Un retour peu éblouissant de Neil Cross (Luther) (Critique originale pour Begeek.fr)

Comme dirait Alain Chabat dans la Cité de la Peur, la nouvelle série du créateur de Luther Neil Cross, Hard Sun, est "bien, mais pas top". Voici notre critique de la saison 1, sans spoilers excessifs.

Connu avant tout pour la fantastique série Luther, Neil Cross n’est pas en grande forme ces dernières années. Après la très médiocre Crossbones et même une assez mauvaise et dispensable saison 4 de Luther, le scénariste n’a assurément plus le niveau de qualité qu’il a pu avoir durant les premières enquêtes d’Idris Elba. C’est pourquoi c’est avec une certaine circonspection que nous avons lancé Hard Sun, sa nouvelle mini série diffusée il y a quelques jours sur BBC. Comme vous allez le voir dans notre critique sans spoils ci-dessous, l’Anglais s’est un peu réveillé et nous avons même de nouveau un peu d’espoir pour la future saison 5 de Luther, mais l’ensemble reste très moyen et sous-exploité.

Peu de chances de coup de soleil

Située à notre époque à Londres dans le milieu de la police (oui, comme Luther), Hard Sun est une série qualifiée de pré-apocalyptique. En effet, ses deux héros tout juste associés ensemble, les détectives Charlie Hicks (Jim Sturgess) et Elaine Renko (Agyness Deyn), mettent rapidement la main sur un document top secret qui annonce que d’ici 5 ans, un évènement cosmique inconnu va raser toute vie sur Terre. C’est avec cette légère pression sur les épaules qu’ils vont devoir se protéger du MI5 qui empêche l’information de fuiter pour éviter la panique, tandis que le passé et le présent mouvementés de nos détectives ne vont pas leur laisser beaucoup de repos non plus.

Dans sa première saison de 6 épisodes, Hard Sun est ce que nous qualifierons de “copshow violent avec un twist”. Ajoutez à cela des personnages forts mais déjà malmenés par la vie et loin d’être manichéens et vous obtenez sur le papier quelque chose de fort prometteur et de potentiellement intéressant. Malheureusement, le résultat l’est rarement vraiment, intéressant. Entre les enquêtes policières souvent exagérées liées pour la plupart à cette fin du monde annoncée, les histoires personnelles dures mais un peu clichés des deux héros ou encore leurs décisions et leur évolution discutables au fil des épisodes, rien n’est jamais pleinement palpitant, surprenant ou crédible.

Tout n’est bien entendu pas à jeter et l’ensemble se laisse suivre et dialogues comme acteurs font leur job (nous avons cependant eu beaucoup de mal à prendre Nikki Amuka-Bird au sérieux), mais à aucun moment on ne se sent vraiment happé dans l’histoire malgré la pression subit par les personnages et l’omniprésence de la violence dont Neil Cross fait usage. Ces 6 épisodes servent surtout à introduire les 2 personnages principaux et à construire leur relation compliquée. Si la série venait à s’arrêter là et à ne pas proposer de suite difficile de ne pas y voir un certain gâchis tant cette histoire de fin du monde peut proposer de choses intéressantes en élargissant un peu l’échelle du récit.

Heureusement, Hard Sun est notamment sauvée par sa mise en scène et sa patte visuelle indéniable. La photo et le cadrage notamment se font souvent remarquer et il faut avouer que le résultat visuel est régulièrement agréable. De même, la plume sans gants de Neil Cross parvient à régulièrement faire s’interroger le spectateur sur ce qu’il ferait à la place de Hicks et Renko avec les informations et problèmes qu’ils ont. La série est assez atypique sur ses questionnements, mais il est dommage que l’on s’y ennuie aussi souvent avec un tel format et que cette histoire d’apocalypse serve surtout à se démarquer d’un cop show classique et n’aille pas beaucoup plus loin que cela.

Hard Sun : tl;dr

Il faudra probablement une (hypothétique) saison 2 à Hard Sun pour que le show exploite pleinement son concept pré-apocalyptique prometteur. Dans les 6 épisodes proposés dans la première, force est en effet de constater que l’intrigue et les personnages se laissent simplement suivre d’un oeil à défaut d’absorber pleinement le spectateur comme cela aurait pu être le cas. La série de Neil Cross est bien moins indigeste que les dernières choses que l’Anglais a pu proposer, mais il y a encore une sérieuse marge avant que Renko et Hicks n’atteignent le meilleur niveau de John Luther.

Critique originale : https://www.begeek.fr/hard-sun-avis-retour-eblouissant-de-neil-cross-luther-260598