Bodyguard
7.1
Bodyguard

Série BBC One (2018)

Voir la série

"Bodyguard" commence extraordinairement bien, avec une longue scène de menace terroriste dans un train de banlieue londonien, exemplaire de tension, d'intelligence, de mesure. Une scène mémorable dont on recommandera le visionnage répété à MM. Neeson et Collet-Serra, pour qu'ils apprennent comment on doit raconter, filmer et interpréter ce genre de situations, dont ils raffolent semble-t-il.


"Bodyguard" se termine 6 épisodes plus tard extraordinairement mal, avec une suite de révélations pourries et ridicules, qui viennent conclure une histoire politico-policière incompréhensible, et dont on s'est désintéressé depuis longtemps.


Entre ces deux extrêmes, que s'est-il passé ? Un naufrage progressif d'une série mal conçue, très mal écrite, voulant peut-être trop en dire et trop en faire en trop peu de temps sur un sujet important (comment la démocratie peut être rapidement mise en danger, non pas par les terroristes islamistes, mais bien par des politiciens ambitieux et peu scrupuleux), avec des personnages rudimentaires aux comportements incohérents. Les « aveux » finaux des coupables sont ainsi d’un ridicule qui torpille le peu de crédibilité que la série avait encore réussi à préserver à ce stade. On conseillera donc à M. Mercurio la lecture assidue de l'œuvre de John Le Carré pour comprendre comment raconter clairement les obscures luttes de pouvoir entre services de polices et services secrets.


Il reste néanmoins un problème plus sérieux avec le script de "Bodyguard", c’est le retournement discret qui est opéré par les scénaristes autour du personnage de la politicienne ambitieuse aux opinions un tantinet autoritaires: on se demande si la conclusion de toute cette histoire (la vengeance du garde du corps amoureux qui a oublié ses principes politiques, la révélation de la duplicité de la jihadiste) ne valide pas subrepticement les théories extrémistes que la série semblait condamner. Alors, maladresse ou manipulation ?


Pour ceux que cela peut intéresser, signalons que Richard Madden, dont l’apparition initiale est assez charismatique, peine sur la longueur à animer son personnage (il est vrai fort peu cohérent…), dont les traumatismes post-guerre restent très théoriques : avec une seule expression sur le visage pendant toute la série, il ne fera pas oublier aux fidèles de "Game of Thrones" sa précédente incarnation de Rob Stark.


En résumé, "Bodyguard" promet beaucoup mais s'avère en même temps sérieux ambigu et très, très frustrant...


[Critique écrite en 2018]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine : https://www.benzinemag.net/2018/11/03/bodyguard-serie-despionnage-prometteuse-mais-finalement-decevante/

EricDebarnot
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2018

Créée

le 1 nov. 2018

Critique lue 3.8K fois

19 j'aime

7 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 3.8K fois

19
7

D'autres avis sur Bodyguard

Bodyguard
Ukiyo
7

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué

Jed Mercurio a transposé dans "Bodyguard" les principales qualités de sa précédente (et excellente) série 'Line of Duty": gestion du rythme, casting de qualité, réalisation soignée, écriture...

le 1 oct. 2018

20 j'aime

2

Bodyguard
EricDebarnot
5

Yojimbo

"Bodyguard" commence extraordinairement bien, avec une longue scène de menace terroriste dans un train de banlieue londonien, exemplaire de tension, d'intelligence, de mesure. Une scène mémorable...

le 1 nov. 2018

19 j'aime

7

Bodyguard
Seurcha
6

Explosion en plein vol

Diablement prometteuse grâce à une entame de haute volée et aux prémices d'un thriller au-dessus de la moyenne, la série parvient à maintenir un rythme de croisière effréné et un suspens haletant,...

le 29 oct. 2018

10 j'aime

1

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

185 j'aime

25