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L'immense Jerry Seinfeld, dieu de la comédie par la grâce de son show éponyme est en semi-retraite depuis 99. Entre des sets à Las Vegas et la production du film d'animation Bee Movie, la star du stand up semble s'ennuyer un peu. Pas au point de se retrousser les manches et de proposer un nouveau morceau d'histoire mais suffisamment pour débarquer avec un petit programme qui ressemble à un expresso. Une petite discussion qui mélange ses plus grands plaisirs : les voitures de collection, les observations sociales amusantes en compagnie de la crème de ses collègues humoristes, le tout autour de tasses de cafés.


Conduite accompagnée


La première chose qui interpelle après quelques épisodes est la qualité inégale du programme. Un show qui dépend de la personnalité de l'invité, et encore, même ceux pour lesquels on a une admiration marquée sont susceptibles de décevoir.


Même Jerry Seinfeld que l'on a toujours vu évoluer dans un show ciselé, avec la réplique qui tue au coin des lèvres n'échappe pas au fléau de la blague qui tombe à plat. Dans un sens cela rassure, c'est un peu comme voir Messi rater un penalty. Ça enlève des complexes.


Les comiques sont des gens comme les autres, en dehors de leur numéro, ils peuvent se révéler commun, ne pas briller forcément par un sens de la répartie supérieur ou une acuité comique au dessus de la moyenne. Sachant que CICGC est un condensé des moments forts de la virée, un best of d'observations drôles de l'invité et de son chauffeur de luxe, on ne peut qu'être déçu par la plupart des résultats tant les rires semblent forcés devant le caractère anodins des échanges. On peut classer les invités en 3 types distincts :


La place du mort


Certains invités font le choix de préparer leurs interventions, et on sent une pointe de pression chez ceux-là, et l'envie de se mettre en valeur ou la crainte de décevoir l'idole Seinfeld. C'est le cas de Gad Elmaleh, ou Ricky Gervais (a qui l'on peut reprocher un manque de spontanéité, mais qui arrachera au moins quelques rires à la différence du pilleur français).


D'autres sont venus sans rien préparer, et révèlent des personnalités plutôt effacées, se contentant de rire au show de Jerry, bien obligé d'inoculer un peu de vie dans son émission. C'est le cas de Melissa Villasenior, une imitatrice sympathique mais quasi muette sauf pour laisser filtrer quelques gloussements, de Kristen Wiig qui se contente de répéter "My god" toutes les 10 secondes et d'être ennuyeuse à mourir, du jeune talent qui monte Kevin Hart ou encore de Matthew Broderick dans un stade avancé d’encroûtement.


Il y a enfin les bons clients, ceux qui sont drôles naturellement et qui n'ont nul besoin potasser leur livre de blagues avant de venir. Ils ont toujours une anecdote qui sort naturellement dans la conversation. Ils font souvent partie de la garde rapprochée du "Sein" : Larry David, Michael Richards, Alec Baldwin, Will Ferrell ou encore Louie Ck. On peut aussi citer Seth Rogen et Julian-Louis Dreyfus avec laquelle Jerry a une grande connivence.


Grand-père sait faire un bon café


Et il y a une sous-catégorie, celle des découvertes un peu poussiéreuses, ces dinosaures du show-biz pour lesquelles Jerry à une sincère affection et un profond respect : Les Mel Brooks, Jerry Lewis, et autres Don Rickles. Et la palme du meilleur invité revient à Bob Einstein (Funkhouser dans Curb your enthusiasm) et à sa voix d'un autre monde.


Ça sent un peut l'hospice par moment, mais ces vieux routiers de l'humour ont souvent des histoires marrantes sur des mythes de l'entertainement. Bien plus que chez les jeunes comiques passés par le Saturday night live et qui n'ont strictement rien à partager, à part une vague représentation avantageuse d'eux-mêmes, des promotions falotes dont on se passerait bien.


Comedians... bénéficie d'un concept intéressant, et partait avec beaucoup d'atouts (casting aussi rutilant que les bolides exhibés au générique), concision, et une certaine bienveillance assez rare dans une télévision toujours plus grinçante. Mais le résultat est tout de même trop produit et calibré. Sympathique mais très dispensable.

Negreanu
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le 6 août 2019

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