propres versions, Angel et Spike, Damon et Stefan, Eric Northman et Bill Compton, trois binômes de séries aux succès certains. Moonlight présente sa propre version avec notre héros Mick St. John et son meilleur ami Josef Kostan. Les problématiques abordées sont finalement les mêmes, l'amour dans la durée, l'amour sans enfants, s'aimer en vivant dans des mondes différents... Cette perspective déjà vue en rebutera certains, d'autres regretteront surtout l'absence du côté horrifique et la vision finalement non manichéenne du vampire. Oui, de telles oeuvres de vampire apparaissent à l'heure actuelle moins subversive si elle ne présente pas le vampire comme un monstre effrayant avant tout. Cependant, je rejette personnellement régulièrement cette critique car tout amateur du mythe vampirique sait qu'en réalité ces versions n'ont jamais été les plus intéressantes, au contraire. Elles peuvent simplement être plus impressionnantes. La réalité, c'est qu'éviter la problématique amoureuse apparaît chez trop de gens comme un moyen d'éviter la niaiserie. Les visions pessimistes tendent à plaire particulièrement au nihilisme et au scepticisme d'une société juvénile, et particulièrement dans les récits fantastiques qui devraient justifier leur absence de réalisme par l'horreur.
Enfin, une autre faiblesse choquera énormément, les limites des effets spéciaux utilisés. Pourtant de 2007, la série s'offre des effets spéciaux datés, typiques au mieux du débuts des années 2000. De tels effets spéciaux dans une série fantastique exhibent de manière flagrante leurs artifices. Le décalage, marqué par un contraste insolite, prouve le côté factice d'un surnaturel, qu'on qualifiera volontiers de kitsch. Bien des gens seront réfractaires à une série fantastique, qui n'arrive pas à faire oublier son absence de réalisme.


Cette série vous aura peut-être déjà convaincu de sa médiocrité, l'essentiel de ma critique aura peut-être ancré en vous cette certitude. Si pour autant, vous avez la bonté de vouloir laisser à cette série sa chance, mes explications suivantes pourront peut-être attiser votre bienveillance. Voici en tout cas les raisons qui me font personnellement apprécier cette série.
Avouons-le, ma bienveillance est toujours à son maximum face aux films, romans, séries, animes... de vampire. Fasciné par ce mythe intemporel et puissant, j'y trouve très souvent quelques saveur. Et cette série a un charme auquel j'ai été naturellement sensible au-delà de la thématique vampirique. Je n'apprécie pas spécialement les nanars, je n'aime pas ce deuxième degré ridicule, cependant la simplicité d'un premier degré assumé me plait régulièrement. Et j'ai adoré énormément d'effets spéciaux de cette série. L'apparence des vampires transformée est quelque peu décevante, trop simpliste, mais l'aspect daté des déplacement surnaturels, des arrières plans réguliers donnent au visuel un aspect terriblement cool selon moi. Oui, c'est artificiel, on y croit pas une seconde. Les fonds verts contrastent énormément avec le reste de la mise en scène. Mais ces artifices n'en sont pas moins relativement beau, le contraste même crée un effet de distance, paradoxalement sans profondeur, qui donne une véritable personnalité faisant ressortir la mise en scène, notamment régulièrement la vue en fond de la ville et du ciel de nuit du haut d'un gratte-ciel. Le plus flagrant restera ce font vert lors des scènes en voitures, laissant défiler le paysage. Certaines séries datant de trente ans cachaient mieux l'artifice. Mais là encore, le traitement de l'image peu réaliste crée une décalage très cool. Outre le côté année 90 rafraichissant qu'apporte ce contraste, cela permet à la série d'assumer autrement l'aspect fantastique, introduisant le surnaturel d'une manière diffuse. Chaque balade en voiture devient un Road Trip nostalgique. Cette irruption du passé entre en adéquation avec l'étrangeté du vampire qui est par essence créature du passé, une créature voyageant anormalement dans le temps avec une certaine inertie. Alors ce que beaucoup qualifieraient d'effets spéciaux ratés, concrétise de manière évidente, ou du moins visuellement flagrant un perpétuel mouvement vers l'avant mû par une anormal force d'inertie. Ce charme visuel très "Nineties" s'accompagne d'une même énergie auditive grâce à une bande son rock composée de morceaux bien connus et efficaces, mais aussi de thèmes originaux d'ambiance plaçant efficacement l'ambiance.
En plus des effets spéciaux propres aux mouvements surnaturels des vampires, la gestuelle d'Alex O'Loughlin instaure à son personnage l'étrangeté qu'on attend d'un vampire. C'est en mêlant habilement élégance et décontraction que le héros acquiert très souvent un charisme particulier efficace. Les vampires sont d'ailleurs les personnages les plus réussis dans cette série. Si le scénario n'explique malheureusement pas leur omniprésence, comme dit précédemment, leur réussite et leur variété rend celle-ci plus appréciable. D'ailleurs, si comme nous l'avons mentionné avant cette série ne révolutionne pas l'approche vampirique, notamment par son binôme, il faut admettre l'efficacité de ce "cliché". Les séries reposant sur celui-ci sont d'ailleurs devenus des succès d'autant plus grandissant que s'imposait ce binôme. True Blood voit ses audiences augmenter alors que le personnage d'Eric Northmann gagne en importance, la série vampire Diaries attise les discussions des fans qui prennent parti pour l'un ou l'autre, et Spike s'est imposé comme le personnage le plus charismatique de Buffy. Bref, si ce cliché est tant utilisé, c'est qu'il ne s'use guère et garde son efficacité. Et d'ailleurs n'oublions pas que la mode des vampires et de deux premières séries mentionnées sont postérieurs à Moonlight. Certes, donc, la série n'invente rien mais elle ne reprend pas un topos déjà maintes fois copié à l'époque. Jason Dohring incarnant le second vampire du binôme, bien qu'en léger retrait, m'a fortement marqué lors de mon premier visionnage. Si mes visionnages ultérieurs ont quelque peu atténué ma bonne impression, il n'en reste pas moins convaincant et son personnage rafraichissant ! Même si j'ai toujours particulièrement apprécié les vampires à la moralité élastique. L'ex-femme du héros est aussi par sa beauté, un personnage attrayant.


Malgré ses défauts évidents, cette série conserve donc un véritable charme et devrait plaire aux amateurs de séries fantastiques et de vampires, tant qu'ils ne sont pas allergique au format policier et ni aux effets spéciaux datés. J'aime à croire que cette série se serait probablement bonifiée au fil des saisons, malheureusement comme beaucoup de nouvelles séries, elle pâtit l'année de sa sortie de la gréve des scénariste américains. Malheureusement pour elle, celle-ci lui fut fatale.

Vy Ty

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

2

D'autres avis sur Moonlight

Moonlight
NєσLαιη
7

◥ La lune toujours aussi bénéfique

Me rappelle avoir passé des très bons moments. Vous allez vous dire oui mais voilà encore une série sur les vampires, je commence à en avoir ras les crocs. Et bien je vous dis avec insistance de pas...

le 31 oct. 2016

1 j'aime

Moonlight
steph02
10

"Engendre-moi ! "

Une série qui sortait de l'ordinaire mais qui à vu le jour bien trop tôt et n'a pas rencontrer le succès qu'elle aurait du avoir dès son début... Une histoire sans loup-garou, sorcières ou autre...

le 17 août 2014

1 j'aime

Moonlight
Roland_Comte
8

Non, Mick n'est pas angel, même s'il est un vampire et exerce le même métier !

Un vampire détective privé, ça vous rappelle forcément quelqu’un, non ? Mais si, Angel, le vampire qui a une âme. La comparaison s’arrête là cependant car Moonlight est beaucoup moins sombre et son...

le 2 mars 2015

1 j'aime

Du même critique

Death Note
Vyty
6

Une adaptation catastrophique mais un film simplement médiocre

Il faut avouer qu'on a rarement vu un film netflix autant descendu sur ce site : des critiques quasi-unanimement à charge et un 3,8 de moyenne !!!! Est-ce bien mérité ? Je ne pense pas. Il est...

le 31 août 2017

20 j'aime

Cursed : La Rebelle
Vyty
7

Beaucoup de clichés pour des bases paradoxalement très intéressantes a priori.

Curieux de la saison 2 de cette adaptation Arthurienne même si un Arthur noir m'a déboussolé autant que l'idylle entre Arthur et Nimue, (Vivianne, la Dame du lac), placée en héroïne principale... La...

le 20 juil. 2020

19 j'aime

Trigun
Vyty
7

Un sacré potentiel inexploité

Je viens tout juste de revisionner cette série pour la troisième fois. Et c'est toujours la même phrase qui me revient : Quel dommage ! Cet animé avait tout pour plaire, des personnages très...

le 29 déc. 2012

19 j'aime

3