L’instant où l’on regarde derrière soi pour mieux sauter

https://www.youtube.com/watch?v=1rIqBeMZAMc


Take me to the station
And put me on a train
I've got no expectations
To pass through here again


Aujourd’hui c’est le grand départ. Je quitte les infinies rivages de l’Océan Atlantique, son vent marin, ses relents salés, pour une autre étendue. Je m’en vais trouver l’écume de la fureur et du bruit, les flots incessants de ces mines grisâtres comme la grande coupole de pollution qui étouffe les pourtant resplendissantes Lumières de la grande capitale. Me voici donc bientôt, fourmis parmi les fourmis, courant de-ci de-là dans une errance toujours déterminée. Mais tandis que défile le paysage et ces kilomètres vers ma presque funeste destination, je m’en remets, éternel optimiste, au doux berceau de l’Espoir et la Providence.


Je me vois en d’Artagnan moderne, non pas Gascon, mais Charentais, l’œil pénétré de la même suavité, les mêmes ardeurs qui m’amènent, à peine émergeant de l’adolescence, vers les mille feux de Paris qui n’attendent plus que moi pour redoubler d’intensité. La fière plume au chapeau, je défierais en duel tous ceux qui douteront de mon assurance. Modeste conquérant, me voilà déjà abattre les murs mentaux qui m’empêchent d’apercevoir, parmi la grisaille, l’étincelle de volonté pure. Celle qui, m’élevant de la foule, me ramènerait à l’essentiel qui semble si loin lorsqu’on se sépare d’une si confortable et rassurante assise, celle de l’enfance.


You heart is like a diamond
You throw your pearls at swine
And as I watch you leaving me
You pack my peace of mind


Mais, l’enthousiasme retombé, que reste-il si ce n’est un arrière-goût d’amertume ? Celle de ces années passées, ces êtres aimés qu’on ne reverra plus jamais, ces amis qu’on quitte en espérant mieux les revoir, cette famille qui ne nous verra plus chaque jour grandir. Préférant l’air marin à la douceur angevine, je ne compte pas trop m’éloigner de ceux qui me sont chers. En attendant, je compte bien me jeter à corps perdu vers un monde entier qu’il me reste à découvrir. Un monde entier qui, sous les apparats rance de l’oppression urbaine, cache à n’en pas douter les plus beaux trésors.

Marius_Jouanny
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le 30 août 2016

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