Eros, Thanatos et une hache pour 2...

Malgré une famille aimante, une maison parfaite et une implication active à l’église, Candy Montgomery n’arrive pas à se débarrasser de son sentiment d’ennui. Après un échange chargé en émotion lors d'une partie de Volley avec un autre membre de l’église, Allan Gore, Candy trouve le frisson lié au risque qui manquait à sa vie. Leur liaison savamment préparée se déroule presque comme ils l’avaient planifiée, jusqu’à ce que Betty, l'épouse d'Allan, découvre leur secret... et que quelqu’un s’empare d’une hache

Love and death est une mini série américaine policière de 7 épisodes de David E. Kelley de 2023 basée sur le livre Evidence of Love: A True Story of Passion and Death in the Suburbs.

Elle s'inspire d'un fait divers qui avait défrayé les Etats-Unis dans les années 80 et qui avait déjà fait l'objet d'une adaptation en 5 épisodes, Candy, avec Jessica Biel.

Candy Montgomery, celle par qui le scandale arrive....

Love and death, c'est un peu comparable à du Bovarysme moderne et trash.

Le déroulement de l'intrigue est parfaitement chronologique. Il part de la naissance de la liaison entre Candy Montgomery et Allan Gore pour se terminer au tribunal.

Comparer cette nouvelle production à Candy 2022, c'est constater que le personnage interprété par Jessica Biel était plus sobre, moins autocentré et moins borderline , l'atmosphère plus authentiquement fin des seventies et la narration moins chronologique.

Au centre de l'intrigue, et de toute notre attention, il y a Candy Montgomery, mère de 3 enfants, très active dans le cadre de sa paroisse, cuisinière et femme d'entretien hors pair qui a énormément d'imagination....trop pour le petit patelin où elle s'ennuie fermement, elle incarne la frustration faite femme.

Le choix d'Elizabeth Olsen, de son joli minois et de son apparente fragilité ne sont pas un hasard. A la fois déterminée, proactive et féminine, elle capte l'attention et attire la lumière quoi qu'elle fasse. Prise d'une tocade pour Allan Gore (Jesse Plemons) qui la côtoie à la chorale de la paroisse et sur le terrain de volley ball, il faut pourtant qu'elle insiste lourdement pour que celui ci cède à ses avances. Elle l'invite régulièrement, déjeuner compris, à l'hôtel pour consommer leur liaison et de bons petits plats qu'elle a "mitonné". Vu l'apathie du personnage masculin et son physique plus que moyen, aucune femme ne devrait prendre autant de risques dans une petite ville où tout le monde se connait, mais Candy, en quête de transgressions, n'en a cure Pourtant, la charge mentale devient trop lourde pour Allan qui s'inquiète pour sa femme, même si les 2 amants se sont promis de ne pas quitter leur conjoint respectif. Il met un terme à la liaison et tente d'apaiser son épouse, éternelle anxieuse qui doute en permanence de la fidélité de son mari....

Candy se retrouve seule, elle accuse le coup mais les autres pères de famille ne sont pas vraiment attirants aux alentours. Pat, son mari, et elle même sont amis du couple Gore depuis longtemps. Betty, la femme d'Allan est toujours sur ses gardes en dépit d'une thérapie de couple visiblement réussie suivie avec Allan chez Vivre et aimer. Les voyant bavarder par la fenêtre, elle devine que Candy et Allan partagent beaucoup de complicité, peut être même un secret. Le 13 juin 1980, alors que Candy lui rend visite pour prendre des affaires de bain pour leur fille qui doit accompagner ses enfants à la piscine, Betty lui demande si Allan et Candy ont une liaison. Après un instant d'hésitation, elle reconnait que c'était le cas mais que c'est terminé. Betty se lève et revient du garage avec une hache. Une heure après, Candy visiblement éprouvée, sort de la maison, elle vient de prendre une douche. Elle continue sa journée comme si de rien n'était (Paroisse, cinéma avec les enfants, soirée en famille...).

Allan, parti en voyage d'affaires, s'inquiète, il cherche à joindre Betty en vain. Des voisins se déplacent et trouvent son cadavre dans la buanderie, elle a été assassinée après avoir reçu plusieurs coups de hache. Après quelques investigations de la police, Candy se retrouve inculpée de meurtre, elle plaide la légitime défense. Son mari apprend qu'elle l'a trompée mais la soutient. Elle apparait relookée en femme très sage au tribunal, défendue par son ami Don Crowder, avocat mais pas spécialisé en droit pénal. Le fil des évènements ayant abouti au meurtre est passé au crible lors du procès.

Névrose(s)

Love and death met en scène 2 femmes totalement névrosées.

Betty Gore est dépressive, soupçonneuse et sujette aux accès de violence, c'est elle qui "porte la culotte". Betty donnera le premier coup de hache.

Candy est, d'après le psychiatre missionné par le tribunal, victime d'un refoulement de trauma subi lorsqu'elle avait 4 ans. Lors de l'agression, ce trauma est, selon le psychiatre, revenu à la surface et l'a mise dans une rage folle, infligeant 40 coups de hache à sa rivale lorsqu'elle a pris le dessus. En fait, Candy est une femme imaginative obsédée par l'obsession de tout régenter mais qui prend parfois des initiatives irréfléchies dont elle ne mesure pas les conséquences. Diagnostiquée maniaco-dépressive, son état de santé et la légitime défense ont certainement joué en sa faveur lors de son acquittement, malgré la condamnation des media et des badauds qui la considéraient comme une Lilith des temps modernes (Aux Etats Unis, on ne plaisante pas -officiellement-avec l'adultère)....

J'ai personnellement trouvé qu'Elizabeth Olsen "faisait merveille" dans le rôle de Candy, la série repose en grande partie sur sa prestation, délicieusement perturbée et borderline. Les personnages masculins sont falots, excepté son avocat, Don, qui se suicidera pourtant presque 20 ans plus tard. Crédible dans son rôle de femme au foyer comme dans celui d'une meurtrière enragée perdant toute mesure, la jeune actrice américaine éternellement souriante, pleine de charme et d'une apparente assurance m'a beaucoup impressionnée. Reposant sur une narration inspirée et des interprètes de talent, Love and death est une mini-série captivante conjuguant les thématiques de l'amour, de la mort et ses conséquences . Sa seule approximation est que la vraie Candy Montgomery, une femme quelconque, ne ressemble absolument pas à Elizabeth Olsen, un peu plus à Jessica Biel sur le plan de la coiffure, même si la comparaison s'arrête là...

Ma note: 7/10