Ego
5.2
Ego

Morceau de Willy William ()

La volonté d’être : une approche nietzschéenne du RnB français

Une réflexion qui nait un soir de glandouille devant les chaines musicales ne va surement pas recevoir de louanges académiques. M’enfin, je trouve cette question importante : existe-t-il un Will.I.Am français ?


On peut écouter de tout mais pas avec n’importe qui


La question précédente en amène automatiquement une autre : pourquoi faudrait-il un Will.I.Am français ? Rappelons que derrière ce pseudonyme se cache un des grands producteurs de ces dernières années, ancien des Black Eyed Peas qui transforma ce sympathique groupe de rap/RnB en machine à tubes boostés au Vocoder (une machine pour modifier sa voix) et à la boite à rythme poumchak poumchak. Il fait partie des hommes qui ont codifié la musique électronique actuelle. Il est la personne qui introduisit David Guetta aux Etats-Unis, lui permettant de lancer véritablement sa carrière mondiale. Rien que pour ça, merci Will. Le tout dit sans ironie aucune. Vraiment. Arrêtez de rigoler. Bref.


Will.I.Am a une formule. Producteur ou compositeur, il lance régulièrement un morceau, calibré pour être le tube de l’été/printemps/automne/hiver de l’année qui vous siéra. Malgré leur côté un peu répétitif (effectivement, c’est une formule, on va pas dire que 1+1=3 pour faire original), la force de ses morceaux est que ça fonctionne. Même quand c’est cheap, par exemple avec Boys & Girls, c’est dansant : la musique se relie à la voix, qui sert d’instrument. Pas trop de vocoder, un clip de gens qui dansent. Pas besoin de plus quand on veut juste dodeliner de la tête ou se bouger tranquille. Le terme peut paraitre incongru quand on parle de musique mais j’apprécie l’efficacité de cette musique. Elle sait y faire.


En France on a pas de pétrole mais on a (peut-être) des idées


Tout ça pour dire que j’aimerais rencontrer un peu d’efficacité dans la production musicale française. Trouver des chansons et se dire « c’est vachement classique, facile, peut-être même un peu nul n… OH MON DIEU MON CORPS BOUGE TOUT SEUL AU RYTHME DU BEAT QUELLE EST CETTE MAGIE ? ». On pourra rétorquer que cette démarche nécessite un certain cynisme de la part des producteurs et qu’on devrait être au-dessus de ça. Je répondrai qu’une chanson a une fonction au sens qu’on l’entend dans un certain contexte. Quand je suis en soirée, j’aimerais tomber sur une production française et danser dessus sans me poser de questions. En parlant du cynisme, je pense qu’un paquet de producteurs l’ont déjà, à voir les suiveurs de Maître Gims voire même le Maître lui-même, un de ceux qui commencent à utiliser les codes américains. Les ficelles sont souvent trop visibles, malheureusement. En gros, il y a déjà le cynisme, il manque l’efficacité…


A côté de ça, on trouve un homme, Willy William. Devant son clip Ego, on se rend à l’évidence qu’il est le Will.I.Am français. Littéralement. Les références sont nombreuses. Concernant son nom, pas besoin de développer. Pour le clip, on est clairement dans une reprise de l’esthétique en contraste noir et blanc du clip Scream & Shout, duo de Will.I.Am et Britney Spears. La structure musicale est classique, en série de formules répétées quatre fois. A chaque fin de cycle, on rajoute un élément (percussions, accords plaqués) en conservant la trame centrale, une série de huit accords en arpège. Le refrain ne contient pas de paroles, juste une incitation au mouvement « Allez allez allez ». L’influence de l’ex Black Eyed Peas est tellement visible que c’en est touchant. Ce n’est pas une chanson très dansante mais elle est efficace. Un bon début.


Deux raisons m’ont poussé à ne parler ici que d’une chanson et pas d’un album complet. La première c’est que, faut pas déconner, je vais pas écouter tout un album de Willy William. La seconde c’est que à l’écoute d’autres singles du chanteur, il est difficile de considérer Ego comme vraiment représentatif de sa production. Celle-ci parait d’ailleurs un peu bordélique niveau cohérence musicale. Opportunisme calculé ou artiste se cherchant ? Ne jugeons pas, personnellement j’adore Ego et c’est déjà pas mal vu la production française actuelle, franchement pas folichonne (sauf toi Kendji. Je t’aimerai toujours).


P.S : j’ai trouvé le titre de la critique à la fin. Voilà pourquoi il n’y a à peu près aucune référence (seuls les vrais nietzschéens en trouveront) au moustachu le plus badass de la philosophie dans ce texte. Nous y reviendrons dans une autre chronique. Ou pas.

Julien_Mazars
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le 24 mai 2016

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Julien Mazars

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