On s'est fait attraper au col par La Chose, direction la nouvelle série de Tim Burton qui suit (avec un plaisir non dissimulé) les années scolaires (plutôt mouvementées) de Wednesday Addams, et on ne sait pas bien ce qu'il s'est passé, mais on est resté figé dans notre fauteuil (les Gorgones n'y sont pour rien), dévorant les épisodes plus avidement qu'un loup-garou. La cause de cette sorcellerie ? Peut-être Jenna Ortega qui incarne à la perfection cette Wednesday (elle crève l'écran, avec ce regard insondable à la Helena Bonham Carter), la tendresse de Burton pour les "outsiders" qui lui attribue des émotions (ce qui nous a le plus plu de la série), le rythme qui est excellent (entre l'enquête, les affaires de cœur de Wednesday, les meurtres et les parents qui rajoutent une couche de problèmes... On ne s'ennuie pas), la musique de Danny Elfman (notre compositeur favori) qui nous a embarqué dès le générique de début (qui d'autre a appuyé sur le bouton "écouter le générique" à chaque fin d'épisode ? On est seul ?) combinée à un visuel définitivement burtonien (un peu trop par moments, les spirales du générique et le design de la vilaine créature sont des coups de coudes au fan assez visibles), la présence de Christina Ricci qui ravira les fans des films de Barry Sonnenfeld (pour notre part, ils n'ont jamais notre délire : personne n'est parfait), celle de Luis Guzman qui est une vision plus proche du comic d'origine (on sait, les fans de Sonnenfeld détestent, mais on ne peut s'empêcher de trouver Guzman impeccable en Gomez), les vannes réussies (les répliques cinglantes fusent), l'amie "joyeuse à outrance" de chambre qui est un parfait contre-point à Wednesday (on a craqué devant la scène finale
du câlin
... "Mooooh"). Vraiment, on s'est laissé porter par tout ce petit monde avec un entrain assumé, malgré les faiblesses de la série : l'écriture n'est pas très bonne car l'enquête repose sur des ressorts expédiés, parfois un peu gros, et un final qui enchaîne les règles du jeu récitées au fur et à mesure que cela arrange le scénario (beaucoup d'éléments sortent du chapeau sans aucune justification précédente), un design de la vilaine bébête pas très clinquant (dont on a deviné d'emblée l'identité réelle, adieu suspens... et doublé d'une animation assez ratée, critique partageable au loup-garou), et une ambiance "estudiantine" qui cherche souvent davantage le public-cible ado qu'adulte (mais difficile de lui en vouloir pour ça... On préfère largement que (presque) toute la famille - pas Addams - puisse assister aux épisodes, plutôt que de le réserver à un public averti avec un surplus de scènes angoissantes... Le côté tout public qui favorise le partage du visionnage nous convient amplement). Dernière info importante : il vaut mieux regarder la série en VO, car les jeux de mots sont difficiles à traduire (les traducteurs ont fait ce qu'ils ont pu, clairement) et une énigme qui s'appuie sur une charade est carrément intraduisible (les traducteurs ont lâché la barre, à ce stade, les pauvres...). Énigme qui, sans la dévoiler, nous a fait enthousiasmer plus que la décence l'impose sur sa solution (on ne s'attendait pas au fameux
"Snap twice"
en guise de réponse, on a vraiment aimé). Un moment fort de la série qu'on retient, calé entre la scène de danse démentielle qu'offre Jenna Ortega et la scène finale entre les deux colocs qui nous a fait fondre... On s'est très vite attaché à l'interprétation de Ortega et au regard sensible qu'y porte Burton, on a retrouvé un réalisateur qui nous manquait beaucoup. Ça mérite bien un "snap snap".