Savile, sale vilain?

Cette mini-série documentaire en deux épisodes revient sur le parcours du présentateur TV et DJ anglais Jimmy Savile, véritable star du petit écran dès les années 60. Avec ses cheveux décolorés, son air un peu déluré et son accoutrement franchement décalé, l'animateur attire la sympathie de tout un peuple, et même de la souveraine britannique elle-même. Malgré ce faste, Jimmy Savile cache en réalité une facette bien plus sombre de sa personnalité pourtant si colorée: son penchant exacerbé pour les jeunes filles. Les très jeunes filles.

Ainsi, le brillant présentateur ne s'avère être qu'en infâme pédophile. Selon les estimations, il aurait ainsi abusé ou agressé sexuellement plus d'une centaine de jeunes filles, se servant délibérément de sa notoriété et son personnage si jovial pour agir en toute impunité.

Le point fort de ce documentaire est avant tout qu'il repose sur de très nombreuses d'archives (oui car le bougre était présentateur TV, c'est donc plutôt facile de retrouver des extraits vidéos, thanks to the BBC). Ces images d'archives sont entrecoupées par des interviews de diverses personnes qui ont côtoyées notre vilain, et qui servent à nous donner davantage de contexte et surtout une compréhension de l'histoire dans sa globalité. Les archives restent le matériau principal ici, et elles sont particulièrement intéressantes. On voit ainsi, à plusieurs reprises, Jimmy Savile lancer de nombreuses blagues franchement "limite-limite" comme on dit chez ma tante Marjo, qui laisse sous-entendre très explicitement un penchant malsain pour les jeunes filles. Honnêtement, ça vous donne parfois des frissons quand on sait que ces blagues avaient bel et bien une part de vérité.

Cependant, le documentaire manque de rythme et ne réussit pas réellement à créer une réelle atmosphère de tension, propre au "true crime". En soit, on connait la fin: oui, Jimmy Savile est coupable. Le documentaire est avant tout pertinent pour retracer la vie du fantasque animateur, et comprendre (en partie seulement) comment il a pu opérer ces méfaits sans que personne ne lève le petit doigt alors que des rumeurs allaient déjà bon train depuis des années.

Au final, la série en deux épisodes aurait certainement gagnée à être un poil plus long, et surtout à être davantage agrémentée de détails sur l'enquête qui a suivi, même après sa mort.