On était beau
5.5
On était beau

Morceau de Louane ()

C’est elle mais cela aurait pu en être une autre. Je n’avais pas été aussi touché, marqué depuis longtemps. Certains les trouvent interchangeables, des produits calibrés que l’on module à la marge pour plaire au plus grand nombre. La remarque est vraie mais c’est un jugement injuste. Il suffit d’un rien pour transformer une succession de mots et de notes en obsession.


On s’aimait trop pour s’aimer bien


C’est une des forces de l’aphorisme. Une petite phrase facile, parfois belle que l’on écrit comme une évidence. Pas de contradiction possible, elle doit saisir dans l’instant. Un moment de doute, un mais et la vérité de l’aphorisme disparait. Pour en profiter sans le gâcher, il vaut mieux le lire ou l’écouter, ne pas pouvoir répondre à l’interlocuteur. Une chanson n’est qu’un recueil de petites phrases accrocheuses, autant de hameçons pour attraper et bien ferrer l’auditoire. Ces phrases nous servent, autant de citations que nous sortons en toute circonstance pour donner plus d’ampleur à nos arguments. Même si citer du Hélène Segara (« on n’oublie jamais rien, on vit avec », par exemple) ne vous apportera du capital social que dans certains cercles assez confidentiels, ceux où Hélène n’est pas dévoyée sous des prétextes fallacieux comme le fait qu’elle soit née dans le Var ou qu’elle aurait, au vu de ses chansons, des choix disons hasardeux en matières de mecs (un peu comme Vitaa qui, elle, est née à Mulhouse). Les chansons rentrent dans notre vie. Une rime nous touche, une personne semble nous comprendre.


Rien de cela ne résisterait à une réflexion un peu sérieuse. Même si nous savons que c’est artificiel, nous nous accrochons. Peut-être parce que nous voudrions être compris par nos pairs ? Il ne faut pas chercher de raison psychanalytique à tout cela. Ces chansons rentrent dans notre corps, nous ne pouvons, nous ne voulons pas les en retirer. Cela reste agréable. Mais viendra le moment ou une autre prendra la place, même si chacune d’elle restera un peu en nous. Comme l’aurait dit Hélène Segara…


J’aurais voulu être plus énervé contre cette chanson, que je marmonne en boucle depuis deux semaines. Je voulais écrire pour m’en débarrasser, une psychanalyse à pas cher. Elle partira toute seule et je la retrouverai un jour. Elle est comme un bonbon un peu trop sucré. La saveur a un peu disparu et elle s’effacera au prochain repas. En attendant, j’essaye de garder ce goût tant que je peux. Peut-être Louane a-t-elle raison. Je l’écoutais trop pour l’écouter bien.

Julien_Mazars
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le 28 nov. 2017

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Julien Mazars

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