Mobile Suit Gundam
7.9
Mobile Suit Gundam

Anime (mangas) TV Asahi (1979)

Enflamme-toi! Envole toi! Héros mécanique...Notre Gundam!

Sans être un grand consommateur d’animés, j’éprouve une affection particulière pour les séries des années 80 en provenance du Japon et leur patte visuelle reconnaissable au premier coup d’œil; bien que je ne possède pas les connaissances techniques pour expliciter davantage ce sentiment (hormis une nostalgie éventuelle des dessins animés de mon enfance mais je ne pense pas qu’il s’agisse simplement de cela) ; de ce fait, j’ai toujours été curieux de découvrir la version originelle de Gundam, œuvre fondatrice d’une des licences les plus prolifiques de l’imaginaire nippon, même s’il convient de rappeler que cette première itération ne fut pas forcément couronnée de succès en son temps, en étant finalement raccourcie à une quarantaine d’épisodes (au lieu de la cinquantaine prévue) avant que le bouche à oreille et le succès bien plus important de sa suite ne lui confèrent un statut culte au fil des décennies. Longuement restée inédite en France, hormis les trois films qui résument (avec perte et fracas ?) sa trame narrative, la série est désormais disponible sur Crunchyroll et j’étais assez intrigué de voir si les années avaient terni son éclat ou si ce Gundam premier du nom était encore digne d’intérêt aujourd’hui.


M’étant très peu renseigné sur le scénario de cette ancienne série (hormis la présence de Toru-Seiya-Furuya au casting), je ne savais vraiment pas dans quoi je mettais les pieds et à ce titre, je dois bien avouer avoir été très agréablement surpris par la gravité présente dès cette première version animée du célèbre Mécha : la guerre c’est moche et les pertes civiles s’accumulent brutalement dès le premier épisode sans laisser le temps à nos héros infortunés d’enterrer leurs proches ; si des adolescents sont ainsi contraints de prendre les armes, c’est bien parce que les adultes sont tombés au combat ou portés disparus ; bref, en dépit de l’évidente démarche mercantile associée à ces robots transformables, la série ne fait guère preuve d’infantilisation envers son public et malgré une violence bien plus timorée que les animés actuels, le premier épisode pose déjà les bases d’un conflit amer où les combattants seront autant malmenés physiquement que psychologiquement. La première partie du récit s’avère même excellente pour dépeindre la formation en catastrophe d’un équipage soudé par le désespoir ; tandis que certains tentent encore de surmonter leur deuil, d’autres s’improvisent pilotes avec les moyens du bord tandis que leur meneur improvisé Bright (avec la voix de Shiryu du Dragon donc forcément, mon préféré !) essaie tant bien que mal de fédérer cette équipe juvénile autour d’une cause commune, malgré les pesantes responsabilités qui lui incombent désormais en tant que commandant du White Base. L’animation est certes assez sommaire par moments, avec un recyclage fréquent de séquences de pilotages, mais la série démontre une vraie efficacité pour dépeindre des combats spatiaux dynamiques et assez virtuoses (les affrontements terrestres souffrant d’une mise en scène moins inspirée) ; la comparaison n’a peut être pas lieu d’être mais j’ai maintes fois songé à la série BattleStar Galactica côté Occident, avec cette sempiternelle fuite en avant face à un ennemi qui n’accorde aucun répit à un équipage déjà déchiré par des tensions internes ; la série étant de manière globale bien plus orientée Space Opera qu’un Gundam Wing et ses archétypes de personnages Shonen très Saint Seiya.


Les batailles s’enchainent inlassablement, on est content quand les héros parviennent à s’en sortir in-extremis par une pirouette d’Amuro et on chiale avec eux quand un de leurs camarades finit par crever définitivement ; parce que la guerre, oui, ça reste une belle saloperie. Rien de bouleversant dans la structure donc mais une vraie efficacité d’un divertissement qui ne tergiverse pas trop en temps morts ; à la manière d’un JRPG, nos héros vont ainsi affronter un adversaire principal à chaque étape charnière du récit, des ennemis pas spécialement nuancés par rapports à nos standards actuels mais déjà bien moins manichéens que les productions occidentales de l’époque: si Char est resté dans la légende pour ses nombreux héritiers spirituels (le blond avec un casque et une sœur disparue, c’était déjà lui), j’ai à ce titre une affection particulière pour le couple passionné de combattants chevronnés qui s’oppose à nos héros durant le deuxième quart de leurs péripéties. Les épisodes s’enchainent et la série jongle efficacement entre moments de bravoure et séquences poignantes, entre passages obligés et ruptures inattendues, parvenant même à conférer une tension à la séquence d’assemblage qui caractérise la structure du Gundam ; bref, la série se veut vraiment portée par une dramatisation inconcevable déjà en son temps pour une série animée occidentale et en cela, elle supporte plutôt bien le poids des décennies.


Beaucoup d’éloges donc mais malheureusement, je peux facilement comprendre la perte de popularité de la série en son temps tant elle peine grandement à renouveler son propos à partir de sa deuxième moitié (grosso merdo lorsque le White Base posera ses valises en Irlande du Nord). Ce premier Gundam va ainsi s’engluer dans une structure redondante et multiplier les prétextes narratifs pour légitimer cette stagnation : pourquoi le White Base se retrouve encore seul contre tous ? Qu’est ce que les trois enfants mascottes foutent encore sur un navire militaire après une trentaine d’épisodes ? Pourquoi Amuro continue de pleurer l’injustice de son sort ? Etc etc le tout sans que les relations au sein de l’équipage n’évoluent de manière drastique (hormis une romance foireuse sortie du chapeau des scénaristes) et surtout que le portrait politique du camp adverse soit à peine esquissé (malgré des prémisses alléchantes en la matière). C’est bien dommage car on sent que la série n’ose plus vraiment franchir un cap dans sa narration à partir de ce stade ; Amuro ne cesse de se plaindre de leurs malheurs et de l’indifférence de l’armée à leur égard mais sans jamais plus vraiment contester la hiérarchie militaire qui ne sert impunément du White Base comme appât (car le récit véhicule malgré tout un idéal de sacrifice patriotique, on ne va pas se mentir là-dessus). Une baisse de régime fort heureusement compensée par un sursaut de créativité durant la dernière ligne droite de la série qui témoigne par ailleurs d’une belle évolution technique ; certains épisodes s’avèrent en effet bien plus ambitieux visuellement tandis que la série va insuffler à son imaginaire une composante mystique très Star Warsienne qui offrira occasionnellement de belles trouvailles de mise en scène dans ces ultimes affrontements ; certains épisodes s’accordant même une approche plus psychédélique dans leur esthétique.


Bref, c’est avec un plaisir irrégulier que j’ai suivi cette première itération des Gundam mais mon sentiment demeure indéniablement positif une fois arrivé à sa conclusion tumultueuse ; la série n’est pas transcendante dans son propos mais son ambiance Space Opera est néanmoins délectable, son équipage progressivement attachant et la série recèle de plusieurs fulgurances insoupçonnées, tant en matière d’affrontements spatiaux que de séquences dramatiques. Peut être pas de quoi me motiver de visionner l’intégralité des séries, films et OAV consacrés à ce Siècle Universel mais cette première itération m’a suffisamment intrigué pour que je visionne dans la foulée sa suite Zeta Gundam, bénéficiant apparemment d’une excellente réputation auprès des initiés. N’hésitez pas à accorder votre attention au moins à une poignée d’épisodes de ce premier Gundam par curiosité culturelle ; je pense que la série a encore quelques trésors d’ambiance à offrir encore aujourd’hui.


Et son générique défonce absolument tout.

Créée

le 19 juil. 2023

Critique lue 40 fois

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Leon9000

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