Suite aux échauffourées horrifiques dans l'antre de Bondrew, on retrouve notre petit trio d'explorateurs en direction du sixième niveau de l'Abysse. L'anime n'a rien perdu de sa superbe et offre un escapisme magistral. Les plans fourmillent de détails, les environnements sont colorés et fantaisistes, et le chara-design déborde d'originalité. Le studio Kinema Citrus poursuit cette adaptation fidèlement, en étalant une cohérence de créativité assez rare qui permet à Made In Abyss d'arborer une imagerie mémorable. Surtout que, derrière la poésie de ces décors, et l'attrait de ces designs gentillets, on y rencontre des créatures immorales, symptomatiques de la perte de l'humanité qui attend nos personnages à chaque pallier descendu. Le studio varie ses techniques d'animation pour rendre compte de la dissociation des créatures rencontrées avec la normalité. Ce qui rend cet anime toujours plus étrange et imprévisible, tout en étant jusqu'au-boutiste dans ses séquences partagées entre horreur viscérale (tant graphique que suggérée) et beauté onirique, dans un survivalisme toujours plus extrême.
Aucun épisode n'épargne le spectateur, et l'absence de censure force à contempler ces scènes effroyables, bien souvent gorgées d'émotion, comme on devait les encaisser dans un anime de la trempe de Fullmetal Alchemist. Le compositeur, Kevin Penkin, s'est également surpassé sur cette deuxième saison, faisant preuve d'une panoplie sonore éclectique et enchanteresse. On le trouve alors à aligner des envolées de cordes frottées poignantes et épiques, entre des partitions plus minimalistes et fragiles, ou bien à absorber l'étrangeté visuelle avec des mélanges Folk et percussifs. Ses combinaisons de musique Classique et Expérimentale rappellent à la fois Philip Glass et Geinoh Yamashirogumi et ajoutent cette aura intimiste et vibrante à l'anime. Sur tous les plans artistiques, c'est un régal et un travail choyé. Il faudra malheureusement attendre plusieurs années que Akihito Tsukushi poursuive son manga afin de descendre davantage dans les profondeurs de cet abysse qui, sur ces 12 épisodes, a quelque peu été mise de côté au profit de l'abîme tout aussi aliénant de la psyché humaine.