S'affairant à fadement délayer les portraits des personnages illustres du monde gréco-romain, Plutarque s'inscrit stylistiquement dans la continuité de Cornélius Népos, nous offrant des biographies plates et insipides, il écrit également à la manière d'Hérodote dans son incapacité à concentrer les éléments pertinents pour condenser son récit et donner au lecteur l'envie de le lire, on pourra néanmoins lui accorder le mérite du labeur, qu'on identifiera sans mal à Thucydide pour ses descriptions détaillées ou encore à Pline l'Ancien pour l'intensité de ses recherches.
Si l'on veut être tout à fait honnête, les Vies parallèles, dans l'état de leur médiocrité littéraire, ne valent pas d'être lues. Par surcroit de cette platitude exécrable, l'idée originale de l'ouvrage s'en trouve toujours reléguée au dernier plan par la surabondance de détails dans les portraits que Plutarque peint, la comparaison entre chaque paire n'occasionne qu'un commentaire de quelques pages, assez immature par ailleurs, visant à distinguer lequel des deux fut le plus vertueux, avec une partialité évidente en faveur des Grecs.
C'est donc dans un objectif purement historique que cette œuvre est à lire. Quoiqu'on ait à disposition à notre époque une quantité infinie de renseignements, notamment grâce à Wikipédia, l'ouvrage de Plutarque représente déjà par lui-même un contenu encyclopédique, se servant de sources aujourd'hui inaccessibles, il est par conséquent inestimable pour l'amateur d'histoire. Mais, comme une encyclopédie, c'est un ouvrage à consulter en annexe de la période que l'on étudie, et certainement pas de bout en bout, puisque le tout compte plus de 2000 pages.
Ainsi, je l'avouerai, j'ai traversé l'œuvre plutôt que je ne l'ai lue, lui ayant tout de même consacré une dizaine d'heures (quand il en faudrait à minima le double). Certains lecteurs se troubleront peut-être, à tort ou à raison, de l'absence de la vision morale de l'œuvre dans ma critique. Il est vrai que je n'ai rien noté de cela, attendu que les quelques discours et remarques des personnages présentés ne permettent de les caractériser que grossièrement. Je reconnaitrai toutefois la supériorité du portrait de Caton l'Ancien sur tous les autres, certainement le plus philosophique du lot.