Ca vous est déjà arrivé de commander une pizza à emporter, d'aller chercher votre pizza, de prendre la boite sans vérifier et en rentrant chez vous, votre 4 fromages a été remplacé par une reine ? En soi, c'est pas très grave, c'est une pizza, la reine est pas mauvaise, mais vous aviez en tête un truc sortant un peu plus de l'ordinaire, un peu plus gourmand.
C'est un peu l'impression que j'ai eu en regardant Godless. C'est une très bonne série western, mais netflix m'avait vendu un western très féminin voir féministe. Rien de tout ça quand j'ouvre la boite. On trouve éventuellement un personnage intéressant en la personne de Marie Agnes (Merritt Wever, excellente) et de sa relation à son frère et à sa compagne. Les autres personnages féminins sont des poncifs du genre (veuves éplorées, femmes indépendantes mais qui a quand même besoin de tomber amoureuse du bandit au grand cœur, nunuche idiote...).
Passé la déception de ne pas avoir dans mon assiette la bonne pizza, Godless est de bon niveau, malgré le bingo des défauts de netflix : le village de blackdom et son arc narratif n'apporte rien à part mettre des acteurs noirs, les flashback s'accumule avec une pellicule sursaturé des fois que l'on soit trop bête pour comprendre que ce n'est pas la même ligne temporelle. Les épisodes sont trop long, même si le format 40 minutes n'aurait pas convenu non plus, mais il aurait fallu un juste milieu (1h par épisode aurait suffit pour dérouler l’intrigue et poser l'ambiance).
Le reste fait le job : les acteurs sont dans l'ensemble très juste (mention spéciale à Scott McNairy et surtout Jeff Daniels qui fait un très bon job en en faisant des tonnes, mais de manière surprenante, ça marche superbement), la photo est sympa et s'inscrit dans le style attendu (attention tout de même à l'overdose de lonesome cow-boy chevauchant vers l'horizon), la musique et le générique sont parfaits. Le final est un peu en dessous, pour ne pas dire grotesque tant il expédie parfois certains arcs narratifs. Après tant de lenteur, cette précipitation pour tout boucler est surprenante. La clôture des histoires n'est pas très surprenante, presque décevante du coup.
En définitive, ce n'est pas une mauvaise série mais elle souffre de plusieurs défauts. Sa fin est très convenus tout en étant un peu expédiée. Les défauts/marque de fabrique Netflix transpire un peu trop parfois. Mais surtout, on est loin de la promesse féministe, en particulier avec l'arc narratif d'Alice Fletcher (Michelle Dockery, un peu en dessous des autres membres du cast) et ses relations aux héros de la série (qui sont donc bien les hommes). Dommage, la promesse était intéressante.
La note de 6 est sévère mais c'est l'arrière goût désagréable de m'être fait rouler par Netflix, sinon j'aurais mis un bon 7 .