Jouer avec son public / quand le public représente le mieux le propos

Savoir jouer avec son public

Être un enfant d'Internet, c'est quelque chose. On n'a connu pratiquement que ça dans notre vie, on sait comment ça fonctionne, on à connu les débuts, et probablement que l'on connaîtra sa chute. Bo Burnham est revenu, après un burnout et probablement le contre-coup de celle-ci, 4 ans après son dernier show, en plein confinement et en pleine période du Covid. Quoi de mieux que de créer un spectacle du nom de Inside pour se faire ? Un spectacle oui, mais à la maison presque comme une longue vidéo Youtube, ou un film c'est selon... Revenir avec avec un morceau qui s'appelle Welcome to The Internet (Bienvenu sur Internet) à un moment où le seul et unique moyen de communication personnel et professionnel résidait dans celui-ci, où de plus en plus de Cinquantenaires de tout bord viennent s'y installer et découvrir les joies de ce nouveau média. Bienvenu sur Internet nous dit-il, comme une invitation à la joie et à la bonne humeur. Bo joue avec son public puisqu'il s'adresse à la fois directement à lui sur deux niveaux différents, d'un côté sur ce niveau social et la nouveauté de ce réseau pour les nouveaux utilisateurs, de l'autre comme un personnage. Car oui, facilement compréhensible, Bo est Internet, il l'incarne dans tout ce qu'il représente, représentait et représenteras.

Quand le public représent le mieux le propos

Ah ah, elle est marrante la chanson, on dirait une chanson de méchant Disney, ça groove, c'est sympa. Oui mais non. Le portrait est beaucoup plus noir et terne qu'il n'y paraît. Sous ses aires de chansons rigolotes et mélancoliques se cache une vérité beaucoup plus violente. "Voulez vous vous battre pour vos droits, ou Twitter une insulte raciste ?" / "Voici un petit déjeuner Santé !, vous devriez tuer votre mère". Ce sont des contradictions que, si l'on cherche un tant soit peu sur Internet, on peut lire ça et là. On a plus qu'a se laisser porter par internet, puisqu'il est chaotique, on se contentera d'acquiéscer à tout ce qu'il va nous proposer. La gradation l'emporte, tout devient plus incontrôlable, tout est hystérique, jusqu'à ce couplet glaçant sur le harcellement sexuel d'une femme, ou encore cette phrase "Obama à envoyé les migrants pour vacciner vos enfants". Oui, ces phrases sont tirées de vrais articles, de vrais opinions. Mais surtout, ce qui représente le mieux l'internet reste : "L'apathie est une tragédie, l'ennuie est un crime", l'Internet veut que vous réagissiez que vous cliquiez, que vous consommiez. Oui, Internet n'est plus comme avant, ce n'est plus des blogs de cuisine, ce n'est plus des photos de voyage, c'est un repère d'industrie qui n'attendent qu'une chose, que vous tombiez dans les mailles du filet (coucou Tiktok, Twitter, Youtube, etc...). "Maman t'as laissé son Ipad, tu avais à peine deux ans". Ce vers est pour moi le plus glaçant car il exprime une réalité que l'on peut voir tout les jours. Ma génération, celle des années 90-2000 commence à être parent, et quoi de mieux que de mettre son enfant derrière un ordinateur et le laisser regarder ce qu'il veut, sans le contrôler. Et il peut voir toute les atrocités qu'Internet raconte dans le premier couplet: des décapitations, des images de tout les personnages d'Harry Potter en train de s'******, et ainsi de suite. Et les réactions des gens à cette chanson ? Ah, c'est marrant, il dit des gros mots. Les gens font partis de la machine, et ils sont tombés dans les mailles du filet, comme Bo le surjoue si bien. Même un rire machiavélique surjoué au possible ne donne pas le traître indice aux gens qui ne s'arrêtent pas à un peu sur ce qu'ils sont en train d'écouter. Ils acquiescerons, et irons voir ailleurs.

Bienvenu sur Internet, vous êtes piégés, prenez un siège.