Stimuler l'imagination du spectateur
Série diffusée entre 1959 et 1964, "The Twilight Zone" se voulait d'abord concurrente de "Alfred Hitchcock présente", programmé à la même heure sur une autre chaine. Créé et présenté (d'abord en voix-off dans la première saison) par Rod Serling, elle présente une nouvelle histoire à chaque épisode, avec des protagonistes différents et entrant dans le fantastique et/ou la science-fiction à chaque fois.
Saison 1 : 9/10
Quelle claque fut cette première saison ! Dès ce premier épisode où l'on suit l'errement d'un homme dans une ville semblant abandonné, le ton est déjà donné. Une atmosphère lourde, intrigante, pesante, parfois légère d'autres fois plus grave mais souvent prenante. Les réalisateurs rentrent assez vite dans le vif du sujet, présentant d'abord une situation normale avant qu'un élément étrange intervienne mettre les protagonistes dans des situations souvent compliquées, avec divers obstacles à la clé.
L'ensemble est vraiment inventif, nous emmenant régulièrement dans des situations surprenantes et bien trouvées. Les thèmes fantastiques sont souvent utilisés pour mettre l'homme face à sa solitude via des éléments inexplicables (villes désertes, endroits parallèles, apparitions...) et la façon dont les protagonistes vont tenter de percer le mystère de cette nouvelle dimension. C'est fou comme, à partir d'un postulat simple, ils savent aller loin sans devenir lassant, toujours avec un intérêt constant et une atmosphère forte. N'hésitant pas à entrer dans la science-fiction, mêlant parfois même le western, cette série aborde le fantastique sans excès, préférant vraiment se concentrer sur les personnages et la dimension humaine plutôt que sur le spectaculaire. Pas d'effets spéciaux ou de laser ici, Rod Sterling préfère jouer avec le mystère et une atmosphère ambiguë ainsi que sur l'intelligence du spectateur en usant de la science-fiction et du fantastique comme d'un fond pour analyser la société et l'homme, pouvant facilement contourner la censure, vu comment ce genre était considéré comme mineur à l'époque. Ici il s'attaque à des sujets brûlants pour l'époque à l'image de la peur du nucléaire, de la conquête de l'espace et plus généralement de la nature humaine, sa cupidité, ses ambitions ou encore son égoïsme. Il stimule l'imaginaire du spectateur, sachant ne pas se faire démonstratif et en laissant le mystère planer le long des épisodes, proposant plusieurs pistes et ce avec brio, bénéficiant d'une écriture de qualité.
C'est aussi par son cadre que la série est intéressante, mettant en avant la vie et le socle de la famille américaine moyenne des années 1950, tout comme les mœurs, les modes et les styles de vies. Si sur les 36 épisodes c'est parfois légèrement inégal,l'ensemble reste vraiment de qualités, sachant très vite nous intéresser aux protagonistes et aux situations qui vont en découler. La réalisation est assez classique, souvent méconnaissable d'un réalisateur à un autre, mais efficace, sachant bien mettre en avant les personnages et éléments fantastiques pour nous faire passer par tout un éventail d'émotion et mettant de la tension lors des moments propices. Majoritairement tourné en décors studios, les reconstitutions sont bien faites et exploitées, mettant bien en valeur le cadre de cette vie américaine. Les acteurs sont bons, représentant souvent "Mr tout le monde" ou l'américain moyen, avec quelques (souvent futurs) grands noms qui viennent s'ajouter au casting, comme ici Ida Lupino dans un rôle rappelant celui de Gloria Swanson dans "Sunset Boulevard" ou encore Martin Landau ou Vera Miles. La voix-off de Rod Serling apporte souvent un plus et une touche de charme à l'ensemble, qui n'en manque déjà pas à l'image de la musique (dont celle du générique créé par Marius Constant) et son utilisation, et il apparaît enfin de manières assez savoureuses lors du dernier épisode !
Une première saison d'excellente qualité, inventive, brillante et intelligente, sachant user des thèmes du fantastique et de la science-fiction pour divertir tout en analysant la société et l'homme et ce, sans lourdeur ou excès mais avec une atmosphère prenante et ambiguë sachant nous faire passer par tout un éventail d'émotion.
Saison 2 : En cours.
Dans le même format de la précédente, pas besoin d'être focalisé dessus et pour l'instant j'alterne avec une autre série (Treme). En espérant qu'elle soit (au moins !) à la hauteur de la précédente.