Antoine Goya
5.9
Antoine Goya

Émission Web YouTube (2010)

Jeu de postures et contradictions, Goya ? Un Nietzschéen prolétarien ? Ou un cybergourou ?

Antoine Goya aime à se prétendre et rappeler à qui mieux mieux son nietzschéisme. "Une vidéo sur deux".

Soit.

Il aime aussi défendre la révolution prolétarienne et ouvrière. "Une vidéo sur deux", la aussi.

Ce ne sont donc pas des thèmes marginaux mais bien le cœur même de son discours, de ses idées politiques, il s'en revendique.

Or, il y a une contradiction fondamentale entre le N et la Révolution ouvrière, prolétarienne, le Grand Soir, une contradiction fondamentale énorme, que l'on ne peut pas ignorer quand l'on écoute la voix du maître d'Antoine Goya et pas celle, brouillonne et approximative de son élève indiscipliné qui s'agite sur sa chaise et fait l'intéressant en classe.

Je cite, dans Le Crépuscule des Idoles, chez Folio, du N, à la page 86 le passage sur la Question ouvrière:

"La question ouvrière. La sottise ou plutôt la dégénérescence de l'instinct qui est de nos jours la causes de toutes nos sottises, apparait dans les faits mêmes qu'il existe une question ouvrière.

Il est des sujets sur lesquels on ne pose pas de questions: c'est le premier impératif de l'instinct.

Je ne vois absolument pas ce que l'on entend faire de l'ouvrier européen, à partir du moment où l'on a fait de lui une question. Il se trouve en beaucoup trop bonne posture pour ne pas poser peu à peu de plus en plus de questions toujours plus indiscrètes. Après tout, il a pour lui le nombre. Il faut renoncer à l'espoir de voire se développer chez nous, et se constituer en classe un type d'homme modeste et frugal, une sorte de Chinois: ce qui aurait été conforme à la raison et même à la stricte nécessité. Et qu'à t'on fait ? Tout ce qu'il fallait pour étouffer dans l'œuf ce qui l'aurait permis - on a, par un aveuglement irresponsable, radicalement détruit les instincts grâce auxquels le travailleur est possible en tant que classe sociale, et possible à ses propres yeux. On a fait de l'ouvrier un conscrit apte à porter les armes, on lui a donné le droit d'association, le droit de vote politique... Faut il s'étonner si aujourd'hui l'ouvrier ressent déjà sa condition comme un calamité (ou, en terme de morale, comme injuste ?). Mais, que veut on, au fait ? C'est la question que je persiste à poser. Si l'on veut une fin, il faut en vouloir les moyens:

Si l'on veut des esclaves, il faut être fou pour leur donner une éducation de maître."

Plus tôt, toujours dans le Crépuscule, à propos de la prétendu supériorité du système de caste indien, inégalitaire, aryen, sur la morale judéo-chrétienne, sémite, égalitaire (devant l'éternel, pas dans le monde temporel), bref, model civilisationnel aryen que le N juge plus sain, à la page 48, N dit:

"Prenons l'autre cas de la prétendu morale, le cas de "l'élevage" d'une race et d'un type déterminés.

L'exemple le plus grandiose est fourni par la morale indienne, érigé en religion sous le nom de "loi de Manou". Il y est fait devoir d'élever quatre races à la fois, pas une de moins: une sacerdotale, une guerrière, une de négociants et d'agriculteurs, enfin, une race de domestiques, celle des soudra. Il est visible que nous ne sommes plus chez des dompteurs de fauves: il faut un type d'homme cent fois plus doux et raisonnable pour pouvoir seulement concevoir un tel programme. On respire, lorsqu'au sortir de l'atmosphère chrétienne d'hôpital et de cachot, on pénètre dans ce monde plus sain, plus haut, plus large. Ce "Nouveau Testament", qu'il est misérable comparé à Manou, et qu'il sent mauvais ! Mais cette organisation avait elle aussi besoin d'être terrible ! - non cette fois dans sa lutte contre la bête brute, mais contre son exact opposé, l'homme sans race, le méli-mélo de sang mêlé, le tchandala. Cette fois encore, elle n'avait d'autre moyen de le rendre inoffensif, de l'affaiblir, que de le rendre malade, et ce fut la lutte contre le "grand nombre". Peut être n'est rien de plus contraire à nos sentiments que ces mesures de protection de la morale indienne.

Par exemple le troisième édit [de la loi de Manou], prescrit que les seuls aliments permis aux Tchandalas doivent être l'ail et l'oignon, en considération faite que l'Ecriture sainte leur interdit de leur donner du grain, ou des fruits à graine, ou de l'eau, ou du feu.

Le même édit précise que l'eau dont ils ont besoin ne doit être puisé ni dans le cours d'eau, ni dans les sources, ni dans les étangs, mais seulement aux abords des marécages, et dans les trous d'eau qui se creusent sous les pas du bétail.

De même, il leur est interdit de laver leur linge et de se laver eux même, car l'eau qui leur est accordée par faveur ne doit être utilisé que pour étancher la soif.

Vint enfin l'interdiction aux femmes soudras d'assister les femmes tchandalas en couche et même celle faite à ces dernières de s'assister mutuellement.

Le succès d'une telle police sanitaire ne se fit pas attendre: des épidémies meurtrières, d'épouvantables maladies vénériennes, et, la dessus, la "loi du couteau" qui prescrivait la circoncision pour les enfants du sexe masculin, l'excision des petites lèvres pour les enfants du sexe féminin. Manou dit lui même "Les Tchandalas sont le fruit de l'adultère, de l'inceste et du crime (c'était la condition nécessaire de la notion même d'esclavage). Pour vêtement, ils ne doivent posséder que des loques enlevées aux cadavres, pour vaisselle que des poteries cassées, pour parure, que de la ferraille, pour service divin, que le culte des génies malfaisants. Ils doivent sans répits, errer de place en place. Il leur est interdit d'écrire de gauche à droite, et de se servir de la main droite pour écrire: l'emploi de la main droite et de l'écriture de gauche à droite sont réservés aux seuls vertueux, aux hommes de races".

L'article suivant parle, la encore, pour lui même:

"Ces prescriptions en disent long: nous voyons en elles l'humanité aryenne à l'état pur, originel - elles nous apprennent que l'idée de "sang pur" est tout le contraire d'une idée inoffensive. D'un autre côté on voit clairement chez quel peuple cette haine, la haine du tchandala envers cette "humanité là" s'est perpétuée, où elle s'est faite religion, où elle s'est faite génie... Sous cet angle, les évangiles sont un document de premier ordre, et le livre d'Enoch encore d'avantage. Le christianisme issu de racines juives, et qui ne s'explique que comme un plante née du même sol, représente le mouvement antagoniste, la réaction contre toute morale de l'élevage, de la race, du privilège: c'est la religion anti- aryenne par excellence. Le christianisme est l'inversion de toutes les valeurs aryennes, la victoire des valeurs tchandalas, la bonne nouvelle prêchée aux humbles et aux pauvres, le soulèvement général de tout ceux qui sont piétinés, malheureux, contrefaits, ratés, contre la "race" - c'est l'immortel revanche des Tchandalas présentée comme religion de l'amour..."

N ne cesse d'affirmer son mépris et son dédains à la face du travailleur, trop stupide, et de s'outrer de la prétention du travailleur à s'élever en s'appropriant la culture, culture qu'il abêtit naturellement de sa balourdise, à la page 75, N dit:

"Le droit à la bêtise. Le travailleur fatigué, à la respiration lente et au regard débonnaire, qui laisse le monde aller son train, bref, ce personnage typique, que l'on rencontre maintenant, au siècle du travail ( et aussi du Reich !) dans toutes les classes de la société, le voici qui prétend revendiquer pour son usage l'art, y compris le livre, et surtout le périodique - et, à plus forte raison la plus belle nature, l'Italie... l'homme du couchant avec ses "instincts sauvages endormis", dont parle Faust, voici qu'il a besoin de villégiature, de bains de mer, de glaciers, de Bayreuth... A de pareilles époques, l'art à droit à de "pures niaiseries", à des "vacances" de l'intelligence, de l'esprit et du cœur. C'est ce qu'a su comprendre Wagner. La "pure niaiserie" est le meilleur reconstituant..."

Enfin, N, à propos de la Révolution ouvrière, à la page 77, dit:

"Chrétien et anarchiste: Quand l'anarchiste, en tant que porte parole des couches décadentes de la société, exige avec une belle indignation "le Droit", "la Justice", "l'Egalité des Droits", il n'agit que sous la pression de son inculture, qui ne sait comprendre pourquoi il souffre au fond, et de quoi il est pauvre, c'est à dire de vie... C'est l'instinct de causalité qui l'emporte chez lui: s'il se sent mal il faut que quelqu'un en soit la cause...

De même, sa "généreuse indignation", lui fait déjà du bien. C'est pour tous les pauvres diables un vrais plaisir que de pouvoir proférer des injures - cela donne une petite ivresse de puissance. Les plaintes déjà et le simple fait de se plaindre, suffisent à donner à la vie assez de charme pour qu'elle soit supportable. Il y a dans toutes plaintes une subtiles dose de vengeance: à ceux qui sont fait autrement on reproche son malaise, on reproche son propre mal-être, ou, le cas échéant, sa bassesse, comme une injustice, comme s'il jouissait d'un privilège illicite. "Si je suis une canaille, tu devrais aussi en être une".

Une telle logique suffit à faire les révolutions. Les doléances ne valent jamais rien: elles sont dictées par la faiblesse. Que l'on attribue son mal-être aux autres ou à soi-même (le premier cas est celui du socialiste, le second, par exemple, celui du chrétien), cela revient pratiquement au même. Ce qu'il y a de commun et, disons le, d'indigne, dans ces deux cas, c'est que l'on souffre, bref, que celui qui souffre se prescrive à lui même, contre sa souffrance, le miel de la vengeance. Les objets de ce besoin de vengeance, qui est également un besoin de volupté, sont des causes occasionnelles: celui qui souffre trouve partout des occasions d'assouvir sa petite vengeance et- répétons le, s'il est chrétien, il les trouve en lui-même...

Le chrétien et l'anarchiste, tous deux sont des décadents. Quand le chrétien condamne, dénigre, salit le monde, il le fait par le même instinct qui pousse l'ouvrier socialiste à condamner, dénigrer, salir la société.

Le "Jugement dernier" même est encore la douce consolation qu'attend l'esprit de vengeance, la Révolution, telle que l'ouvrier socialiste l'espère, seulement repoussée à un peu plus tard... L'"au-delà" même... à quoi bon un "au-delà", si ce n'était là un moyen de salir notre "en-deçà" ?"

D'ailleurs, cela m'inspire une profonde pitié bien chrétienne (horreur !) de voire un type qui passe son temps à chouiner, gigoter, trépigner, et insulter la moitié du monde dans des crises de fébrilités hystériques, bref, de le voire vomir autant de ressentiment et se rendre malheureux pour d'autres que lui-même, de voire un type aux joies petites et mauvaises et aux passions tristes, de le voire se revendiquer de Nietzsche.

Où est l'amour dans tout ça ? Où est la belle et joyeuse sérénité dionysiaque ? Où est la grandeur ?

Je vois d'avantage un profaillon ou un cureton s'agiter contre lui même et ses élèves ou ses ouailles, s'agiter contre d'autres profaillons et d'autres curetons et leurs élèves et leurs ouailles, qu'un homme libre et maitre de lui-même s'exprimer comme tel avec l'assurance confiante, grecque, à d'autres hommes libres maîtres d'eux-mêmes, avec éloquence et majesté.

Chacun est libre de se faire sa propre opinion, mais pour s'en faire une il faut remonter aux sources.

Je ne suis pas un gourou bien que je ne sois pas sans reproche ( "que celui qui n'a jamais péché..."), mais ce type est une grossière imposture et un fat qui ne prospère que sur la médiocrité permise par le manque d'appétit intellectuel de nos contemporains, c'est factuel et vérifiable. Mais, dans le fond, je lui pardonne.

Je vous donne ma référence pour relever l'incohérence fondamentale du personnage. Agissez en hommes et en femmes libres et responsables de vous mêmes, de vos pensées, de vos actes, et non pas comme des enfants. Le Crépuscule des Idoles m'a couté 7.50€ et il doit se trouver gratuitement à la disposition de tous dans n'importe quelle bibliothèque territoriale... Le N écrit pas trop mal en plus dans le Crépuscule, et ses idées sont franchement plus qu'accessibles à l'homme de la rue...

Bref, ce type est dans le meilleur des cas d'une sottise sans nom.

D'ailleurs il a retourné sa veste et soutient aujourd'hui les délires wokes, c'est bien, c'était prévisible, le confusionnisme, la théorie du fer à cheval...

AXEL-F
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le 3 avr. 2023

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Axel

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