Bas de gamme (of Thrones)

Les orphelins de Game of thrones, ont été pris d'une petite réticence après le visionnage du trailer. Et de fait, le nouveau "monstre" d'HBO intrigue, sans pour autant arriver en terrain conquis. La saison 1 de House of dragon aura soufflé le chaud et le froid tout au long de ces 10 épisodes. Austère mise en route d'une aventure épique sur X saisons, ou arnaque visant le porte monnaie ?

Après un pilote solide bénéficiant peut-être de la faiblesse abyssale du grand concurrent d'Amazon, HOD a joué sur ses qualités quitte à se reposer un peu trop dessus durant le gros ventre mou de la saison. 

On se surprend un peu à endosser le costume de prof qui ne pourrait s'empêcher de comparer le travail de deux frères, élèves à quelques années d'intervale, l'aîné récoltant 10/10 partout et l'autre plus laborieux se contenant de ses acquis pour avoir tout juste la moyenne. Ainsi tels les habits rapiécés du cadet, l'écriture est plus fade à côté des compos du grand-frère (aucune réplique mémorable) ; les personnages bien moins complexes ; les sauts dans le temps sans intérêt, et à mi parcours un renouvellement partiel de casting - à la Dark - très curieux alors qu'un vieillissement / rajeunissement par maquillage était au moins faisable pour Rhaenyra et Alicent. Et enfin, une intrigue centrale autour de la question de l'héritage du trône qui prend trop son temps. Une préoccupation normale au regard de l'univers, mais qui donne l'impression de piétiner alors que les semaines défilent.

Les points forts sont évidemment la production à la GOT : costumes, volet technique / réalisation ; qualité des acteurs (Paddy Considine, Olivia Cooke, Rhys Ifan etc... des acteurs britanniques bien connus, à la hauteur et qui font passer beaucoup de scènes qui ronronnent). 

Et on a déjà fait le tour des atouts, et malheureusement les points faibles sont plus nombreux

 Si je veux faire preuve de mauvais esprit, les épisodes 5-6-7 se limitent à faire du remplissage en montrant les manigances des parents pour marier leurs gosses les uns avec les autres. Ces portées de marmailles qui se ressemblent énormément (les bâtards bruns, les métisses d'un côté et les Targaryen "pure souche" d'un autre). On baille quand même beaucoup, même si les daronnes chevauchent des dragons par moment dans le but de nous maintenir éveillés. Il faut dire que l'univers est très restreint comparé à celui qu'offrait son aîné aux spectateurs, on pourrait qualifier l'ensemble de Game of thrones grippé. 

On espère qu'il va se rétablir dans les prochaines saisons et exploiter un peu mieux l'extraordinaire univers imaginé à la base par George R.R Martin. Car pour l'instant, HOD est un peu pince : un épisode un brin épique sur l'île aux crabes, rythmé mais assez improbable dans son final, deux trois scènes impressionnantes avec les dragons, et des personnages charismatiques qui finissent par décevoir (Rhaenyra et Daemon, bon sang qu'est-ce qui s'est passé avec Daemon ?!).

Et comme par magie il se passe beaucoup de choses dans le dernier épisode pour accrocher le spectateur vers la saison 2. Un procédé de combinard, si vous me permettez cette expression.

Espérons que les scénaristes fassent décoller durablement l'intrigue durant les prochaines saisons et ne se contentent pas de mettre le paquet sur le premier et le dernier épisode, et de noyer le reste dans des esquisses d'intrigues soporifiques. Car HBO ne pourra pas se cacher éternellement derrière les Anneaux du pouvoir (à lire cette très bonne chronique qui résume bien la cata).

Une question se pose : choisir d'étaler cette première saison sur 30 ans n'aurait-il pas conduit à une dilution excessive de l'intrigue ?