Un slice of life puriste et assumé

Lucky Star n’est pas un animé facile à aborder : il rebutera immédiatement bon nombre de personnes, la faute à son style moe/chibi niche, ses couleurs criardes, et sa manière très puriste d’aborder le genre slice of life. Mais une fois ces partis pris acceptés, on se rend compte de la qualité indéniable de cette série.

Racontant le quotidien de quatre jeunes filles et d’autres personnages sur leurs trois années de lycée dans les années 2000, Lucky Star frappe d’abord par le découpage abrupte et assumé de ses séquences. Les historiettes s’enchaînent à un rythme soutenu sans transitions, certaines démarrent même au milieu d’une discussion voire enchevêtrent les dialogues. L’ensemble d’un épisode est exigeant, il faut rester attentif pour capter chaque détail, chaque clin d’oeil, ce qui rend le binge watching impossible, du fait de l’indigestion qui arrive très vite. Un des nombreux parti pris de cette série que je trouve très bien pensé car il sert parfaitement le genre slice of life qui se retrouve ici réduit à sa plus pure essence.

Le découpage instantané de Lucky Star est couplé à une mise en scène réfléchie et de grande qualité. Idem pour l’animation : celle-ci est travaillée à la perfection, le style ultra-simpliste des personnages n’a pas rendu les animateurs de chez KyoAni fainéants qui, on le sait, sont extrêmement talentueux et le démontrent une fois de plus. La virtuosité de l’animation se dénote par sa discrétion, par sa capacité à traduire le plus léger mouvement avec justesse et précision.
Il faut aussi noter la profonde liberté du studio, par exemple lors l’émission post épisode « Lucky Channel » qui crève l’écran par son hilarité et son rapport méta à l’animé, ou bien les nombreux clin d’oeil savoureux à Haruhi Suzumiya du même studio et aux seiyus qui se déchaînent.

Tout cela tend à rendre Lucky Star profondément attachant parce que transpirant de passion. Kyoto Animation propose au spectateur un animé paradoxal et clivant où la narration, la mise en scène, le découpage, l’animation, tous dignes d’un très grand animé, rencontre abruptement un style de représentation codifié et quelque peu écœurant tout en restant extrêmement convaincant. Un véritable tour de force qu’on ne voit plus trop de nos jours…

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