Marcella
6.8
Marcella

Série ITV1 (2016)

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Les séries qui font l’objet d’une coproduction entre les diffuseurs britanniques et le géant Netflix bénéficient d’une bien faible médiatisation. Et pourtant, il s’agit sûrement des meilleures productions de 2016. C’est le cas de Marcella, une série policière diffusée sur ITV, au scénario relativement classique mais qui fait passer une foule de messages importants sur des questions relatives à la diversité.


Marcella Backland (Anna Friel – Pushing Daisies, Limitless) est une ancienne sergente de police qui a mis un terme à sa carrière, 10 ans auparavant, après une affaire de tueur en série partiellement résolue. Alors que son mariage vole en éclat et que des meurtres similaire resurgissent, elle décide de reprendre l’insigne. La nouvelle victime n’est autre que l’héritière d’un empire familial immobilier, pour lequel Jason (Nicholas Pinnock), le (futur) ex-mari de Marcella travaille. De plus, la défunte était la maîtresse de Jason, et Marcella, qui a perdu toute mémoire de la nuit du meurtre, se retrouve sur une bande de vidéo surveillance d’une caméra des alentours à l’heure du crime. La résolution de cette nouvelle série de meurtres se heurtera donc à l’univers du grand capital, qui se soucie plus de la réduction des coûts que du respect des normes écologiques.


Avant d’entamer le récital dithyrambique à l’encontre de cette série, il convient de commencer par ce qui fâche. Comme précisé ci-dessus, c’est après avoir constaté que sa vie personnelle, de mère et d’épouse, est un désastre qu’elle décide de s’épanouir dans sa vie professionnelle, dans un désespoir presque névrosé. On se trouve en quelque sorte face au syndrome The Good Wife. Si généralement la suite prend un tournant féministe, mettant en place des femmes dans des positions de force, leur genèse peut être perçue comme sexiste, diffusant cette idée que c’est l’échec de la vie maritale qui mène les femmes vers leur vie professionnelle. Comme si, par nature, les femmes étaient destinées à se retrouver confinées au foyer, et que ce n’était que dans un second temps, comme un plan B après l’échec du premier, qu’elles pourraient s’accomplir professionnellement.


L’autre point qui fait tâche est cette diabolisation et dramatisation permanente du divorce avec parents, érigeant le modèle hétéro-parental comme seule figure acceptable pour élever un enfant. La normalisation du divorce dans les productions audiovisuelles pourrait permettre, par extension, une normalisation des familles mono-parentales et homo-parentales. Mais cela ne semble pas être pour tout de suite.


Bien entendu, ces deux éléments ne sont que des détails, que l’on oublie bien vite. La série s’illustre en effet par une diversité qui en ferait pâlir les étasuniens. Marcella est donc une femme, qui travaille en équipe avec une autre femme, Alex Dier (Charlie Covell – Cucumber, Banana, Tofu), à l’apparence androgyne, elles sont toutes les deux dirigées par deux inspecteurs racisés, Laura Porter (Nina Sosanya – Love Actually, Doctor Who) et Rav Sangha (Ray Panthaki) ; le mari de Marcella est également racisé, sa patronne, Sylvie Gibson (Sinéad Cusack – Queen and Country, V pour Vendetta), est une femme d’une puissance inégalée qui défie tous les schémas patriarcaux imaginables. Tous feront la rencontre d’un couple homosexuel présenté de la manière la plus naturelle qui soit, sans cliché, et sans intérêt particulier pour l’histoire. En somme, tout le monde est représenté, et pour une fois, l’homme blanc hétérosexuel devient la minorité (bien que techniquement, dans les rapports de domination, cela soit impossible, mais on se comprend). Une ode à la représentation des minorités, qui fait un bien fou, on avait jamais vu une telle représentation sans que ça ait rapport à un contexte particulier, qui plus est dans un genre tel que la série policière, qui le plus souvent ne comprend qu’un seul personnage féminin, qui joue un rôle secondaire.


Si le scénario demeure très classique, malgré la participation de Hans Rosenfeldt (notamment connu pour The Bridge), la série est globalement très revendicatrice. Outre le choix des personnages, on constate des dénonciations permanentes et explicites du racisme et du sexisme ; et l’on peut aussi percevoir des revendications écologique par la mention d’une grande société qui se joue totalement des normes environnementales.


Malgré un format très classique, Marcella est une petite pépite de cette année 2016, prouvant à la grande société de l’homme blanc que l’on peut introduire des femmes, des personnes racisées et des homosexuels sans que cela nuise à une quelconque cohérence ou à une prétendue « représentation fidèle de la société ».

Clepot
9
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Créée

le 2 déc. 2016

Critique lue 5.4K fois

6 j'aime

Clément Capot

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6

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