Saison 1 (8/10) :
Série mythique de chez mythique (surtout aux États-Unis), « La Quatrième Dimension » a aujourd'hui un peu vieilli. Passe encore les effets spéciaux, c'est surtout cet aspect « moral » qui gêne, le résultat paraissant moins audacieux qu'à l'époque. Reste cette formidable inventivité et ce talent pour nous raconter des histoires originales, variées et parfois mémorables, si bien que le plaisir est toujours grand au moment de retrouver Rod Serling et ses légendaires cigarettes, le tout élégamment mis en scène et souvent remarquablement interprété. Bref, si on ne retrouve pas tout à fait la magie que certains ont pu ressentir en 1963, le résultat n'en est pas moins souvent passionnant : pour une fois que le mot « culte » n'est pas galvaudé...
Saison 2 (8/10) :
Sans surprise, comme dans la première saison certains épisodes sont légèrement en-dessous, mais ils n'empêchent en rien notre réelle satisfaction concernant ce second volet. Scénarii toujours aussi inventifs, imagination débordante, écriture vive, casting de luxe... Rod Serling ne faillit pas et nous offre une fois encore un très beau moment de télévision, intelligent et même plutôt habile malgré quelques imperfections : décidément, on est accrocs...
Saison 3 (8/10) :
Dans la lignée des deux précédents volets, cette troisième saison fait preuve d'une belle constance pour nous régaler une fois encore niveau récits, casting et élégance, le tout parfois avec une teinte d'humour loin d'être déplaisante. Bref, Rod Serling régnait décidément en maître du fantastique télévisuel à l'époque, le tout sans jamais oublier de nous interroger sur la nature humaine et notre société : une anthologie qui aura décidément marqué son temps.
Saison 4 (6/10) :
Idée séduisante au départ, mais en définitive peu convaincante à l'écran... Voilà comment nous pourrions résumer le choix de Rod Serling, qui a donc décidé pour cette quatrième saison de passer d'un format 25 minutes à 50. En effet, de voir ces histoires s'enrichir, se complexifier avait a priori du charme... Il n'en est rien. Non pas que certains épisodes soient ratés, et on en compte même des réussis, mais on a l'impression que Serling et les différents scénaristes ont plus étiré les récits que vraiment amélioré, au point de penser que si les épisodes duraient deux fois moins longtemps pendant trois saisons, ce n'était peut-être pas pour rien.
On compte même quelques vrais temps faibles, et si l'ensemble reste à un niveau acceptable (n'exagérons pas non plus), je crois bien que c'est le plus faible volet que j'ai pu voir concernant la mythique série. L'ami Rod ne s'y trompera d'ailleurs pas en revenant au format initial lors du cinquième et dernier volet, qui retrouvera effectivement un niveau plus conforme à ses ambitions. Loin d'être dénué d'intérêt donc, plutôt plaisant, mais on pouvait espérer mieux d'une saison qui ne restera pas forcément dans les annales...
Saison 5 (8/10) :
S'il faut avouer que la série culte a aujourd'hui pris un coup de vieux, que ce soit dans sa morale ou dans des histoires parfois un peu prévisibles, « La Quatrième dimension » n'en reste pas moins un grand moment de la télévision. Cette cinquième et dernière saison, si elle n'est pas la meilleure, est d'ailleurs très représentative de ce qu'a pu apporter la série créée par Rod Serling en son temps : beaucoup d'imagination et d'inventivité, mais souvent ancrées dans un contexte précis, le scénariste de « La Planète des singes » ayant toujours quelque chose à dire, même s'il ne le dit pas toujours très subtilement.
Cette exploration de l'humain à travers de purs thèmes science-fictionnels et fantastiques est le témoignage d'un homme certes un peu démonstratif, mais intelligent et très respectueux de son public, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Pour ces raisons, cet ultime volet de la série mythique confirme les bonnes dispositions et la créativité constante d'une série qui aura réussi à se renouveler (enfin, à certains moments plus que d'autres, mais bon) pour nous offrir nombre d'épisodes mémorables à laquelle cette ultime saison vient s'intégrer pleinement : salut l'artiste.
Critique globale (8/10) :
On a dit plus ou moins tout dit sur cette série mythique des années 60 présenté par l'homme à la cigarette (pas celui des « X-Files », hein) et dont la musique nous reste encore en mémoire. S'il est indiscutable qu'elle a aujourd'hui un peu vieilli, elle n'en reste pas moins un monument télévisuel, de ceux que l'on (re)découvre avec le même plaisir et (quasiment) la même admiration.
Rod Serling était un auteur, un vrai, de ceux capables de créer un univers très personnel sans pour autant laisser qui que ce soit de côté, sachant rassembler au-delà du simple registre fantastique par l'habileté de son propos et son regard très juste sur notre société, à l'image de certains coups de théâtres parfois réjouissants. Après, c'est vrai qu'au fur et à mesure des saisons nous sommes en terrain connu et il est peut-être alors moins facile de nous émerveiller devant chaque épisode, mais qu'importe.
Car hormis une quatrième saison faisant le choix discutable de passer d'un format 25 à 50 minutes (tentative non renouvelée dans le cinquième volet), on ne voit en définitive guère le temps passer tant les récits parviennent constamment à se renouveler, la présence de noms aussi prestigieux que Charles Beaumont, Richard Matheson, Jerome Bixby et Ray Bradbury n'y étant évidemment pas étrangers...
Allez, et pour le plaisir, pourquoi ne pas vous donner une idée de l'immense casting déployé en vous citant simplement quelques noms : Ida Lupino, Burgess Meredith, Rod Taylor, Inger Stevens, Vera Miles, Roddy McDowall, Anne Francis, Jack Warden, William Shatner, Cliff Robertson, Charles Bronson, Elizabeth Montgomery, Peter Falk, Robert Redford, Lee Marvin, Buster Keaton, Donald Pleasence, Dennis Hopper, Robert Duvall, Dana Andrews, James Coburn, Martin Balsam, Mickey Rooney, Telly Savalas, Ron Howard, Richard Basehart, Patrick O'Neal, Martin Landau, Patrick Macnee, George Takei...
Bref, si après tout cela vous n'éprouvez toujours pas la moindre envie de faire connaissance avec ce « voyage au bout des ténèbres où il n'y a qu'une destination », c'est que ma plaidoirie est un sacré échec, car malgré quelques réelles imperfections, « La Quatrième Dimension » est d'une habileté, d'une intelligence et même parfois d'une poésie rare : le fantastique dans ce qu'il a de meilleur.