FLCL
7.7
FLCL

OAV (2000)

Pas juste n'importe quoi, du joyeux n'importe quoi

Si vous aviez encore des doutes après la lecture du pitch de départ, les 3 premières minutes de la série devraient être à même de les dissiper. FLCL, c'est n'importe quoi, pour le meilleur et pour le pire.


Imaginez un peu, vous passez un après-midi tranquille en compagnie de la petite amie de votre frère, ce dernier étant parti en Amérique pour sa carrière de baseballer, quand soudain déboule une furie aux cheveux roses chevauchant une Vespa, qui non contente de vous renverser, réalise un Home Run à l'aide de sa Rickenbacker et de l'infortuné projectile qu'est votre tête. Que pourrait-il bien se passer de plus fou qu'une chose pareille ?


C'est à cette question qu'FLCL se met au défi de répondre, en 6 épisodes de 22 minutes, final exclu. Dans le désordre, prévoyez combats de méchas improbables, avalanches d'humour absurde, défilé de fanservice plus ou moins ironique et une trame de fond légèrement plus sérieuse (mais pas trop non plus) navigant tant bien que mal au beau milieu de ce foutoir multicolore. Tout un programme donc.


Récapitulons. Naota, pré-adolescent légèrement blasé vivant en banlieue, se retrouve à hériter des affaires laissées par son frère parti en Amérique, ces affaires comprenant un lit superposé, un père complètement irresponsable, un grand-père parasite, une petite amie laconique et une batte de baseball dont il répugne à se servir. Son quotidien monotone se voit chamboulé par l'arrivée d'Haruko sur sa Vespa, extra-terrestre humanoïde au caractère des plus extravagants, dont la survenue coïncide étrangement avec l'implantation récente d'une usine à gaz technologique en forme de fer à repasser dans la région. Si le caractère plutôt calme et résigné de Naota ne fait initialement pas bon ménage avec celui de son inopportune alien aux cheveux roses, cette irruption soudaine dans sa vie ne va pas sans s'accompagner de multiples changements, à commencer par d'étonnantes protubérances frontales.


L'anime enchaine avec un rythme d'enfer de nombreuses références culturelles empruntées à d'autres univers telles que Fight Club, South Park, Lain ou encore le cinéma de John Woo, quand il ne parodie pas directement les productions de son propre studio (Haruko va jusqu'à reprendre ostensiblement une réplique et mimique d'Asuka, la pilote d'Evangelion). Ces références sont intégrées plus ou moins subtilement au fil des épisodes, faisant tantôt office de running gag ou de trame de fond, sans pour autant rompre le fil directeur du scénario.


Parlons-en, du scénario. FLCL se paie le luxe d'enchainer les situations les plus abracadabrantesques sans souci aucun de transition logique entre elles, le seul fil directeur étant le développement de ses personnages (le plus souvent Naota, mais occasionnellement Mamimi et Ninamori) et la volonté ostensible de bouleverser les attentes, au point où le spectateur résigné abandonnera toute vélléité d'établir un lien entre les évènements. Le décalage provoqué par cet enchainenement effreiné de péripéties improbables est ce qui consitue en grande partie le principe humoristique de la série.
FLCL, vous l'aurez compris, est un délire assumé d'animateurs surmenés, et ne peut véritablement s'appréhender qu'une fois accepté comme tel, avec tout ce que cela suppose de clichés d'otakus jetés au visage du spectateur, de ruptures fracassantes du quatrième mur et de sous-entendus sexuels dissimulés ça et là (comprenez : fièrement brandis tel un étendard de bataille). Une question se pose alors : comment apprécier à sa juste valeur ce qui pourrait passer pour un capharnaüm fiévreux et autosuffisant pour otaku fait par des otakus ?


Outre l'humour fantasque de la série, qui constitue assurément son intérêt premier, se cache en filigrane le thème de la transition entre les âges et de la place particulière de l'adolescence, autant au niveau de la réactualisation des dynamiques psychologiques de la petite enfance (l'épisode 4 est tout entier dédié au complexe d'Œdipe) que de la place que se doit d'occuper l'individu dans la société selon son âge (vous aurez plus de difficultés à tirer des adultes de la série la plus modeste preuve de maturité qu'un aveu devant la barre de Patrick Balkany). Grandir dans un monde éperdument adolescent n'est pas chose aisée, et les enfants se retrouvent parfois à compenser pour les adultes.
Certains passages rompent temporairement avec le chaos ambiant acidulé pour introduire des éléments de mise en scène et des aspects plus sombres, qui, s'ils servent généralement à repartir de plus belle dans le délire, viennent apporter un peu de sérieux au sous-texte de la série.


Un mot sur la bande-son : la musique est omniprésente dans FLCL, au point ou les scènes sans fond sonore se comptent sur les doigts d'une main. Il est bienencontreux que l'OST choisie pour accompagner l'anime soit particulièrement sympathique ; constituée presque exclusivement de titres issus du répertoire de The Pillows, groupe japonais de rock alternatif, elle vient compléter superbement l'aspect survolté et entrainant de la série, et participe grandement à son dynamisme.


FLCL est avant tout un exercice défoulatoire. Surchargé de références diverses à peine digérées, il nous invite à déposer notre cerveau le temps d'un tourbillon incohérent de guitares, de combats de méchas, de fanservice et de baseball sur fond de rock saturé, pour ne le reprendre qu'à l'occasion du dernier épisode, investi de l'ô combien périlleuse tâche de donner un peu de sens à la succession d'évènements sans queue ni tête qui nous assaillent depuis le premier épisode. Tentative presque désuette devant le ridicule assumé du plot twist, qui ne sert véritablement qu'à développer et résoudre le thème sous-jacent de l'anime.


Alors, que penser d'FLCL ? En ce qui me concerne, je n'aurai que très peu souvent autant ri devant une série, tant la direction artistique pertinente, l'animation assez fluide et les rares mais notables incursions plus sérieuses rendent le tout étonnament digeste et plaisant. Ajoutez à cela un message de fond, qui, s'il ne révolutionne pas le monde, permet de rester investi dans la série et de s'attacher suffisamment à ses personnages pourtant complètement exubérants.


Pour peu que vous ne soyez pas allergique aux formes les plus extrêmes d'absurdités sorties tout droit de l'imagination débordante des nippons, FLCL pourra constituer pour vous une curiosité plaisante et rafraichissante, tout comme il pourra fortement vous rebuter si vous ne souscrivez pas au principe de base (et Dieu sait que l'on ne pourra pas vous en vouloir). Si vous souhaitez sortir de votre zone de confort, il est en tout cas fort probable qu'FLCL soit fait pour vous.


With the kids sing out the future, maybe kids don't need the masters, just waiting for little busters, oh yeah !

Azertherion
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le 2 févr. 2020

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