Bardot par Soso la bricole

Pour être honnête, je trouve les critiques et les notes assez sévères ici...

Bardot est une série française, made in France 2, qui de manière générale, soyons lucides, nous pond des trucs très mal joués, ampoulés et ennuyeux. Or, pour le coup, j'ai trouvé que cette série, même si elle ne pète pas des cacahuètes, se distingue à de nombreux égards des productions habituelles. J'ai envie de le saluer plutôt que de les enfoncer.

Tout d'abord, l'actrice choisie pour incarner BB est franchement pas mal. Elle incarne tout à fait la beauté femme-enfant, un brin capricieuse, éprise de liberté qu'elle incarnait en tant qu'icône au début de sa carrière. C'est un autre style que Laeticia Casta, certes, mais comme cette première saison ne se passe pas à la même période de sa vie, ça ne me choque pas voire ça me parait pertinent. Avec Gainsbourg, Bardot était plus âgée, bien plus connue et s'était émancipée de certains carcans.

Quant aux autres acteurs, "ça passe" parce que le scénario et les dialogues pallient souvent leur manque de charisme ou d'originalité. De plus, il faut avouer qu'ils sont dans une position très difficile car on leur demande d'incarner des personnages qui étaient connus pour être, de façon exceptionnelle et atypique, dotés d'un grand charisme, d'une personnalité unique ou d'une rare beauté. Ce challenge pour un acteur est ultra compliqué et ils s'en sortent pas trop mal malgré leur jeunesse et leur "banalité". (sans offense!)

En ce qui concerne la trame narrative, je trouve qu'elle est plutôt bien rythmée. La réalisation, la bande son, les décors et costumes, contribuent à l'efficacité des prises et donne un spectacle agréable à regarder, parfois addictif. De ce point de vue là, je trouve la série réussie.

Néanmoins, je suis plutôt d'accord avec certaines critiques qui s'attristent du manque de relief de cette narration.

L'ensemble de la série parle davantage des histoires d'amour de Bardot plutôt que de sa vie d'actrice ou de femme de façon plus générale. Bien-sûr, la vie sentimentale de Bardot est dingue, romanesque, intrigante et mérite qu'on s'y attarde, cependant, Bardot n'existe-t-elle qu'au travers des hommes qu'elle a aimés ou de l'enfant qu'elle ne voulait pas ?

Bardot en tant qu'actrice, femme qui pense, s'intéresse, se passionne pour autre chose que l'amour semble complètement absente de la série, ou presque.

Petit exemple parmi mille, la série nous montre comment s'est déroulé le tournage du film la Vérité avec Clouzot. Comme il s'agit du film "phare" de la carrière de Bardot, je m'attendais à en apprendre beaucoup sur les coulisses du tournage (anecdotes, réception du film, écriture du scénario) et notamment sur le ressenti personnel de l'actrice face à cette expérience.

Dans la série, Clouzot y est dépeint comme un mâle égocentrique et fumeux qui harcèle ses acteurs et son équipe. Il est le personnage central de cet épisode, Bardot n'y figure plus que comme sa victime. Les dialogues retranscrits dans cet épisode sonnent assez "bateau", un brin psychologie à deux balles et manquent de finesse. Le tout est assez caricatural et même si cela correspond tout à fait la réalité, on a du mal à se figurer ce qui anime ce bonhomme, ce qu'en pensait vraiment Bardot et comment il était perçu à l'époque.

Dans cet ordre d'idée, la filmographie complète de Bardot est à peine mentionnée. On voit ci et là certains tournages, il est question de films, de rencontres avec d'autres acteurs mais ça reste très secondaire. C'est quand même assez dommage de ne pas parler cinéma quand on fait un biopic sur une actrice, même si cette actrice était davantage appréciée par les réalisateurs pour sa "beauté", son "je ne sais quoi" que pour son jeu.

Par conséquent, la série ne rend pas compte de qui était Bardot.

Elle ne parvient pas à expliquer ou montrer simplement en quoi cette femme était complexe, iconique (pas seulement pour sa beauté ou son érotisme) et donc intéressante. Bardot n'y est ici qu'une femme fatale, impulsive, parfois égoïste, victime, bourreau amoureuse et belle, une image d'Epinal de la féminité très masculine, très boomer qui convient à un film historique d'époque de France 2 mais reste bien en deçà de mes attentes et de celles qui ont vraiment aimé ce qu'elle incarnait dans toute sa grandeur.

Pour finir, donc, la série se laisse bien regarder, a quelques atouts de charme et reste bien au dessus de la moyenne des séries françaises.

Pour autant, bien que bien écrit ou bien enlevé, le scénario demeure d'inspiration très réac, d'esprit VOICI ou GALA (que des potins!) et devient donc assez médiocre par rapport à ce qu'aurait pu être la série.