Une impression de potentiel mal exploité, voici ce qui m’est resté à la fin du visionnage. La série a été sauvée par l’ambiance que dégageait ce navire perdu au beau milieu de l’océan mais s’est tirée une balle dans le pied avec une mauvaise gestion de son univers. L’intrigue n’avançant qu’avec Maura, on découvre l’histoire des autres personnages avec peu d’intérêt étant donné le faible impact qu’ils ont sur le récit.
(Hormis Tove et sa famille, avec les conséquences de la mort de sa jeune sœur Ada, la folie de la mère et le soulèvement qu’elle entraîne parmi les autres passagers)
On ne s’attache à aucun d’entre eux vu qu’ils nous sont présentés succinctement et ne sont définis qu’avec un bref flash-back, les relations entre eux sur le bateau n’étant que peu approfondis.
Une présentation brève qui s’explique par le fait que ces souvenirs qui nous sont présentés sont en fait crées de toute pièces mais la démarche paraît grossière tant cette absence de contenu n’est en rien compensée, ce qui en plus est contre-productif vu qu’on s’attend à ce que la mince présentation de tous ces personnages ait une explication. Petite parenthèse sur le père de Maura, alias le cliché bipède, qui observe tout le monde et fait des plans machiavéliques comme le méchant d’inspecteur gadget, il ne manquait que le chat.
Ainsi, les passages qui les mettent en scène ralentissent souvent inutilement le récit et ne servent finalement qu’à faire du remplissage. Des questionnements intéressants sont abordés, comme se demander jusqu’où on est prêt à aller par conviction,
(jeter Eliott par dessus bord car il est supposé être à l'origine des morts sur le Kerberos)
mais finissent éventuellement par être désamorcés.
(Vu qu’il s’agit d’une simulation il n’y a véritablement aucune conséquence)
Dès lors, on est en mesure de s’attendre à ce que le récit s’adapte mais il semble se faire dépasser par la volonté de créer la surprise au détriment d’une intrigue cohérente tenant en haleine.
La simulation est un frein à l’intérêt qu’on porte au sort des personnages vu qu’on sait que le pire qu’ils peuvent subir est un retour à la case départ, peut-être aurait-il été plus judicieux de poser de nouvelles règles à l’issue de cette révélation, par exemple que les dommages physiques dans cet univers peuvent causer des dégâts à leur vrai corps ou leur esprit. D’autant plus qu’on sait que Daniel et son fils n’en sont pas à leur premier coup d’essai, du coup on sait qu’ils peuvent réessayer. Une limite aurait été la bienvenue car telle que la situation est présentée elle manque cruellement d’enjeux.
La dissémination des mystères au cours de la saison est intéressante mais on se rend progressivement compte que la toile de fond n’est pas assez robuste pour supporter l’ensemble. Le manque d’intérêt dans les intrigues secondaires ne permet pas de faire passer l’attente et on se retrouve vite à subir de plein fouet les longueurs des épisodes, d’autant plus que l’avancée du fil conducteur amène parfois plus d’incompréhension qu’autre chose.
Après avoir vu le dernier épisode, on se demande à quoi ont servi la majorité des événements de la saison, hormis maintenir un semblant de mystère pour le spectateur, surtout par rapport aux personnages qui n’en tireront quasiment aucune conséquence. À moins que la saison 2 ne prouve le contraire, mais dans ce cas des indices auraient été les bienvenus. Finalement, ce que je reproche le plus à la série est de privilégier l’effet de surprise au détriment de l’impression que cela laisse au spectateur. On est surpris, certes, mais est-ce que cela valait vraiment la peine de nous laisser un arrière-goût amer pour avoir cet effet-là ?
Le visionnage de cette première saison m’a laissé un avis mitigé, pas vraiment sauvé par une bande son qui est tombé quelques fois à côté de la mise en scène, présentant pourtant quelques plans intéressants. La fin de la saison laisse penser que le regard qu’on y porte pourrait considérablement changer en fonction de ce que nous réservera la saison 2 et de comment le potentiel de cet univers sera exploité.
Créée
le 4 déc. 2022
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