Politik
7.5
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Morceau de Coldplay (2002)

Septembre, je crois.

Tu venais de mettre ce disque de Coldplay fraichement sorti.

Premier titre qui tournait.

Le téléphone qui sonne.

Mélancolie de la musique.

Bande son pour la suite?

Ta copine de l'époque décroche, dit quelques mots, et te tend le combiné.

A l'autre bout du fil, la voix de ton oncle, que te veut-il?

T'annonce la chose en une phrase.

Ton grand-père est mort.

Tu acquiesces sans réaliser.

Tu remercies comme un automate et raccroche machinalement.

Tu restes planté avec le combiné à la main.

Tu rappelles, t'excuses. Tu ne savais plus quoi faire, ce que tu faisais.

Il comprend, et te dit, t'explique.

Il est parti.

Ne s'est pas réveillé.

C'était une belle journée la veille.

Journée avec ses amis à la campagne dans la maison où tu habitais enfant.

Journée parfaite.

Il semblait heureux et tout plein de ces agréables moments passés en leur compagnie.

Puis il s'était couché seul. Sa femme partie depuis un an ou deux. Tombée, foudroyée par ce truc qui plane comme une malédiction sur ta tête maintenant. Plusieurs dans ta famille à en avoir fait les frais. Ton tour, un jour?

Il s'était probablement endormi serein. Pour ne jamais se réveiller. Encore vivant, mais impossible à réveiller pendant un certain temps. Puis s'était éteint enfin dans la paix de l'âme.

Tu n'as jamais su ce qui s'était réellement passé.

Ton grand-père, patriarche à ses heures, amateur de sagesses antiques et grand lecteur de Yourcenar.

Tu as bien ta petite idée.

Ta petite idée sur le genre de départ qu'aurait envisagé cet homme plein de dignité et de force.

Pas le genre à finir à la charge des autres. Pas le genre à supporter de paraître diminué à la face du monde. Fier, trop fier? et froid comme le marbre en un sens. Dur parfois.

Sénèque, Marc Aurèle dans les parages.

Mort choisie? Tu tends souvent à le penser. Une journée parfaite pour se retirer et trouver le repos dans l'Eternel, catholique païen en un sens. Romain.

Tu n'as jamais pu t'ôter cette idée de l'esprit. ça lui ressemblait tellement.

Parti paisible et sans explication. Sans un mot.

Gisant, serein et digne. Emportant ses secrets et ses doutes avec lui.

Moi aussi, je vois parfois les choses ainsi.

Se retirer au jour, à l'heure choisis. Après, une dernière fois, avoir considérer le cour de sa vie.

Emporté par l'étendue infinie, mystère mouvant qui dit l'éternité.

Marcher, s'enfoncer, disparaître calmement, sans rien regretter.

Happé par un rêve sans fin.

Initials-BD
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le 26 déc. 2023

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Initials B.D.

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