aride

c'est la meilleure chanson des stones.

Un bijou. Dure comme de la pierre, un caillou qui étincelle dans la poussière du désert, n'essayez pas de l'envoyer rouler, vous vous casserez un orteil dessus, et ça fait mal. Les mots sont simples, pas besoin de nous faire un dessin, c'est terminé et on n'y reviendra pas.

C'est fini, point.

Une douleur sèche, une tristesse vide, immense, à ciel ouvert. Le rythme exténué d'une mule quelque part au milieu du désert, les sabots heurtent lentement les pierres, on n'y voit pas à dix mètres à cause de cette fichue réverbération, pas le choix, continuer droit devant parce que se retourner n'est pas une option.

Il y a cette image déroutante de simplicité - notre amour est comme notre musique, c'est là, et ensuite c'est fini.

Comparaison absurde, inappropriée : la musique, on peut la rejouer, et la sensation renait. Tandis que là, on sent une fin, une perte sèche.

Mais ce qui passe dans ces mots, c'est le matter of fact, c'est ce que les stones ont toujours chanté, l'amour avec un début et une fin, qu'ils n'ont jamais cherché à faire rimer avec toujours. Combien d'autres ont fait carrière (de pierres), avec autant de tubes, sans jamais promettre, sans jamais d'au secours elle m'a laissé tomber, de ne me quitte pas ou reviens-moi vite ? Accepter que l'amour a un début et une fin pour aimer vraiment. Aimer maintenant sans placer sur un plan épargne logement les années à venir. Aimer même la fin. Sans expectations.

Plus difficile à traduire qu'il n'y parait:

expectations, ce sont les espérances et les attentes,

mais dire Je n'ai pas l'espoir de repasser par ici, c'est trahir. No expectations c'est plutôt Je ne crois pas que je repasserai par là, je ne m'attends pas à, il y a peu de probabilités, laissez tomber rien ne traduit bien ce truc qui est entre la prévision et l'espoir, plus sec que l'espoir.

Mais assez bavé, pour traverser ce désert il faudrait économiser la salive, juste l'essentiel:

Ce refrain si simple mais incroyablement dur à chanter, à cause de ses accords froids malgré le glissando des cordes.

Ecumez toutes les reprises ( pardon, les covers ), de très grand(e)s s'y sont essayé(e)s, et toujours en trafiquant ces notes, un quart de ton par-ci, une douceur par-là, c'est joli, alors que chez les stones c'est beau comme une pierre au tranchant trop abrupt pour s'asseoir dessus.

C'est cette dureté dépouillée, ce refus d'enjoliver, qui en fait, à jamais, la meilleure chanson des stones.